En fait, la France est devenue un vaste camp de prisonniers, dont on peut certes s’échapper, au prix d’un effort d’expatriation, mais où seuls les gardiens ont une bonne vie. Les gardiens ? Ce sont les énarques, assistés du corps immense des fonctionnaires et de zélés plumitifs et bavasseurs connus sous le nom de journalistes. Et tout ce beau monde vit sur la bête. Comment, vous étonnerez-vous, les médias ne sont pas tous sous la coupe de l’Etat, ils ne vivent donc pas des contribuables. Mais si. Sans les aides à la presse, il n’y aurait plus un seul journal en vie, et sans les juteux contrats d’Etat dont bénéficient les groupes propriétaires des principales chaînes de télévision et de radio, aucune d’entre elles ne serait présente sur le marché.

Alors que faire ? S’asseoir au bord du fleuve, comme le dit le dicton russe, et attendre de voir passer le cadavre de son ennemi ? Cela risque de prendre du temps, car les sangsues et les tourmenteurs ne lâcheront pas prise tant qu’ils trouveront un peu de nourriture sur le corps de leurs victimes. Et celles-ci risquent fort de mourir avant que le fleuve ne charrie leurs bourreaux.

Ce qu’il faut, c’est hâter le processus de décomposition du système. Tel qu’il est, il n’est pas sauvable. Et il n’est pas non plus réformable, car il y a tant de choses à changer que cela ne peut relever que d’une révolution. Entendons-nous sur le sens de ce mot. Lui sont en général associées, en France essentiellement et pour des raisons historiques, des images de violence et de massacre. Mais il y a des révolutions pacifiques : celles où la volonté du peuple se fait si évidente qu’elle devient irrésistible et que les tenants du pouvoir abandonnent celui-ci d’eux-mêmes. C’est évidemment cette dernière solution qu’il faut privilégier, d’autant qu’elle est assez simple à mettre en œuvre.

Le corps qui règne actuellement sur la France n’a aucune légitimité. Ni celle que confère l’histoire, ni celle qu’attribue la réussite. Les hauts fonctionnaires ne doivent leur pouvoir qu’à la primauté donnée à l’exécutif par la Ve République, au détriment du pouvoir législatif et des corps intermédiaires. Il n’est cependant pas nécessaire de changer de République pour rétablir la démocratie. Il suffit d’interdire aux fonctionnaires de se présenter aux élections sans renoncer définitivement à leur statut, et de supprimer le financement public de la politique, qui le réserve aux partis en place.

Mais cela ne suffira pas. Il faut aussi porter aux commandes du pays ceux qui savent prendre des risques pour réussir et faire preuve de qualités de gestion. Il s’agit évidemment des chefs d’entreprise, des travailleurs indépendants et des professionnels libéraux. Ils se sont laissés museler par le corps des fonctionnaires et, aujourd’hui, ne comptent plus dans la moindre décision collective, alors même qu’ils font vivre tout le monde.

Ils doivent par conséquent prendre conscience de leur responsabilité et l’assumer en se groupant autour de quelques thèmes forts, qu’il s’agisse d’un Etat réduit à ses fonctions régaliennes et du passage d’une société d’assistance généralisée à des mécanismes d’assurance pour tous.

Se regrouper, définir ensemble les contours d’une nouvelle société française et en préparer l’avènement, tels sont précisément les objectifs du Congrès des Entreprenants que nous porterons prochainement sur les fonts baptismaux. Il y a urgence. Le destin de la France se joue en ce moment. Les forces du chaos sont à l’œuvre. Opposons-leur celles du progrès et de la vie !

Claude Reichman
Fondateur du Congrès des Entreprenants.