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3/2/11 | Claude Reichman |
Les politiciens
français tournent comme des mouches dans un bocal ! Les politiciens français sont tous gravement malades. Ils souffrent du déni des réalités. Passer d’une radio à une autre chaque matin, puis d’un journal à un autre, puis d’une télévision à une autre est un exercice édifiant. Quelle que soit leur opinion, les politiciens qui s’y expriment se fondent sur des faits imaginaires et des raisonnements délirants. Prenons l’exemple de la TVA sociale. Selon certains politiciens, elle serait la solution aux déficits abyssaux de la Sécurité sociale. Le secrétaire général du parti majoritaire, Jean-François Copé, propose une augmentation d’un point de la TVA pour réduire les charges des entreprises. Un point de TVA représente 9 milliards d’euros. Or chaque année la seule assurance maladie de la Sécurité sociale rembourse près de 150 milliards d’euros, soit l’équivalent de 16 points de TVA ! Quant à l’affirmation selon laquelle la TVA sociale ferait financer nos régimes sociaux par les concurrents étrangers de la France, c’est une absurdité de plus, puisque la TVA, au bout du compte, est toujours payée par le consommateur. Il est vrai que cette TVA renchérirait les produits importés, mais leurs producteurs ne financeraient pas pour autant notre système social. Tout au plus verraient-ils leurs ventes diminuer. Ce qui ne réduirait en rien nos déficits. Eh bien en dépit de la stupidité de ce débat, la sphère politico-médiatique s’y ébroue furieusement, sans qu’un seul de ses membres ne se risque à suggérer que dans un pays submergé d’impôts et de taxes la seule méthode possible de lutte contre les déficits consiste à tailler dans les dépenses. Autre exemple : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, mesure censée remédier au déficit budgétaire de l’Etat (150 milliards d’euros en 2010, 90 milliards prévus en 2011). En réalité 70 % de l’économie réalisée est reversée aux agents publics, comme l’a déclaré Georges Tron, le secrétaire d’Etat à la fonction publique, au Sénat le 16 décembre dernier. Il s’agit donc d’une réforme en trompe l’œil dont on s’attendrait, dans un pays démocratique, que la classe politique débatte avec ardeur, tant il est vrai que son rôle essentiel est de gérer les finances publiques. Mais non, rien. « Tout le monde s’en fout », comme l’écrit l’excellent Jean-Michel Aphatie, dont on ne louera jamais assez l’abnégation, lui qui doit supporter chaque matin sur RTL les mensonges et les omissions de ses invités. Une suggestion : qu’il casse un de ces jours une assiette sur la tête d’un de ces affabulateurs. Il sera certes viré sur le champ, mais au moins aura-t-il péri en martyr ! C’est même peut-être comme cela que commencera l’indispensable révolution française. Voyez comment tout est parti en Tunisie du suicide par le feu d’un jeune homme à qui la police avait confisqué son éventaire de fruits et légumes. Pour que quelque chose change dans notre pays, il faut que les mécontentements et les indignations se cristallisent. Et cela nécessite un élément déclencheur. Laissons au hasard le soin de le choisir, mais préparons-nous à ces évènements désormais certains en déterminant dès à présent les mesures de salut public à prendre. Car lorsque la tempête se déchaînera, on ne pourra ni réfléchir longtemps ni tergiverser dans l’action. Les politiciens français, qui tournent comme des mouches dans un bocal, ne sont d’ores et déjà plus les acteurs de notre histoire. Les évènements en cours démontrent le raidissement de l’opinion. La révolution conservatrice est en marche, comme l’écrit avec justesse et perspicacité Ivan Rioufol. Car ainsi que le disait Victor Hugo, « rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue » ! Claude Reichman
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