L’économiste Nouriel Roubini, qui a conquis la célébrité pour avoir prévu et annoncé la crise actuelle, n’est certainement pas bien informé de l’histoire de France. Sinon, il n’aurait pas déclaré, le 19 novembre dernier sur CNBC, que « la France, par certains aspects essentiels, n’a pas l’air en bien meilleur état que la périphérie » de la zone euro, et que les Français « n’ont rien fait d’un point de vue structurel, leur déficit budgétaire est élevé, politiquement ils sont limités dans leur capacité à faire des réformes ». Ni ajouté ceci : « Le président Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir en disant : "Je vais faire beaucoup de réformes." Il ne l’a pas fait. Maintenant il est affaibli, il pourrait perdre les élections, et par conséquent il retarde la rigueur et les réformes. »

Ce monsieur Roubini ne sait pas de quels miracles Sainte-Geneviève est capable. Un petit séjour sur la montagne qui porte son nom à Paris ferait le plus grand bien à son pessimisme ridicule.

Enfin, ridicule … aux yeux de la caste au pouvoir en France. Celle qui non seulement cumule tous les pouvoirs, mais aussi est la seule autorisée à s’exprimer, directement ou par la voix de médias confits de peur à l’idée de déplaire aux « élites » en place, lesquelles savent à merveille faire comprendre à tout détenteur de micro et de stylo qu’il y a beaucoup de chômeurs dans la profession et qu’il serait stupide d’aller grossir leurs rangs.

La tornade financière, économique et sociale va pourtant s’abattre sur la France, comme sur toute l’Europe. On peut suivre et prévoir sa progression comme celle d’un cyclone tropical. Il ne nous reste plus qu’à lui trouver un nom. Je suggère « Providence », en référence à l’Etat auquel ce terme est accolé et qui a massacré nos contrées depuis six décennies.

Le cyclone Providence ne se contentera pas de ravager nos pays. Il y provoquera des crises politiques profondes. On ne voit pas en effet comment nos « élites » pourraient condamner le peuple à se priver de tous les attributs sociaux qu’il croyait siens pour l’éternité sans être chassées ignominieusement du pouvoir. C’est ce que disait, samedi, la foule irlandaise. C’est ce que criera demain la foule française.

On a beau être habitué à la médiocrité de la classe politique française, on est surpris qu’aucune voix, en son sein, ne clame enfin la vérité et qu’aucun bras ne sonne le tocsin. Sa seule préoccupation est de savoir lequel d’entre eux aura, dans dix-huit mois, la délicieuse tâche de présider au destin de notre heureux peuple. Pardon de déranger vos rêves, mesdames et messieurs les politiciens, les choses ne vont pas se passer exactement comme cela. Il va arriver ce que l’auteur dramatique polonais Mrozek avait si bien décrit au temps où le communisme régnait dans son pays. A la réunion d’une cellule du parti, un permanent arrive passablement amoché et s’écrie : « Le peuple fidèle m’a cassé la gueule ! »

Il y a toutefois, pour nos « élites » un plan B : elles peuvent s’enfuir pendant qu’il est encore temps. Et laisser la place à d’authentiques représentants du peuple. C’est-à-dire, tout simplement, à des gens qui vivent comme lui et ne se sont pas enrichis aux frais de la République. Si, si, mesdames et messieurs les politiciens, il y en a beaucoup. Vous ne les connaissez pas, mais eux vous connaissent. Et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne vous aiment pas !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.