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31/10/10 | Thierry Desjardins |
Carnage de bouffons à France-Inter ! Les traîtres ont un avantage considérable. Ils font du zèle pour se faire pardonner leur félonie et devancent toujours les désirs de leur nouveau maître pour faire oublier leur passé. Regardez Eric Besson. Second couteau du Parti socialiste, il a rallié avec armes et bagages Nicolas Sarkozy. Depuis, il en rajoute. Meilleur qu’Hortefeux dans la chasse à l’immigré, au clandestin, au mariage « gris » (lui qui vient d’épouser à la sauvette une jeunette tunisienne). Tout le monde avait été un peu étonné - même si plus rien ne nous étonne - quand Nicolas Sarkozy, autoproclamé grand maître de l’audiovisuel, avait fait nommer Philippe Val à la tête de France-Inter. Val était le patron de… Charlie Hebdo, le dernier brûlot anarchiste des vieux soixante-huitards qui, ne pouvant plus balancer des pavés sur les CRS, en balançaient sur le pape, les curés, l’armée, la magistrature et toutes les institutions pour peu qu’elles fussent respectables si ce n’est respectées. On avait cru qu’en nommant à la tête de la grande radio publique l’héritier du « professeur » Choron, de Cavanna et de Siné, Sarkozy faisait non plus dans l’ouverture, mais dans la provocation. Personne n’avait remarqué que, pour s’attirer les bonnes grâces de Sarkozy, Val venait de virer de Charlie Hebdo Siné qui avait ironisé sur le fils du président (en laissant croire que, pour épouser une fille de milliardaire, héritière de Darty, le petit s’était converti au judaïsme, ce qui était, il est vrai, à la fois faux et assez odieux). Mais Sarkozy ne faisait pas dans la provocation. Il faisait dans la récupération. Pour une poignée de cacahuètes (un beau salaire, un beau bureau et une voiture avec chauffeur) il s’offrait un « gaucho » patenté qui allait se mettre à ses ordres et à ses pieds pour reprendre en main une radio qui, au goût du souverain, flirtait trop souvent avec l’impertinence. Sarkozy peut être content de sa recrue. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Val a viré de France Inter Stéphane Guillon, Didier Porte, Raphaël Mezrahi et, aujourd’hui, Gérald Dahan. Beau tableau de chasse ! C’est ce qui s’appelle faire du nettoyage au Kärcher. On ne rigolera plus du président et de ses petits copains sur les ondes. Dans n’importe quel pays un peu civilisé, ce « carnage de bouffons » aurait provoqué l’indignation générale. Certes, on peut toujours discuter de l’humour des victimes de cette purge. Etaient-ils tous vraiment drôles ? Pas sûr. Mais là n’est pas la question. L’histoire prouve qu’un régime qui s’en prend à ses humoristes, drôles ou moins drôles, qui ne supporte plus la critique, finit toujours mal. Le sens de l’humour va de pair avec le sens de l’histoire. Sarkozy n’a sans doute ni le sens de l’humour ni même celui du ridicule.
C’est dommage dans un pays qui se prétend - un peu abusivement - le plus
spirituel du monde.
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