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8/3/11 Thierry Desjardins
       Sarkozy éliminé comme un vulgaire Jospin !

On attendait avec impatience le deuxième sondage du Parisien, « le vrai », celui qui opposerait non plus Nicolas Sarkozy, Martine Aubry et Marine Le Pen mais bien Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn et Marine Le Pen, puisqu’il serait évidemment délirant de la part de la gauche de ne pas se choisir DSK comme candidat, lors de ses primaires.

Eh bien, ce nouveau sondage est encore pire que le premier pour le président de la République. Cette fois, Sarkozy n’est plus deuxième ex aequo avec la candidate socialiste, à 21%. Il est bel et bien éliminé dès le premier tour, comme un vulgaire Jospin, n’obtenant que 21%, derrière DSK, 23%, et Marine Le Pen qui gagne encore un point, à 24%.

Donc, si l’on en croit ce sondage, on va droit vers un « 21 avril » 2012 à l’envers, avec un second tour DSK-Marine Le Pen et une droite absente de la finale. Et donc avec une victoire haut la main de DSK au second tour, même si la droite hésitera sans doute davantage à voter DSK que la gauche n’avait hésité à voter Chirac en 2002.

Hier, nous notions qu’il n’y avait aucune raison pour que la présence de DSK fasse perdre du terrain à Marine Le Pen. Les électeurs du Front national en veulent tout autant à la droite qu’à la gauche (quelle qu’elle soit). Marine Le Pen gagne un point. Et nous ajoutions qu’il était vraisemblable que le directeur général du FMI ferait mieux que la première secrétaire du PS. Il séduit, par son sérieux d’expert économiste, certains électeurs du centre. Il gagne deux points par rapport à Martine Aubry.

Il faut alors se souvenir qu’au premier tour de 2007, Sarkozy avait recueilli 31,18% des voix, Ségolène Royal 25,87% et Jean-Marie Le Pen 10,44%. Sans oublier Bayrou qui avait obtenu 18,57%. Sarkozy perd donc au moins 10 points et beaucoup plus si on tient compte des voix de Bayrou. DSK fait un peu moins bien que ce qu’avait fait Ségolène Royal.

Ce qui est évidemment le plus frappant c’est la progression fulgurante des voix du Front national. Marine Le Pen fait 14 points de plus que son père au premier tour de 2007. Il n’est cependant pas juste de comparer les 24% de Marine Le Pen dans le sondage d’aujourd’hui aux 10,44% obtenus par son père lors des dernières présidentielles qui furent particulièrement mauvaises pour lui. Ce qui est intéressant c’est d’observer la progression des voix lepénistes depuis 23 ans. En 1988, le père obtient 14,38%, en 1995, 15%, en 2002, 16,86%, en 2007 donc, 10,44% et voilà la fille donnée à 24%. Un quart des Français disent désormais vouloir voter pour l’extrême-droite !

Naturellement d’ici à mai 2012, beaucoup de choses vont changer. Il va falloir que Sarkozy annonce sa candidature et, pour essayer de faire oublier le bilan de son quinquennat, tente de réussir sa présidence du G8 et du G20 tout en lançant sa réforme de la fiscalité (avec une suppression, sans doute, et du bouclier fiscal et de l’ISF), sa réforme de la justice et ses projets sur la dépendance. Il va aussi devoir adopter une posture cohérente devant les chamboulements actuels du monde arabe et surtout nous préparer à une inévitable flambée du prix du pétrole et de toutes les matières premières qui risque fort de provoquer une hausse considérable du chômage en pleine campagne électorale.

De son côté, la gauche va devoir désigner son candidat (que les sondages lui imposent de plus en plus) et dessiner vaguement un programme en évitant que ses primaires et l’élaboration de son programme ne dégénèrent en un bain de sang.

On va sans doute aussi assister à l’émergence de « petits » candidats, notamment à droite où l’effondrement de Sarkozy va, bien sûr, susciter de nombreuses vocations. Villepin, Borloo, Morin, Dupont-Aignan, Christine Boutin, Bayrou et d’autres. Villepin qui est à 7% dans les intentions de vote et qui incarne jusqu’à la caricature l’antisarkozisme pourrait peut-être, avec une bonne campagne, devenir un espoir pour la droite de bon aloi.

Mais quoi qu’il en soit, tout le monde va bien être obligé de reconnaître que, cette semaine, le Front national est devenu…. le premier parti de France !
Mitterrand avait fait disparaître le Parti communiste, Sarkozy a fait triompher le Front national…

Thierry Desjardins



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