La fausse droite ne sait pas réformer !
En déclarant le mercredi 13 octobre 2010 que le « bouclier fiscal » était «
un symbole d’injustice », François Baroin, ministre du budget, apporte une
contribution significative au discrédit du gouvernement auquel il
appartient…
Il est vrai que le président de la République, la veille, recevant
quelques parlementaires de sa majorité, avait cru bon de lâcher sur cet
engagement solennel qui fut le sien, dans le seul but de gagner du temps et
de reporter une soi-disant réforme fiscale à l’été 2011, après un rapport de
la Cour des comptes, attendu telle une bulle pontificale…
Le « bouclier fiscal », contrairement à ce que son appellation donne à
penser, n’est pas tant une arme mise à la disposition des riches pour se
défendre des excès du fisc, mais le simple remboursement d’un trop perçu, en
application du fait qu’au-delà de 50% de prélèvements sur les revenus il y a
lieu de parler de spoliation fiscale. Car on sait bien que les très riches
ont depuis longtemps quitté l’hexagone. (« Dans ma famille, seuls les
pauvres payent des impôts ! » Jimmy Goldsmith). Et l’on n’ignore pas qu’en
Allemagne, ce plafond de 50% est d’ordre constitutionnel !
Il faut d’ailleurs relativiser. Car dans un pays où la dépense publique est
égale à 56% de la richesse produite, il est facile d’imaginer que ce
bouclier n’est que très partiellement protecteur…
Nicolas Sarkozy, n’ayant pas voulu supprimer l’ISF en 2007, avait donc
trouvé ce moyen (inventé dans son principe par Michel Rocard en 1988…) pour
freiner la fuite des fortunes, des talents et des cerveaux vers d’autres
cieux moins oppresseurs pour les meilleurs créateurs de richesses.
On objectera qu’il est question, après l’amendement Piron signé par 117
députés UMP, de supprimer à la fois le bouclier et l’ISF.
Mais à quoi cela rime-t-il si c’est pour remplacer ce sinistre attelage par
un autre, comportant quatre mesures, susceptibles, par la création d’une
nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu et la majoration de trois autres
prélèvements, de faire en sorte que la confiscation soit strictement
identique ?
Car ce n’est pas tant l’ISF qui est absurde, que l’addition d’un IR très
progressif, de cotisations sociales décourageantes, d’impôts sur les
plus-values décourageantes avec en plus une taxation du capital, quand bien
même celui-ci, pour se constituer, a déjà payé l’impôt.
On peut comprendre que le PS veuille la suppression du « bouclier fiscal »
et le maintien de l’ISF. On ne comprend pas qu’une majorité de droite
favorable à la libération des énergies entrepreneuriales ne défende pas la
position inverse : le « bouclier fiscal », sans l’ISF !
On objectera que l’ISF fait quand même rentrer 3 milliards d’euros dans les
caisses de l’Etat. C’est ce qu’on voit. Mais il y a aussi ce que l’on ne
voit pas : l’argent qui fuit, les entreprises découragées, les emplois et
les richesses non créées…
Il ne peut pas y avoir de réforme fiscale sans réformes profondes de la
sphère publique, sans sa réduction dans de fortes proportions.
Le choix n’est pas entre l’augmentation des prélèvements ou la réduction des
prestations de l’Etat-providence. Car il y a une troisième solution : la
mise en concurrence de tout ou partie de nos systèmes publics, qui ainsi, en
sortant du champ de la dépense publique, par l’application des règles de
concurrence du marché, deviendraient les acteurs de leur propre
transformation/modernisation.
Il eût été possible d’introduire un peu de liberté et de concurrence dans le
système de financement des retraites. En favorisant l’épargne individuelle
et les fonds de pension.
Il est possible de faire jouer la concurrence pour la gestion des hôpitaux.
Pour les universités, les écoles…
Il est parfaitement possible de laisser l’initiative privée gérer les ports.
Comment tolérer que 40 grutiers paralysent à eux seuls le port pétrolier de
Marseille et menacent d’asphyxier tout un pays ?
Comment tolérer plus longtemps que quelques centaines de contrôleurs aériens
menacent en permanence de prendre des milliers de passagers en otages ?
Comment accepter que des entreprises de transport public, dont les salariés
ne sont pas concernés par la réforme des retraites, cherchent sans cesse à
paralyser le pays ?
Comme le dit Alain Madelin, hier le choix était soit de réformer, soit de
s’endetter. Aujourd’hui le choix est de réformer ou de faire faillite…
Au train où vont les choses, il est à craindre que, la fausse droite n’ayant
pas su réformer, il revienne en 2012 à la gauche de gérer la cessation de
paiement de la France.
Avec Martine Aubry à l’Elysée, peut être Laurent Fabius à Matignon, pourquoi
pas François Hollande aux Finances. Et Dominique Strauss-Kahn, maintenu dans
son rôle de directeur général du FMI, organisme de tutelle des Etats en
faillite….
Alain Dumait
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