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4/2/11 | B. Folsom et A. Folsom |
Ce n’est pas Roosevelt qui a mis fin à la
récession, mais les baisses d'impôts de 1945 ! « Il nous a sorti de la grande dépression ». C’est ce qu’on dit le plus souvent du président américain Franklin Roosevelt, décédé il y a maintenant 65 ans. Tous les présidents démocrates, de Truman à Obama, y croient et chacun d’eux s’est servi du New Deal comme d’un modèle pour accroître la taille de l’État. Cette croyance est cependant fondée sur un mythe. FDR n’a pas sorti les États-Unis de la crise au cours des années 30, ni d’ailleurs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Commençons par le New Deal. Il a consisté en la création d’une multitude d’agence de régulation – WPA, AAA, NRA et même la TVA – sans qu’aucune d’elles ne soit capable de créer d’emploi durable. En mai 1939, le taux de chômage aux États-Unis excède encore les 20%. En Europe par contre, selon une enquête de la SDN (Société des nations), le chômage ne dépassait pas 12% en 1938. Le New Deal, en augmentant les impôts et en décourageant l’investissement, a probablement empiré les choses. Qu’en est-il de la Seconde Guerre mondiale ? Il faut comprendre que le plein emploi pendant le conflit ne fut que temporaire. Les 10 à 12 millions de soldats envoyés au champ de guerre, les 10 à 15 autres millions de personnes employées à construire des chars, des munitions et du matériel de guerre n’occupaient pas des postes susceptibles de générer une croissance durable. En fait, la contrepartie de ces emplois temporaires fut l’explosion de la dette publique. Après la guerre, la très grande majorité des ces emplois n’eut plus de valeur. FDR en était le premier convaincu. Ses conseillers les plus proches craignaient justement le retour de la Grande dépression avec celui des soldats à la fin de la guerre. Pour le président, la seule solution était de relancer le New Deal. Ainsi, le 28 octobre 1944, quelques mois avant sa mort, il décrit sa vision de l’Amérique d’après-guerre. Elle repose sur une implication du gouvernement à tous les niveaux : logement, santé, le « droit à un emploi utile et rémunérateur » fourni par le gouvernement si nécessaire. Roosevelt meurt cependant avant d’avoir pu relancer son New Deal. Son successeur, Harry Truman, dans un message de 16 000 mots le 6 septembre 1945, exhorte le Congrès à mettre en œuvre les idées de Roosevelt, présentées comme le meilleur moyen de retrouver le plein emploi après la guerre. Réponse du Congrès américain : non. Ce « non » concerne l’idée de relancer le New Deal dans son ensemble : non à des programmes fédéraux pour la santé, non à une loi pour le plein emploi, pas de hausses du salaire minimum ou des prestations sociales et un programme logement limité. À l’inverse, le Congrès décide de réduire les impôts. Les taux d’imposition sont réduits dans tous les domaines. Le taux marginal d’imposition, fixé à 94% pour tout revenu supérieur à 200.000 $ passe à 86,45%. Le taux le plus bas passe quant à lui de 23 à 19%. Un changement de seuil d’imposition permet à 12 millions d’Américains d’éviter tout impôt sur le revenu. L’impôt sur les sociétés est lui aussi diminué et la taxe de FDR sur les « profits exceptionnels » est éliminée. C’est ainsi que le taux marginal d’imposition sur les sociétés passe de 90 à 38% après 1945. Walter George, sénateur de la Géorgie et membre du comité des finances du Sénat, défendit la loi sur le revenu de 1945 avec des arguments dignes de ce que l’on appellera plus tard « l’économie de l’offre ». En gros, « si la loi fiscale a les effets qu’on espère », affirme George, « elle permettra un développement des affaires tel qu’il sera possible d’engranger in fine plus de revenus. » Il fut visionnaire. A la fin des années 40, la croissance économique permet de générer plus de revenus qu’il ne fut possible d’en prélever pendant les années de guerre alors que les taux de taxation étaient plus élevés. Les contrôles de prix instaurés pendant la guerre sont aussi éliminés en 1946. Les États-Unis commencent alors à enregistrer des surplus budgétaires. En substituant une bonne dose de liberté à un New Deal 2, le Congrès a permis à l’économie américaine de renouer avec la croissance. Le chômage qui pendant les années 30 dépassait les deux chiffres, atteint 3,9% en 1946. Il y restera pendant la décennie suivante, en dehors de deux périodes courtes de récession. Ce n’est pas à FDR que l’on doit la sortie des États-Unis de la Grande dépression. Et néanmoins, le mythe persiste. Le président Obama n’a-t-il pas cherché et ne cherche-t-il pas encore à faire revivre certaines parties du programme de Roosevelt afin de nous faire sortir de la crise ? Il fait fausse route et il est temps de mettre fin au mythe. Burton Folsom Jr et Anita Folsom
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