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26/2/11 Claude Reichman
Révolutions : la France est la prochaine sur la liste !

Dans un article récent, Jean-Michel Aphatie se pose une question essentielle, surtout dans les temps troublés que nous vivons : « Comment se construisent des opinions publiques quand elles se construisent contre les institutions qui les encadrent ? » Et l’excellent éditorialiste d’exprimer un doute sur le rôle d’Internet au motif que le communisme soviétique s’est effondré alors que la Toile n’existait pas.

« Au bout de trois générations et demi, écrit Aphatie, le couvercle des soviets saute enfin. Et l'on découvre notamment, mais pas seulement, intacts dans la population russe, deux sentiments qui ont été constamment combattus et dénigrés : le sentiment national et le sentiment religieux. Par quels canaux ceci est-il passé ? Comment la mémoire de ce que fut le peuple russe, au plus profond de ses sentiments, s'est-elle transmise ? Mystère, mystère... »

En fait, le mystère n’est pas bien grand. Et Jean-Michel Aphatie l’a lui-même parfaitement percé quand il invoque « les sentiments profonds du peuple ». Ceux-ci se forment au fil des siècles, et même, concernant la morale, au fil des millénaires. Certains considèrent ainsi que la religion n’est que la mise en forme et en dogme d’une morale préexistante. Mais même si elle est d’origine divine, elle n’en épouse pas moins les sentiments profonds de l’homme.

Et c’est là qu’on retrouve la raison pour laquelle les dictatures s’effondrent. Les sentiments profonds du peuple n’ont pas besoin de se transmettre pour exister. Ils sont là, quoi qu’il arrive. Mais pour se transformer en protestation et en révolte, ils doivent trouver une forme d’expression collective. Gustave Le Bon, dans sa « Psychologie des foules », a parfaitement décrit ce qu’il appelle l’ « attention expectante » : c’est un sentiment d’attente unanimement partagé et qui se mue en actes sous l’effet d’une part de la constitution d’un groupe, fût-il réduit, et d’autre part d’un phénomène déclenchant, tel qu’une apparition ou un évènement à forte charge symbolique. On a connu cela, pour ne considérer qu’un passé très récent, avec le suicide par le feu de Mohamed Bouazizi en Tunisie, qui a déclenché « la révolution du jasmin ».

Celle-ci se serait-elle produite sans Internet ? On ne le saura jamais. Mais ce qui est certain c’est qu’Internet a propagé la nouvelle à la vitesse de l’éclair et que tout s’est immédiatement embrasé : signe que « les sentiments profonds du peuple » à l’égard du régime tunisien étaient faits d’un mépris et d’une indignation unanimes, qui ne demandaient qu’à s’exprimer et qui ont trouvé, grâce à la Toile, un vecteur si puissant que le peuple est irrésistiblement passé à l’acte.

C’est cela Internet. Mais ce n’est que cela. Si « le sentiment profond » n’existe pas, tout appel à la révolte sera vain. En revanche, si le sentiment existe, il ne lui faudra pas sept décennies, comme en Union soviétique, pour provoquer la chute du régime honni, mais à peine quelques semaines, comme on vient de le voir en Tunisie, en Egypte et en Lybie, car Internet peut véhiculer non seulement de l’information, mais aussi des échanges, des rendez-vous et des consignes.

L’effondrement du communisme, ajoute Jean-Michel Aphatie, « m'a définitivement vacciné sur le prétendu pouvoir des journalistes. Jamais aucun travail orienté et malhonnête n'a imprégné une opinion, construit durablement un état d'esprit. Le mensonge forme un tas de sable qui n'impressionne finalement que ceux qui veulent l'être. » C’est ce que nous disons et écrivons inlassablement. Mais là encore, tout est question de temps et de délais. Les mensonges des politiciens et des journalistes, qui sont la règle, dans l’univers officiel français, n’ont cessé de prospérer et de maintenir le peuple sous leur chape que grâce à l’explosion d’Internet. Sinon, le système aurait pu tenir longtemps encore, alors qu’il est en train de s’écrouler sous nos yeux.

Les dictatures arabes s’effondrent sous les coups de boutoir d’une réalité insupportable pour le peuple et d’un système d’information radicalement nouveau : Internet. En Occident, la France est le seul pays où une révolution a toutes les raisons de se produire. Partout ailleurs, la démocratie fonctionne à peu près bien, car la politique, les débats et les élections n’y sont pas confisqués par une caste prédatrice, menteuse et sans scrupules. C’est pour cela que notre pays est le prochain sur la liste des grands séismes politiques de ce 21e siècle commençant.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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