La France galope vers la dépression économique !
La France a un nouveau gouvernement qui présente une caractéristique qui n’a
jamais existé dans aucune autre démocratie : il ne contient aucun
ministre issu du secteur privé. Aucun de ses membres n’a jamais dirigé
une entreprise, ils ont toujours, tous été payés par le
produit de nos impôts…
Je ne suis guère rassuré par le fait que ces fonctionnaires, qui n’ont
donc aucune idée de ce qu’est la vraie vie, soient « conseillés » par des
économistes, qui sont également tous issus de la fonction publique en
étant tous professeurs et fonctionnaires.
Comme tous ces gens sont sans aucun doute de bonne foi et désirent bien
faire, je me suis dit qu’il était de mon devoir de procéder à leur
éducation, bien déficiente jusqu’ à ce jour. Je ne doute pas que ces lignes
vont être portées à la connaissance de ceux qui nous gouvernent et qu’ils
sauront en faire leur miel, acceptant avec la modestie qui les caractérise
les conseils de quelqu’un qui a consacré sa vie à analyser ces choses-là,
sans jamais être payé par quelqu’un d’autre que par ses clients. (Il m’est
arrivé de conseiller des Etats ou des banques centrales. Je l’ai toujours
fait à une seule condition : qu’ils ne me payent rien).
Comme tous les gouvernements depuis 1974 sans exception, ils n’ont bien
sûr qu’une idée en tête : le chômage, et qu’un but : le réduire.
Voilà qui est déjà une idée bizarre : le chômage n’a aucun intérêt pour un
économiste, la seule chose qui compte c’est l’emploi.
Il ne faut donc pas faire baisser le chômage, qui n’est qu’un résidu,
mais faire monter l’emploi.
Pour arriver à ce résultat, commençons donc par éliminer les solutions
qui n’ont jamais marché :
• Embaucher des fonctionnaires.
• Stimuler la consommation, en augmentant par exemple le salaire minimum.
• Se lancer dans une politique industrielle.
• Créer une banque d’investissement.
• Faire des dépenses d’infrastructure et construire plus de ronds-points à
l’entrée de chaque village.
• Etc.
Le lecteur averti qui aurait lu mon livre "L’Etat est mort, vive
l’état" (François Bourin Editeur) aura compris que chacune de ces
prétendues « solutions » revient à faire croître la part de l’Etat dans
l’économie, ce qui a toujours et partout entraîné une baisse structurelle du
taux de croissance et donc une hausse du chômage. (Les graphiques prouvant
tout cela se trouvent tous dans l’ouvrage mentionné plus haut).
Après tout, s’il suffisait que l’Etat dépense de l’argent qu’il n’a pas
pour qu’il y ait une forte croissance, la France aurait du être en boom
économique depuis 1973 (date du dernier équilibre budgétaire) et l’Union
soviétique le pays le plus développé du monde, ce qui ne s’est pas produit,
à ma connaissance. Mais je n’ai pas été dans les bonnes écoles…
Toutes ces « fausses solutions » entraînent qui plus est une hausse de
l’endettement public, ce qui n’est guère conforme aux traités que nous avons
signés.
Ayant écarté d’un revers de main ce qui à l’évidence n’a jamais marché et ne
marchera jamais, il nous faut maintenant identifier ce qui a toujours
marché.
Commençons par poser une petite question socratique toute simple : cette
question n’est pas « comment créer des emplois ? » mais qui crée ces
fameux emplois et comment peut-on l’aider ?
A cette question, une réponse et une seule : un type curieux que nos
fonctionnaires n’ont jamais croisé sur leur route et dont on ne parle jamais
à l’ENA et qui s’appelle un entrepreneur.
Ce débile profond prend les risques de dépenses certaines
(salaires, impôts, loyers, frais divers et variés), qu’il essaie de
compenser par des recettes incertaines en vendant ses produits et
services à des clients qui ne voient pas très bien pourquoi ils devraient
acheter chez lui plutôt qu’ailleurs. La différence entre ses coûts -
certains- et ses revenus- fort incertains- s’appelle le profit, mot
abominable et dont Marx a fort bien montré le caractère injuste et
spoliateur. Forts de cette analyse incontestable dont chacun a pu mesurer le
bien fondé en URSS, nos technocrates ont tout fait depuis bien longtemps
pour assurer la justice sociale et donc pour que notre suceur de sang ait
des profits en baisse constante.
Ils y sont fort bien arrivés, ce dont on ne saurait trop les féliciter.
Depuis 1972, la part des profits dans le PNB n’a cessé de baisser et
nous sommes aujourd’hui au plus bas depuis 25 ans au moins.
Remarquons également que chaque fois que se produit une récession en
France, la variable d’ajustement, ce sont les profits, qui du coup baissent,
puisque les ventes des sociétés chutent tandis que leurs coûts ne baissent
pas.
Je suis sûr que le lecteur se sentira conforté dans sa croyance en
l’excellence des élites qui nous gouvernent si je lui dis que pendant que le
cash flow des sociétés passait de 30 % du PNB à 22% , la part de l’Etat dans
l’économie passait, elle, de 30% à 44 %, assurant la justice sociale que
chacun peut constater aujourd’hui et que le monde entier nous envie.
Le seul inconvénient est bien sûr que les emplois dans l’économie
varient en fonction des variations de la rentabilité de mon
entrepreneur et que quand sa rentabilité baisse, il licencie, fait faillite
- ce qui prouve son incompétence notoire - et cesse en tout cas d’embaucher.
Quand l’entrepreneur gagne de l’argent, six mois plus tard il
embauche, quand il n’en gagne pas, six mois plus tard il débauche…
Salaud de riche qui n’embauche que quand il gagne de l’argent ! On a
honte pour lui !
Et c’est là où les choses vont se gâter pour « notre cher et vieux pays »,
comme l’appelait De Gaulle.
L’économie française est en train d’entrer en récession, comme chacun le
sait, et donc les profits des sociétés vont baisser sèchement, comme à
chaque fois dans une récession, et six mois après, comme à chaque fois
aussi, le nombre d’emplois va donc plonger.
Les recettes fiscales vont fort logiquement s’écrouler tandis que les
dépenses de l’Etat vont augmenter très fortement, et donc le déficit
budgétaire français va exploser à la hausse.
Le déficit primaire (c’est-à-dire hors paiement des intérêts) va repartir à
la hausse à toute allure, pour repasser la barre des -5 % en termes de PNB,
et devant ce désastre, il est à craindre que les taux français ne se mettent
à monter, comme en Espagne ou en Italie, rendant la situation ingérable
puisque la France sera alors dans une trappe à dettes.
Heureusement, comme je ne cesse de le répéter, nous sommes gouvernés par des
gens qui ont été dans les meilleures écoles et qui donc vont certainement
prendre les bonnes décisions.
Et d’ailleurs, ils ont commencé à les prendre. Citons dans une liste qui se
veut non exhaustive ce qui a été déjà décidé :
1. Un alourdissement de la fiscalité sur les sociétés.
2. Une augmentation du SMIC, qui augmentera mécaniquement le coût du travail
pour tous les employeurs.
3. Un retour des charges sociales sur les heures supplémentaires, faisant
baisser le salaire moyen.
4. Une imposition plus lourde sur le capital, sur les revenus du capital,
sur les plus values en capital et sur les salaires élevés, qui fera baisser
le taux d’épargne français et donc à terme nos investissements.
5. Une contribution spéciale sur les banques qui va réduire les fonds
propres de ces profiteurs et donc renchérir le crédit tout en le rendant
moins disponible.
6. Une taxe spéciale sur les sociétés pétrolières qui va inciter ces
dernières à se débarrasser encore plus rapidement de leurs activités en
France, en fermant des raffineries et en en licenciant le personnel.
7. Une quasi- interdiction de licenciement, accompagnée de la mise en examen
d’un certain personnel de direction qui avait essayé de préserver la marge
de sa société.
On voit donc que ces mesures vont amener pour mon entrepreneur et
une baisse de la consommation (donc une baisse de ses ventes), et une
hausse de ses coûts incompressibles, c’est-à-dire des charges de sa société.
Ses marges, prises dans cet effet de tenaille, vont absolument s’écrouler
(voir Peugeot en ce moment, pour une démonstration en temps réel).
La marge brute d’autofinancement va donc se ratatiner - au lieu de
simplement baisser- à cause des mesures insensées prises par ce
gouvernement, et il existe maintenant une quasi certitude que l’économie
de notre pays entrera en dépression fin 2012, début 2013 tant le
carnage dans les PME va être incroyable cet été, comme l’ont déjà fait
l’Espagne et l’Italie qui ont suivi avec le succès que chacun peut voir des
politiques tout à fait similaires.
Les hauts fonctionnaires, sous l’impulsion de génies profonds tels
Trichet ou Delors, avaient déjà mis l’économie de notre pays à genoux en
imposant cette incroyable stupidité appelée l’euro.
Cette même classe, qui dispose aujourd’hui d’un pouvoir absolument sans
partage et qui est composée de gens au moins aussi incompétents que les deux
personnages mentionnés plus haut (ce qui paraît impossible, mais est hélas
la réalité), ont décidé de finir le travail et d’achever de foutre en l’air
notre économie puisque maintenant, ils n’ont plus aucun contrepoids. Tout a
l’air bien parti pour qu’ils atteignent le but auquel ils travaillent depuis
1974 et qui semble être de faire de notre pays une zone de non droit où le
secteur privé n’existera plus … enfin !
Mon premier livre, publié en 2002, et dans lequel je décrivais dans le
détail tout ce qui allait se passer si on continuait à laisser agir
ces gens-là, s’appelait « Des lions menés par des ânes » (Laffont).
Rétrospectivement, je trouve que j’ai été trop sévère pour ces pauvres
ânes, qui ne méritent en rien d’être mis en comparaison avec nos
fonctionnaires…
Mais après tout, comme me l’a fait remarquer un fidèle lecteur, âne n’est il
pas l’anagramme d’ENA ?
Va donc pour l’âne.
Charles Gave
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