Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les 
    indices boursiers sans jamais oser le demander ! 
	 
	Si je ne devais dire qu’une chose : Se méfier des indices et 
	de la gestion indicielle. 
	Depuis des années, je peste contre la gestion indicielle et contre les 
	faux messages qu’envoient les indices sur la réalité de la bonne ou mauvaise 
	santé des sociétés qui les composent. Une fois de plus, je vais y revenir et 
	pour ce faire je vais procéder en deux étapes. Je vais d’abord montrer de 
	façon visuelle, en utilisant un graphique, l’étendue du problème. Ensuite je 
	m’efforcerai d’expliquer pourquoi la gestion indicielle est une monstruosité 
	économique et amène à chaque fois à de graves « bear markets ». 
	 
	1 L’étendue du problème  
	Standard & Poors a bâti l’indice de référence pour la bourse de New-York, 
	communément appelé le S&P 500, puisqu’il contient 500 valeurs. Cet indice 
	est calculé en fonction de la capitalisation boursière de chaque société, 
	c’est-à-dire que les plus « grosses » sociétés représenteront 2 % à 3 % de 
	l’indice, alors que les moins grosses pourront ne représentera que 0,1 % ou 
	0,2 %, voire moins du même indice. Fort heureusement, S&P publie aussi un 
	indice des mêmes 500 sociétés où chacune des valeurs représente à 
	tout moment 1/500 de l’indice. Exactement les mêmes valeurs sont donc 
	présentes dans les deux indices, la seule différence étant la prise en 
	compte ou non de la capitalisation boursière à tout moment.  
	Voici le graphique des deux indices depuis 1999 :  
	 
	  
	Si l’on en croit l’indice pondéré, la bourse de New-York n’a rien gagné 
	depuis plus de 10 ans, ce qui nous inciterait à penser que les sociétés 
	américaines, et donc l’économie US, connaîtraient de graves problèmes. 
	 
	En revanche, si nous prenons les mêmes 500 sociétés et calculons un indice 
	où chacune des valeurs représentent 1/500 de l’indice, nous voyons que 
	l’indice est en hausse ininterrompue depuis 1999 et à presque doublé. Il est 
	donc tout à fait évident que la grande majorité des sociétés US vont bien, 
	toute tentative pour m’expliquer le contraire se verra opposer le dit 
	graphique. 
	 
	Reste une question : comment expliquer une telle différence alors que les 
	deux indices ont exactement les mêmes composantes ? 
	 
	Assez simplement. A la fin d’une grande hausse « thématique » comme nous en 
	avons connu avec la bulle Internet, les valeurs du thème à la mode 
	représentent une part disproportionnée de l’indice, et donc celui qui 
	l’achète perd en quelque sorte le bénéfice de la diversification. Il se met 
	à avoir un portefeuille concentré dans les valeurs qui ont le plus monté et 
	qui donc vont sans doute le plus baisser … Ce qui nous amène au deuxième 
	point. 
	 
	2 Le désastre intellectuel représenté par l’indexation  
	Les marchés financiers ont un but et un seul : mesurer la rentabilité 
	marginale du capital qui a été confié à chaque société. Si cette rentabilité 
	est satisfaisante et en hausse, il faut détenir la valeur, sauf si son cours 
	est ridiculement sous évalué. Dans le cas contraire, il faut vendre. 
	 
	Or ce n’est pas du tout en fonction de ce critère qu’un indice pondéré 
	fonctionne. 
	Imaginons que nous soyons en France et que le gouvernement décide 
	d’introduire en bourse la Poste. Cette affaire aurait sans nul doute une 
	énorme capitalisation boursière et chaque gérant dont la performance 
	relative est mesurée contre l’indice français se retrouverait obligé 
	d’acheter la Poste et de la mettre dans son portefeuille quelle que soit la 
	rentabilité et les perspectives du monstre en question. 
	 
	En termes simples, la gestion indicielle pondérée par la capitalisation 
	boursière dirige le capital en fonction non pas de la rentabilité et de la 
	valorisation, mais en fonction de la taille de la capitalisation boursière, 
	ce qui revient à dire que les « gros » ont accès au capital et pas les 
	petits, ce qui est une forme de socialisme et rien d’autre.  
	Qui plus est, plus une valeur monte, plus il faut en avoir, ce qui 
	revient à avoir une gestion basée sur le « momentum » et non pas sur 
	le retour à la moyenne. Pour faire simple, plus une valeur s’écarte de son 
	cours d’équilibre en montant, plus il faut en avoir, ce qui est proprement 
	idiot, le contraire étant vrai également. 
	 
	Bref, la gestion indicielle, inventée par des capitalistes dans le temple du 
	capitalisme, Wall Street, est une incroyable stupidité garantissant une 
	mauvaise allocation du capital sur le moyen terme et donc garantissant aussi 
	des alternatives de marchés haussiers et baissiers qui apparaissent au non 
	spécialiste comme n’ayant ni rime ni raison ( à juste titre). 
	 
	Prenons un exemple actuel: 
	 
	Cela fait quatre ans que je dis à mes fidèles lecteurs de n’avoir aucune 
	banque ou aucune compagnie d’assurance dans leur portefeuille en raison du 
	désastre qui s’annonçait avec l’euro. Ces valeurs représentaient il a y 
	quatre ans plus de 30 % de l’indice français. Le gérant qui aurait eu les 70 
	% restants aurait très bien fait. Malheureusement, nombre de gérants ont 
	l’interdiction formelle de s’écarter sensiblement de l’indice contre lequel 
	ils sont mesurés et ont donc ramassé une énorme culotte, sans pouvoir 
	rien faire.  
	Peut-on imaginer système plus idiot pour la gestion de ce bien rare entre 
	tous qu’est le capital ? 
	 
	Conclusion  
	L’économie et les sociétés américaines vont bien et il en est de même de 
	nombre de sociétés françaises qui ont peu à voir avec toutes ces idées 
	stupides allant de l’indexation à l’euro, en passant par la théorie moderne 
	des portefeuilles ou celle du marché efficient, et qui sont véhiculées par 
	une classe bancaire, administrative et politique dont la suffisance 
	intellectuelle n’a d’équivalence que l’incompétence. 
	 
	Il faut se souvenir, quand on fait de la gestion, de ce que disait 
	Montesquieu : « J’aime les gens de mon village qui n’en savent pas assez 
	pour raisonner de travers ». Il faut laisser tomber toutes ces théories 
	modernes et fumeuses et gérer son argent soi même en n’achetant que ce que 
	chaque lecteur comprend, et rien d’autre. 
	 
	Les résultats suivront… 
	 
	Charles Gave 
	 
	
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