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22/9/12 | Claude Reichman |
Pour la France,
l’hallali va bientôt sonner ! La France est l’homme malade de l’Europe. Elle bénéficie actuellement, de la part des marchés, d’un sursis miraculeux. Telles sont les appréciations que formulent des éditorialistes de droite et de gauche. Cette convergence est trop rare pour ne pas sonner comme le cor de l’hallali. A voir la petite silhouette rondouillarde de Hollande sautiller d’une inauguration à une autre, tandis que son premier ministre Ayrault, pâle comme la mort, profère d’une voix blanche des banalités qui ressemblent à des condoléances, on se dit que ces deux-là n’ont plus longtemps à vivre, politiquement parlant. C’est si vrai que la planète médiatique bruit déjà de rumeurs sur un changement de Premier ministre, avant de s’attaquer, demain, à l’inévitable démission du président de la République. Et tout cela, moins de cinq mois après son élection. On appelle cela l’accélération de l’histoire. Ce phénomène survient quand le pouvoir est faible et ne maîtrise pas la situation du pays. La France doit obligatoirement modifier ses structures économiques, sociales et politiques. Notre pays vit dans une contradiction qu’il ne peut plus supporter. D’un côté, nous faisons partie d’un ensemble européen caractérisé pour l’essentiel par un marché unique dans lequel tous les pays commercent librement entre eux et se font concurrence, tout en étant également soumis, bien qu’à un moindre degré, à celle des autres nations du monde. De l’autre côté, alors que cela va faire vingt ans que cette situation existe, le pouvoir politique, en France, pendant ces vingt années, ne s’est attaché qu’à maintenir contre toute raison l’organisation de la société qui prévalait au temps où nos frontières étaient fermées et où l’Etat faisait ce qu’il voulait (au prix de fréquentes dévaluations monétaires). Si les gouvernements français successifs ont pu à ce point défier les réalités, c’est parce que le pays n’avait pas encore épuisé ses richesses ni son crédit et que le pouvoir exécutif, fort de la Constitution de la Ve République et surtout de l’usage antidémocratique qu’il en faisait, avait plié la société sous son joug, rendant vaine toute opposition, silencieuse toute expression libre, et de ce fait impossible toute réforme. Cette période se termine à présent. Un président impuissant - parce que, comme ses prédécesseurs, il ne veut ni ne peut rien changer - est à l’Elysée, et les évènements ont déjà commencé à le balloter comme un fétu de paille dans une rivière en crue. Le flot qui monte, c’est celui qui emporte les entreprises et noie leurs salariés, qui envahit les bastilles de l’Etat incapables de s’organiser contre l’inondation et où l’on n’attend plus que le moment de lancer l’ordre d’évacuation, qui jette sur les routes de l’exil des bataillons de jeunes gens diplômés et entreprenants, las de se chercher un avenir impossible dans leur propre pays. On n’attend plus, en France, que le premier coup de canon des hostilités, celles qui vont succéder à la « drôle de guerre » actuelle, semblable à celle que le pays avait vécue pendant les quelques mois précédant l’assaut des blindés allemands. Ce qui suivra est à peu près connu. Les structures que d’aucuns – une majorité – avait cru éternelles vont s’effondrer comme les murailles de Jéricho. Une nouvelle organisation de la société naîtra dans la douleur. Mais au terme de bien des souffrances, la France se réveillera dans un monde qu’elle n’avait jamais connu : celui où l’Etat, ses pompes et ses œuvres seront réduits au strict minimum et où les innombrables sangsues accrochées à ses flancs seront mortes d’inanition. On se demande souvent, quand on étudie l’histoire, pourquoi tel peuple, telle monarchie, telle république n’a pu se réformer face au danger, que celui-ci soit militaire, économique ou dû à des dissensions internes. La France d’aujourd’hui fournira aux historiens futurs un cas d’école. Et l’on ne manquera pas d’invoquer le principe qui est à la base de la sélection des espèces : celles qui survivent et prospèrent sont celles qui sont capables de s’adapter. Parmi les facteurs les plus pénalisants à cet égard, il y a une taille excessive. Celle de la sphère publique française, digne des plus grands dinosaures, lui garantit une place réservée dans les musées d’histoire naturelle des siècles futurs ! Claude Reichman
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