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24/10/10 | Richard Hanlet |
Et
moi qui rêvais de me faire assassiner ! Je suis très jaloux. Je rêvais de me faire assassiner par un immigré fraîchement naturalisé, et de jouir d'une ultime satisfaction avant d'expirer : savoir que le coupable serait déchu de sa nationalité française... Eh bien c'est raté : une fois de plus les fonctionnaires raflent la mise ! Seuls policiers et gendarmes auront cette joie posthume, tandis que pour
nous médecins, ce sera comme d'habitude : ceinture. Je me demande quand même
ce que ça changera pour l'assassin, puisqu'on n'expulse plus les étrangers
qui ont purgé leur peine ! Il est vrai qu'hormis l'émeute, je n'ai jamais
rien compris à la politique... Bien sûr ce type de discrimination n'est pas
nouveau. Mettez une claque à un flic et une claque à un médecin, et vous
verrez la différence de traitement. Comparez le sort d'un chirurgien dont le
patient meurt sur la table avec celui d'un juge d'application des peines qui
s'est fourré le doigt dans l'œil en libérant une graine de tueur en série,
et vous aurez vite compris. Pire encore les médecins pratiquent l'exclusion sur des critères exclusivement sexistes : pas de dosage des marqueurs du cancer de la prostate chez la femme, par exemple. Imaginez que la HALDE tombe là-dessus ! Et nous allons même jusqu'à discriminer le mieux possible les malades des bien portants... Mais ce n'est pas fait méchamment, juste par économie. Cela nous protégera-t-il longtemps encore des foudres de la loi ? A propos de foudre, notre ami Christian Saout, président de la Conférence nationale de santé (CNS), ne nous aura pas laissés longtemps en paix. L’encre à peine sèche de la loi Bachelot ne suffit déjà plus à l'obsédé textuel. Il a demandé au ministère de la Santé de légaliser le testing dans les cabinets médicaux pour lutter contre le refus de soins et de lui donner "valeur probante". De plus la CNS a demandé l'inversion de la charge de la preuve en faveur des patients. En voilà un qui n'est jamais en retard pour agiter la brosse dans la cuvette. Mais nous sommes peut-être injustes envers M. Saout. En 2006 en effet, en
tant que président de AIDES, il s'était pris de bec avec Pierre Bergé,
président du Sidaction. Ce dernier entendait le priver de subventions, au
douteux prétexte qu'il était préférable d'aider directement les malades
plutôt que le fonctionnement d'associations. D'où une rude bataille à coups
d'éventails et de communiqués dans le petit monde du business de la
séropositivité. Rassurez-vous, personne ne fut blessé : les coupures de
presse sont celles qui cicatrisent le plus vite. Reste qu'il y a forcément
un peu de bon chez quelqu'un qui n'aime pas Pierre Bergé...
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