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29/7/12 | Claude Reichman |
Hollande
a engagé le processus qui met fin à l’Etat providence ! François Hollande a soumis au Conseil constitutionnel le traité budgétaire européen du 2 mars 2012. Si le Conseil juge, comme c’est probable, et au plus tard le 13 août, qu’une révision de la Constitution est nécessaire, le président de la République devra la faire voter par les deux chambres, puis la faire approuver par le Congrès à la majorité des 3/5e ou par référendum. Cette dernière voie étant vouée à un échec certain, c’est par le Congrès qu’il devra passer. La majorité requise y sera certainement atteinte, car on voit mal l’UMP désavouer Sarkozy qui a été le signataire du traité du 2 mars. Par ce texte, la France s’engage à revenir, à bref délai, à l’équilibre budgétaire et à rembourser 5 % de sa dette par an. Cela représente un effort initial de 140 milliards par rapport à sa situation actuelle, puis de 40 milliards par an. Le déficit à supprimer concerne l’ensemble des dépenses publiques : Etat, Sécurité sociale, collectivités territoriales. Elles représentent actuellement 1000 milliards d’euros. Leur réduction ne pourra se faire sans que soit supprimé l’Etat providence, qui pèse à lui seul 650 milliards. La France va devoir revenir à une situation normale dans un pays moderne. Enfin ! Cela fait trente-huit ans qu’elle vit à crédit, amassant une dette qui s’élèvera à 2000 milliards d’euros (l’équivalent de son PIB annuel) quand elle commencera à la rembourser. Les réformes ne pourront se faire qu’à la hache. Il suffit pour s’en convaincre de mesurer ce que rapporte le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite : 600 millions par an. Une goutte d’eau dans l’océan ! Les salariés de l’Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux vont voir leur nombre et leur rémunération réduits, et changeront rapidement de statut. Il n’est pas nécessaire d’être fonctionnaire pour être employé par une administration, une mairie ou un hôpital. La preuve en est que beaucoup de gens y travaillent déjà avec un statut privé. De même, on peut parfaitement s’assurer pour la maladie, la retraite et le chômage auprès d’une société d’assurance, une mutuelle ou une institution paritaire de prévoyance, comme le prévoient les lois françaises transposant les directives européennes de 1992. Il va s’agir d’une révolution. Rien ne dit qu’elle se fera dans le calme. Les démagogues vont trouver un terrain propice à leurs délires et à leurs menées. Il faudra des nerfs d’acier aux dirigeants du pays. On a beau chercher dans le personnel politique actuel, on ne voit personne qui possède cette qualité. La société civile va devoir monter au créneau. Et en particulier ceux qui font tourner la boutique, à savoir les chefs d’entreprise et leurs salariés. A Madrid, le 19 juillet dernier, des centaines de milliers de fonctionnaires ont manifesté contre la rigueur. « Nous ne pouvons rien faire d’autre que de descendre dans la rue, déclarait une fonctionnaire à la Cour des comptes de 51 ans, citée par Le Monde. J’ai perdu entre 10 % et 15 % de mon salaire depuis quatre ans. » Cette femme était venue manifester avec son mari, employé dans le privé. Dans le même temps, la télévision nous montre des hommes et des femmes des classes moyennes espagnoles devoir venir chercher de la nourriture à une banque alimentaire. Cette fonctionnaire a un emploi garanti, un salaire à peine diminué, son mari n’est pas au chômage, et ce sont eux qui manifestent ! Deux jours plus tard, une manifestation de chômeurs ne réunissait à Madrid que quelques milliers, ou peut-être même quelques centaines de participants. En France, depuis de longues années, seuls les salariés du secteur public manifestent. Comme en Espagne aujourd’hui. Privilégiés de tous pays, même combat ! Il est grand temps que cela cesse. Et cela va cesser. D’ailleurs, chez nous, c’est un socialiste qui l’a décidé ! Claude Reichman
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