Lettre ouverte à mes amis les maires de
banlieue
Nous avons
fait le lit du communautarisme !
Vous avez été très nombreux à signer la “Lettre à ceux qui ignorent les
banlieues” rédigée par Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois et président
de l’association Ville et Banlieue. Avec Claude Dilain, je travaille
quotidiennement et efficacement. Avec humour, beaucoup nous déclarent
“pacsés” dans le cadre de la communauté d’agglomération que nous formons et
je milite à Ville et Banlieue. Pour autant, je n’ai pas signé la Lettre et
je ne la signerai pas, en raison, paradoxalement, de l’estime et de l’amitié
qui me lient à lui. Alors expliquons-nous.
Oui, beaucoup d’entre nous, maires de banlieue, sentent une sourde et
puissante inquiétude les envahir devant la relative vanité, quant aux
résultats obtenus, des politiques qu’avec passion et acharnement nous avons
mises en œuvre sur nos territoires. Les quelques résultats obtenus
péniblement, mais pour combien de temps encore, nous inciteraient donc à
penser qu’en rajoutant des milliards aux milliards, nous parviendrons à des
résultats probants et définitifs. Et nous voilà, maires de banlieue, à nous
transformer en “monsieur Bahlsen” du “toujours plus” d’argent de la
politique de la Ville. C’est une grave erreur car nous nous trompons et nous
trompons tous les Français. J’appelle de mes vœux une réflexion plus
fondamentale.
Les moyens financiers et humains qui restent nécessaires à la politique de
la Ville doivent être subordonnés impérativement aux considérations
suivantes que j’évoque par ordre d’importance.
• La situation financière, économique et sociale de la France nécessite que
nous prenions aussi part à l’effort collectif de redressement. On ne peut
prendre en défaut la solidarité du pays en faveur de nos quartiers
défavorisés. Songeons seulement aux 12 milliards d’euros de l’Anru et aux
500 millions annuels de L’Acsé. L’effort sera à poursuivre mais il est déjà
conséquent. C’est jouer avec le feu que de justifier à l’avance des
événements du type émeute en invoquant un désengagement de l’État.
• De la même manière, regardons si actuellement la France peut continuer,
tous les ans, d’accueillir définitivement sur son territoire 200 000
étrangers. Nous ne ferons pas l’économie, pour des raisons culturelles et
démographiques, de devoir reconsidérer sérieusement la nature et l’intensité
des flux migratoires.
• Soulignons au passage les politiques de gauche qui ont cru devoir
favoriser l’arrivée dans leur ville du “prolétariat de substitution” au
travers de l’immigration et les politiques de droite qui ont pris pour les
villes dont ils étaient députés ou sénateurs des dispositions qu’ils n’ont
pas voulu prendre dans le même temps pour la France. Au-delà des postures
médiatiques et politiques, bon nombre d’élus, notamment de gauche, débordés,
voire otages, ne savent comment éteindre l’incendie tandis que la droite ne
brille pas par son courage, tétanisée par les grands prêtres de
l’antiracisme et du politiquement correct.
Cela étant dit, nous pourrions peut-être, ensemble, nous préoccuper de
l’avenir qui nous attend…
• Avant de rallonger les financements en direction de nos quartiers,
posons-nous collectivement la question de savoir pourquoi toutes les sommes
à ce jour investies n’ont hélas pas produit les résultats escomptés. Nous
avons renoncé à l’assimilation et nous avons prôné l’intégration, en vérité
le cache-sexe du droit exacerbé à la différence. Sacrée différence en effet.
• Ce droit à la différence exacerbé a annihilé toute tentative d’exigences,
si minimes soient-elles, en direction des populations accueillies. Nous
avons fait ainsi le lit du communautarisme qui, lui, ne badine pas quant à
ses méthodes de contrôle social dans nos quartiers. Ainsi, nos politiques
publiques d’intégration perdent, d’année en année, de leurs effets. Un monde
parallèle, solidaire, organisé, déterminé campe à nos portes et les bascules
démographiques sont à l’œuvre ; elles ne sont pas pressées, elles ont le
temps pour elles. Elles sont inexorables.
Alors, mes chers collègues : sommes-nous capables de nous retrouver, au-delà
de nos postures, sur ces réalités que nous vivons, que nous connaissons, que
nous affrontons quotidiennement ? Sommes-nous capables en tant que maires de
regarder lucidement et courageusement ces vérités ? Sommes-nous capables, en
raison du fait que notre mandat est encore celui qui jouit de la plus grande
confiance de la part de toutes nos populations, de faire l’union sacrée face
à ce qui mine et menace notre République ? C’est à ce niveau de réflexion
qu’il faut se hisser. En aurons-nous la sagesse ? En aurons-nous le courage
? Je l’espère tant.
Xavier Lemoine, maire de Montfermeil.
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