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3/9/12 Claude Reichman
  Les politiciens européens préfèrent la catastrophe
                                 à la réforme !

La crise de la zone euro est moins une crise financière qu’une crise de confiance. Aucun des pays de l’union monétaire ne donne l’exemple de la détermination sans faille qu’il faudrait montrer dans la réforme de l’Etat et des dépenses publiques. Même l’Allemagne, mieux gérée que les autres, est affligée d’une dette qui ne lui permet pas d’espérer une croissance significative.

L’excès d’endettement condamne l’Europe à une stagnation économique sans fin. Pour briser ce cercle vicieux, il faut dans un premier temps baisser en un ou deux ans toutes les dépenses publiques d’un taux pouvant atteindre 20 % (comme cela devrait être le cas en France), puis réformer les structures des Etats-providence qui affligent l’ensemble des pays européens. Un seul pays montrant l’exemple entraînerait tous les autres. La France est idéalement placée pour jouer ce rôle… à ceci près qu’aucun de ses partis politiques ne l’envisage un seul instant.

Il est évident que les politiciens européens préfèrent la catastrophe à la réforme, pour la simple raison que la mise en œuvre de celle-ci provoque immédiatement des réactions, alors que la catastrophe, tant qu’elle n’a pas eu lieu, laisse espérer - fût-ce contre toute raison - qu’elle ne se produira pas.

Bref, en Europe, on joue « petit bras », et c’est pourquoi on est en train de perdre la partie. Les dirigeants de la zone euro ressemblent à des oiseaux dans une volière. Ils parcourent en permanence et en tous sens l’espace de leur cage à tire d’ailes sans que rien n’en résulte sinon un piaillement continu et assourdissant qui laisse les peuples à demi-sourds. On attend en vain une parole forte de l’un au moins de ces élus et comme on ne la voit pas venir, on se dit qu’il faudra des évènements puissants pour que surgisse enfin quelqu’un qui ait la stature d’un homme d’Etat.

Le drame européen est celui d’un malade dont le médecin n’a pas fait le bon diagnostic et qui lui applique un traitement inefficace. Il n’y a plus dès lors que deux hypothèses : ou bien le malade guérit spontanément, ou bien il meurt. La première exige que le médecin soit éloigné du lit du malade et laisse ainsi agir ses défenses naturelles. Cela peut arriver. On a constaté que la Belgique, sans gouvernement pendant de longs mois, n’a pas vu sa situation empirer. Qui sait même si elle n’aurait pas fini par aller mieux que les autres si M. Di Rupo était resté chez lui avec son nœud papillon. Mais la deuxième hypothèse reste évidemment la plus probable et c’est à celle-ci qu’il faut se préparer.

Bien évidemment, un pays ne meurt pas comme un homme malade. Ce sont ses structures qui s’écroulent, et ce qui meurt, c’est son système économique, social et politique. Mais les hommes et les femmes de ce pays, même s’ils souffrent, restent vivants. C’est pourquoi il ne faut pas craindre plus que cela la disparition des institutions que beaucoup croient éternelles parce qu’elles ont duré longtemps.

L’histoire est sans pitié avec les sociétés qui ont oublié que la vie est un combat. C’est hélas le cas de nos sociétés européennes, alanguies dans l’assistance et la paresse, alors même qu’il y a à peine plus d’un demi-siècle elles étaient dévastées par la guerre. L’oubli est souvent nécessaire, mais à ce point…

Les évènements de la crise européenne se sont jusqu’à présent déroulés comme un film au ralenti. Mais en pareil cas il vient toujours un moment où ils se précipitent. Nous en sommes proches. Les citoyens doivent se préparer à reprendre le pouvoir sur leur destinée. Ils trouveront alors en eux des ressources qu’ils ne soupçonnaient pas.

« Qui ne sait que sans argent la paresse ne peut durer ? » disait déjà Boccace. Il va falloir relire le Décaméron !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.


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