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13/11/10 | Bernard Martoïa |
Le poids du complexe militaro-industriel dans la déchéance américaine ! "Les civilisations meurent à cause du calme philosophique, de l'ironie et de la conviction d'agir dans l'intérêt général, aussi sûrement qu'elles meurent à cause de la débauche." Joseph Wood Krutch Après les élections du 2 novembre, la réunion à Séoul du G20 est une deuxième claque infligée à Barack Hussein Obama. Les membres du G20 ont rejeté son idée loufoque, inspirée par le mauvais conseil de son secrétaire au trésor, d’instaurer une limite de 4% aux surplus des balances commerciales. Autant sur la forme que sur le fond, cette limite était impraticable. Admettons qu’elle eût été adoptée, elle aurait nécessité la création d’une monstrueuse usine à gaz pour contrôler les flux des balances commerciales à travers la planète. C’eût été l’amorce d’une gouvernance mondiale «boureaucratique» dont beaucoup de Français souhaitent encore l’avènement. Timothy Geithner a sa place à Paris mais pas sur la scène mondiale. Ce G20 est un tournant. Jamais l’Amérique n’a été autant méprisée. Comme le Royaume-Uni en son temps, elle fait figure de vielle dame susceptible qui n’a plus les moyens de sa grandeur passée. Sa chute est spectaculaire. Une décennie a suffi à lui faire perdre son magistère mondial. Elle n’est pas la victime d’un complot international, mais de ses propres turpitudes. Elle n’a tout simplement pas la capacité financière de mener deux guerres de front en Irak et en Afghanistan. Arrogant et borné, George Walker Bush (1) a engagé imprudemment son pays dans ces deux bourbiers dont il n’arrive plus à se dépêtrer. Son successeur a gagné, en partie, son élection sur la promesse de retirer l’armée américaine d’Irak. En paraphrasant le machiavélique Rahm Emanuel, jusqu’il y a peu conseiller politique d’Obama à la Maison Blanche, on ne veut jamais qu’une crise sérieuse se termine à la poubelle. Le Pentagone ne va pas être épargné par les coupes budgétaires auxquelles vient de s’atteler une commission bipartite désignée par Obama. Le hautain président a préféré prendre les devants que de se voir imposer un agenda par la nouvelle majorité républicaine à la Chambre des Représentants. Dirigée par Erskine Bowles (démocrate) et Alan Simpson (républicain), la commission envisage une réduction de 100 milliards de dollars du budget de la Défense pour l’année 2011. Pour donner un ordre d’idée, les dépenses militaires des États-Unis (721 milliards de dollars) représentent autant que celles de tous les autres États de la planète ! Certes, les raisons du déclin américain ne sauraient être circonscrites à ce seul élément structurel. Il en existe d’autres conjoncturels (éclatement de la bulle immobilière et sauvetage subséquent des grandes banques), auxquels il faut rajouter, évidemment, les deux plans keynésiens de relance. La grande nouveauté de ce G20 est l’abandon de Keynes par tous les chefs de gouvernement, à l’exception notable d’Obama… La thèse de l’école autrichienne d’économie triomphe, même si sa paternité n’est pas encore reconnue par les élites progressistes. En se retirant de la scène politique en 1961, Dwight Eisenhower, qui fut d’abord le commandant des forces alliées du débarquement en Normandie, avant de devenir le trente-quatrième président des États-Unis (1953-1961), fit un discours prophétique concernant la menace du complexe militaro-industriel. Voici l’extrait saillant de son discours d’adieu à la nation américaine : «Cette conjonction d'un établissement militaire immense et d'une
grande industrie d'armement est nouvelle dans l'expérience américaine.
L'influence totale - économique, politique, même spirituelle - est ressentie
dans chaque ville, dans chaque maison, dans chaque État et dans chaque
bureau du gouvernement fédéral. Nous reconnaissons le besoin impératif de ce
développement. Pourtant, nous ne devons pas faillir à comprendre ses graves
implications. Notre labeur, nos ressources et nos moyens de subsistance sont
tous impliqués ; c’est la structure même de notre société qui est en jeu. Bernard Martoïa (1) Dans ses mémoires qui viennent tout juste de sortir, George Walker Bush admet avoir commis quelques fautes…
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