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24/11/10 Bernard Martoïa
  Les requins nagent vers le Portugal !

"J'ose dire que les civilisations commencent dans la religion et le stoïcisme et qu'elles se terminent dans le scepticisme, l'abandon de la foi et la poursuite des plaisirs individuels. Une civilisation naît stoïque et meurt épicurienne." Will Durant

Le plan d’aide de 90 milliards d’euros à l’Irlande, qui a été laborieusement mis en place dimanche dernier, n’a pas rassuré les marchés. Les bourses européennes et la monnaie unique ont perdu 2% dès la séance de lundi.

Après la curée en mer d’Irlande, les requins nagent tranquillement en direction des côtes du Portugal, car il n’y a pas de raison que le carnage s’arrête en si bon chemin. Viendra, dans l’ordre suivant, le tour de l’Espagne, de l’Italie et de la France. Faisons le pari que l’euro aura vécu avant le tour de l’Italie. L’Allemagne, bonne fille de l’Europe, ne pourra jamais avaler la dette de l’Espagne. Il arrive un moment où la meilleure volonté est vaincue. Elle sera contrainte de reprendre sa monnaie pour éviter de sombrer avec les cigales qui l’ont tirée vers le bas. Ce n’est plus qu’une question de mois…Ainsi se terminera dans les larmes, les rancœurs et la haine, l’utopie imposée par des dirigeants européens « historiques » à leurs peuples bernés.

La fin de l’euro est une nécessité pour restaurer, par une dévaluation massive, la compétitivité des cigales qui sont incapables de remettre en ordre leur maison. Mais cela ne suffira pas.

Dans l’édition du 23 novembre 2010, Le Monde accorde une page entière au plan A, concocté par le tandem constitué par l’économiste Michel Aglietta et l’ex-Premier ministre Lionel Jospin pour enrayer la chute de l’Europe. Comme à l’accoutumée, on retrouve les recettes éculées des socialistes : plus d’impôt pour les riches à travers une progressivité accrue de l’impôt sur le revenu (pas d’estimation chiffrée, ces deux penseurs manquent de courage), plus de redistribution, et, cerise sur le gâteau, une taxe carbone pour faire plaisir à leurs encombrants amis verts. Elle serait redistribuée à trois récipiendaires : les ménages à revenu modeste (l’impôt sur le revenu ne suffit plus à assouvir l’appétit de la coalition rouge-verte), « diminuer les cotisations sociales pour inciter au choix de technologies riches en emplois » (pas de mode d’emploi pour cette future usine à gaz), et le reste serait versé au budget européen pour «financer des investissements dans les innovations environnementales ».

Si les socialistes et les keynésiens sont responsables du déclin de l’Europe, ils n’ont pas, pour autant, renoncé à leur saignée meurtrière. La Grèce ne s’en remettra pas. Elle ne pourra jamais rembourser le prêt de 110 milliards d’euros qui lui a été accordé le 2 mai 2010.

Le plan B pour sauver l’Europe

Paris et Berlin sont d’accord sur une chose : obliger Dublin à rehausser sa taxe sur les entreprises, qui n’est que de 12,5%, pour la porter au taux prohibitif de 33% qui est le leur. S’il devait y avoir une harmonisation en Europe, à laquelle tout libéral est par nature opposé (la concurrence fiscale est salutaire pour tout le monde), ce serait par le bas et non point par le haut.

Au lieu de saigner le tigre celtique, la France et l’Allemagne feraient mieux de s’aligner sur la Bulgarie et la Macédoine qui ont le plus bas taux de taxe sur les entreprises en Europe avec 10% seulement. Elles feraient bien aussi de suivre l’exemple de la Bulgarie (encore elle) et de la Macédoine qui ont adopté une flat tax de 10% pour l’impôt sur le revenu des ménages. En revanche, la concurrence en matière de TVA a été tuée par l’harmonisation imposée par les eurocrates de Bruxelles. Elle oscille entre 15% à Chypre (le meilleur de la classe) et 25% en Suède et au Danemark. Il reste un petit paradis fiscal qui échappe au dictat de Bruxelles : la Suisse avec sa TVA à 7,6%. Mais les Helvètes ont eu la prudence de ne pas entrer dans l’Union européenne !

L’Europe n’a plus les moyens de s’offrir un Etat-providence dispendieux dans la dure compétition mondiale. Elle s’est trompée lourdement sur le sens de l’histoire. Elle n’a vu dans la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, que la libération de ses frères de l’Europe de l’Est. Elle n’a pas compris que le vide créé par la fin de l’opposition stérile entre capitalisme et communisme, offrait une fantastique opportunité de développement aux nations du Tiers Monde.

La seule chance de survie de l'Europe est de baisser drastiquement ses prélèvements obligataires à 33% de son PNB. Atteinte par le vieillissement de sa population, elle n’a d’autre choix que de passer rapidement au système de retraite par capitalisation pour éviter qu’un jour des hordes de vieux se battent entre eux pour faire les poubelles. Ce sera le triste spectacle offert au reste du monde.

Des lecteurs compatissants se demanderont comment il se fait qu’un continent qui était la première puissance du monde en 1914 soit tombé du niveau qui était le sien jusqu’en 1989. Ils trouveront la réponse dans les archives du défunt journal Le Monde. (2) Pour ma part, le papier de ce journal m’est utile pour protéger le carrelage de la cuisine quand je sers la pâtée à ma chienne Orphée qui en laisse tomber un peu à côté de l’assiette.

Bernard Martoïa

(1) Archive du 20 novembre 2010 : « La saignée du tigre celtique ».

(2) Le Monde du 23 novembre 2010 : « Austérité : l’Europe à contresens », par Michel Aglietta et Lionel Jospin.



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