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27/7/10 Bernard Martoïa

Stress tests des banques : les cadavres ne sont pas sortis des placards !

"L'échec n'est pas seulement la punition de notre paresse : c'est aussi le succès des
                                              autres.
" Jules Renard         
 

Seulement sept banques sur les quatre-vingt onze sélectionnées ont échoué au test conduit par le Comité bancaire européen. Il s’agit de Hypo Bank en Allemagne, d’ATebank en Grèce et de Banca Civica, Diada, Unnim, Espiga et Cajasur en Espagne. Le Comité a divulgué la liste le vendredi 23 juillet à 18h, alors que toutes les bourses européennes étaient fermées. Cela en dit long sur le degré de confiance de l’autorité européenne de régulation à l’égard de son propre marché…

Aussi facile à réussir que le bac !

Le pourcentage de réussite est de 76%. Il est proche des 80% que j’ai pariés en le comparant au taux de réussite à notre baccalauréat, dont on connaît la valeur de nos jours. Dans cette partie de poker menteur avec le méchant Timothy Geithner qui en est l’instigateur, saluons le courage politique de Miguel Angel Fernandez Ordonez. Le gouverneur de la banque d’Espagne a forcé ses partenaires à jouer carte sur table : à savoir qu’il s’engageait à publier les résultats de chaque banque de son pays même si ses homologues ne le suivaient pas. C’est sa détermination et son audace qui ont contraint les Allemands et les autres dissimulateurs à jouer un peu la transparence.

Le test à l’effort imposé aux banques européennes n’a pas été vraiment rigoureux. Le Wall Street Journal résume bien le peu de considération qu’il éprouve à l’égard des Européens : « Pas si stressant que cela, donnez moi du valium grec s’il vous plait. » (1) Les défauts de paiement des dettes souveraines ont été écartés du test. Pourquoi les inclure quand on connaît l’aversion profonde des collectivistes à l’égard de l’aléa moral ? En refusant de couper les branches mortes, les Européens se sont condamnés à une longue période de stagnation. C’est aussi l’avis de Vaclav Klaus, le président de la République tchèque, pour qui l’euro condamne les cigales européennes. (2)

Le test portait uniquement sur la dette souveraine détenue par les banques dans leur activité de trading et qui ne représente que 1% de leur bilan. Il ignorait les 99% du bilan où figurent des bons du trésor grec arrivant à maturité, ou encore des obligations privées comme les subprime américains... Autant dire que les banquiers européens ne divulgueront jamais le nombre de cadavres qui résident à perpétuité dans leur chambre froide (hors bilan).

Faut-il croire à la résurrection du marché interbancaire européen ?

Depuis le syndrome de faillite de la Grèce, les dirigeants européens se sont raccrochés à ce test comme à la Sainte Vierge. Il fallait à tout prix démontrer la solvabilité des banques pour ranimer un marché interbancaire moribond. Mais le marché n’est pas dupe. Il n’y a pas eu de fort rebond des bourses européennes à l’ouverture, le lundi 26 juillet. Tout au mieux note-t-on un regain de l’euro qui repasse la barre de 1,30 contre le dollar.

Une histoire de cage en fer

Pour résumer l’affaire, les eurocrates ont enfermé les petits poissons dans une cage en fer pour les protéger des requins. La cage en question s’appelle le «fonds européen de stabilisation financière», qui a été créé le 8 juin 2010. Elle pèse mille milliards de dollars pour frapper les esprits américains. Chaque barreau de la cage coûte donc une fortune au pauvre contribuable européen.

Dans un premier temps, les requins ne vont pas se jeter bêtement sur la cage. Ils tiennent à leurs dents, même si celles-ci repoussent, contrairement à celles de tous les autres prédateurs. Les squales sont des animaux malins et patients. En attendant leur heure, ils tournent inlassablement autour de la cage.

Ils ont des motifs de se réjouir par avance. Le 13 juillet 2010, deux barreaux de la cage sont tombés au fond de la mer lorsque la dette du Portugal a été dégradée de deux crans. Puis un autre barreau est tombé le 19 juillet, lorsque la note de l’Irlande est passée de Aa1 à Aa2. Lorsque la brèche sera suffisante pour permettre à un requin de se faufiler dans la cage, on assistera impuissant à la curée des petits poissons.

En attendant ce jour fatidique, profitez-de vos congés payés par votre employeur pour passer vos dernières vacances heureuses au bord de la belle bleue. Soyez certain d’une chose : tout a une fin, y compris votre cher État-providence...

Bernard Martoïa

(1) « Not so stressful, pass the Greek valium, please!” Review & Outlook, Wall Street Journal du 24 juillet 2010.

(2) « L’euro condamne l’Union à la stagnation économique ! » sur www.claudereichman.com 



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