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17/10/10 | Bernard Martoïa |
Le Tea Party ne veut plus des politicards ni de la dette ! "Quand nous réalisons que nous sommes tous des imbéciles, les mystères disparaissent et la vie s'explique." Mark Twain A chaque crise économique, la réponse apportée est toujours la même : accroître inexorablement le pouvoir de l’État ! La dernière en date (15 septembre 2008) n’échappe pas à la règle mécanique de l’effet cliquet : deux crans en avant au plus fort de la tourmente boursière, avec le rachat massif des mortgage back securities (MBS) par la Fed pour un montant de 1000 milliards de dollars, et un en arrière quand la crise est passée. La dernière trouvaille de Bernanke Helicopter est de racheter périodiquement des bons du Trésor pour un montant de 100 milliards de dollars afin de soutenir une croissance moribonde. Mais la roue (taille du gouvernement) ne revient jamais au niveau ex ante. Telle est la dure réalité de la politique keynésienne que le Tea Party combat sans concession. Les intellectuels progressistes des deux côtés de l’Atlantique n’ont toujours pas compris l’essence de ce mouvement qui est toujours dépeint de façon caricaturale. « Des racistes puisqu’il n’y a presque que des Blancs dans ce mouvement» écrit Le Monde. Dans le New York Times du 12 avril 2009, Paul Krugman écrivait ceci : « The tea parties don't represent a spontaneous outpouring of public sentiment. They're AstroTurf (fake grass-roots) events.” (Les gens du Tea Party ne représentent pas une manifestation spontanée de l’opinion publique. Ce sont des plantes artificielles.). Seize mois plus tard, le magazine New Yorker pense que le Tea Party est instrumentalisé par les deux frères milliardaires Charles et David Koch qui sont, de longue date, des libertariens notoires. Le sous-titre de l’enquête est sans équivoque : « Les frères milliardaires qui mènent la guerre contre Obama. » (1) Les deux frères dirigent la société privée Koch Industries. En Amérique, une société privée est une société qui n’est pas cotée en bourse, par opposition à une société publique qui l’est. Dans un pays jacobin comme le nôtre, la notion de domaine public a été accaparé par l’État alors qu’il n’y pas de meilleure notion de domaine public qu’une société avec des millions d’actionnaires. Comprenne qui pourra ! Les frères Kock ont fondé plusieurs think tank pour disséminer leurs idées auprès du public américain, le plus notoire étant le Cato Institute. Il fallait bien réagir à la propagande socialiste. Les gauchistes s’offusquent quand leurs adversaires utilisent les mêmes armes qu’eux pour rétablir, au passage, quelques vérités. Mais le fond du problème n’est pas là : « Comment des gens cultivés peuvent croire que l’argent dépensé par deux frères soit à l’origine de ce mouvement populaire spontané ? » Il n’y aurait probablement pas eu de Tea Party sans l’élection de Barack Obama. Dès son accession à la Maison Blanche, j’écrivais qu’il était un crypto-socialiste et qu’il voulait révolutionner l’Amérique. Maintenant 55% des Américains en sont convaincus selon les derniers sondages. Une autre polémique, à laquelle je n’ai jamais voulu participer, concerne son lieu exact de naissance : «Est-il bien né sur le sol américain (Hawaï) ou au Kenya comme le pensent certains ? » Sa mère aurait accouché au Kenya et aurait « régularisé » sa naissance après coup… Certains s’offusquent que l’on puisse en douter car cela remet en question sa présidence. Le président des États-Unis doit être impérativement né sur le sol américain. Arnold Schwarzenegger, qui ne manque pas d’ambition, aimerait que cette clause constitutionnelle soit abrogée. Il est né en Autriche et ne peut donc prétendre accéder à la marche suprême. Ne donnons pas à nos ennemis le choix du terrain de combat en désignant Obama comme la prétendue victime d’intérêts occultes. Son problème à lui c’est qu’il ne sait toujours pas ce qu’il doit faire pour résoudre les problèmes considérables de son pays. Nul doute que l’avion Air Force One est fortement sollicité, en ce moment, pour répandre la bonne parole auprès des ouailles en proie au doute à l’approche des élections du 2 novembre. Mais une grande agitation ne comblera jamais l’absence d’une vision cohérente. Les Français en savent quelque chose depuis un certain 6 mai 2007… Il n’y aurait pas eu non plus de Tea Party si la dette de l’État fédéral n’avait triplé en une décennie. Les contribuables américains peuvent remercier Bush fils pour son désir de gloriole au Moyen-Orient et Obama pour son plan de relance keynésien… Est-ce de la démagogie que de réclamer une réduction drastique des déficits budgétaires pour éviter la banqueroute du pays ? Est-ce outrancier de réclamer une limitation de légiférer, de taxer et de redistribuer pour sauver ce qui reste encore des libertés individuelles et de l’épargne acquise difficilement par le travail ? Seuls les veaux gavés par la propagande officielle resteront d’un avis contraire. C’est le triste spectacle donné en France par des lycéens manipulés par des professeurs sans scrupule pour le maintien de privilèges auxquels ils ne peuvent plus prétendre en raison de la détérioration de nos finances publiques. Bernard Martoïa (1) New Yorker du 30 août 2010 : « Covert Operations », par Jane Mayer.
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