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11/4/11 | Laurent Artur du Plessis |
Libye : faire
la guerre sans la faire à fond ! Il est impossible aux forces occidentales engagées en Libye d’éviter les bavures. Le 1er avril, 9 rebelles et 4 civils tués par l’aviation occidentale qui a essuyé des tirs de joie de mitrailleuse à balles traçantes. Le 7 avril, 2 insurgés tués et une dizaine de blessés, un char rebelle ayant été détruit par l’aviation occidentale qui l’a pris pour un blindé des forces loyales à Kadhafi. En outre, les tirs de missiles sur les centres de communication et autres installations stratégiques de l’armée de Kadhafi, souvent situés au cœur des villes, ont forcément fait des victimes parmi les civils du proche voisinage. Les civils, boucliers humains Des bavures, il pourrait y en avoir beaucoup plus, vu les conditions de cet engagement militaire. D’autant que les forces de Kadhafi se sont adaptées, en se déplaçant avec des 4×4 Toyota semblables à ceux des insurgés et des véhicules civils. Leurs chars roulent la nuit. Les militaires loyalistes se font souvent accompagner de civils qui leur servent de boucliers humains. Il est d’autant plus difficile pour l’aviation occidentale d’identifier ses cibles qu’elle ne peut voler à basse altitude à cause des tirs possibles de missiles sol-air. Les militaires kadhafistes s’embusquent dans les villes, au milieu des civils. Leurs chars et leurs camions lance-roquettes sont embossés dans des cours, des ruelles. Les hélicoptères, qui pourraient les attaquer avec précision, ne peuvent cependant pas être utilisés car ils seraient vulnérables aux mitrailleuses doubles ou quadruples de calibre 13,87 millimètres de fabrication russe, aux lance-grenades antichars portatifs… Faire la guerre, mais pas à fond Voilà l’impossible mission du « soldat de la paix » : il doit faire la guerre, mais pas à fond. Aussi la fait-il mal. Faire la guerre à fond implique forcément des bavures sur les civils et aussi les combattants alliés. Cela implique aussi l’engagement de troupes au sol (pas seulement des forces spéciales) pour compléter l’action aérienne. Aussi le conflit libyen s’enlise-t-il. Les rebelles, inexpérimentés, inorganisés et mal armés, piétinent. Soldat de la paix : un concept chimérique Cela fait écho au conflit afghan, en ce sens que les forces occidentales y sont, là aussi, handicapées par les impératifs de la guerre humanitaire. Chaque « dommage collatéral » y est monté en épingle par les talibans et le gouvernement Karzaï. Les insurgés utilisent fréquemment les villageois comme boucliers humains. D’où une extrême retenue des Occidentaux dans la conduite de leurs opérations aériennes et terrestres qui en réduit l’efficacité. L’Occident ne pourra pas continuer éternellement à se lancer dans des
guerres – fort coûteuses – en se liant les mains. En ces temps de crise
économique et de multiplication des conflits, le concept de soldat de la
paix est appelé à être remis en question. C’est un concept chimérique, en
forme d’oxymore – un soldat a vocation à faire la guerre – qui deviendra de
plus en plus inapplicable.
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