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25/5/10 | Michel de Poncins |
Après le mur de l’Atlantique, la barrière de papier ! Pour prétendument lutter contre les déficits publics, le pouvoir s'applique à élever une barrière de papier. Depuis au moins une génération, à savoir 36 ans, les gouvernements de la vraie gauche ou de la fausse droite fraternellement unis ont creusé ces déficits publics avec un plaisir évident, puisqu'ils tiraient leur gloire et leur richesse personnelle de la rivière argentée des dépenses publiques. Ne voulant absolument pas pour des raisons bien connues réduire d'une façon drastique les flots tumultueux de ces déficits publics, bien que devant et pouvant le faire, le pouvoir français d'aujourd'hui se préoccupe avec une lenteur calculée d'édifier, pour soi-disant les combattre, une barrière de papier : il s'agit de l'inscription dans la Constitution de l'interdiction des déficits. Il est question d'une règle « obligeant chaque nouveau gouvernement à se fixer en début de mandat une trajectoire de réduction des déficits sur cinq ans ». La trajectoire doit atterrir dans le délai le plus lointain possible aux critères de Maastricht, qui sont en eux-mêmes des critères de ruine : honneur à celui qui a inventé l'utilisation poétique du terme de « trajectoire » ! Ce serait follement drôle si l'on ne pensait pas au peuple français qui, à cause notamment de ces déficits, tombe progressivement par tranches successives dans des trappes de pauvreté. Le tout se passe dans un ballet diplomatique qu'il n'est pas possible de décrire tant il est compliqué. Il paraîtrait que ce projet plaît à l'Allemagne qui l'a déjà fait et en tire quelque fierté. Or ce pays que l'on présente comme vertueux est finalement presque aussi vicieux que les autres ! D'abord, dans le désordre incroyable des comptes publics en France, personne, et pas même les énarchos-socialos les plus prétentieux avec les meilleurs ordinateurs, ne peut définir clairement ce qu'est un déficit public. Le méli-mélo de l'Etat, de ses innombrables succursales, des collectivités, des autorités administratives indépendantes avec des comptes enchevêtrés est tel que ces comptes sont aussi sombres qu'un volcan islandais en éruption. Asseoir un document juridique sur une donnée aussi incertaine c'est aller à un échec, probablement volontaire. Ensuite, les délais pour réaliser le projet d'inscription sont longs, coûteux et incertains dans leur perspective. Si la disposition était votée, il y aurait après des formalités lourdes telles que des lois organiques, et aussi beaucoup de recours possibles. Tout le monde sait que les lois de finances ne sont jamais appliquées. Des lois rectificatives interviennent après coup et il existe une foule de combines pour dépenser au hasard du bon plaisir momentané des politiques, ne serait-ce qu'en créant des organismes nouveaux ou des fonctions nouvelles lourds de menaces potentielles. La description des projets s'appuie sur la distinction entre les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement, celles-ci devant être épargnées ! C'est sous-entendre qu'un déficit dû à la deuxième catégorie serait bénéfique. Nous voici en plein arbitraire et en pleine difficulté de délimitation, comme signalé plus haut : il n'y a jamais de bonnes dépenses publiques. Le projet de barrière de papier est l'un des résultats de la « conférence nationale des déficits publics ». L'habitude des divers pouvoirs en France est de lancer des « parlottes » pour soi-disant essayer de corriger les calamités qu'ils créent eux-mêmes : assises, état généraux et mêmes « grands messes (sic) » se succèdent de tous les côtés sans aucun effet pratique sinon l'effet de ruine. La question vitale des déficits n'y échappe pas. Autour de la table se sont retrouvés entre eux des gens qui creusent tous les jours les déficits et ne veulent surtout pas que l'on y touche, sans évidemment l'avouer jamais. Malgré sa demande justifiée, l'association « Contribuables Associés » n'a pas été conviée ! Sans rire du tout, un rapport officiel préconise de viser l'équilibre vers 2020 ! Pour bien montrer que tout cela n'est qu'un amusement, la presse, en rendant compte de la parlotte, a indiqué que le président ne voulait pas perdre son sang-froid. En effet, personne ne s'affole puisque compte tenu des délais le dispositif ne s'appliquerait qu'à partir de 2012 ! Certes, ce n'est pas la première fois dans l'histoire que « le roi s'amuse ». Dans le système énarcho-socialo, c'est au détriment du peuple et en particulier des plus pauvres Michel de Poncins
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