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2/3/11 | Michel de Poncins |
L’Etat
boursouflé est responsable de notre déficit commercial ! Voici de nouveau les chiffres de la balance commerciale qui viennent de tomber. En 2010, le déficit a atteint 51,4 milliards d'euros. En 2008, le déséquilibre était selon les douanes de 55,14 milliards d'euros. En 2009 il était moindre, à 43,03 milliards. 2010 est la huitième année négative. Les pouvoirs publics s'en émeuvent mais ne font pas repentance pour la cause unique de ce malheur, à savoir le poids insupportable des impôts et charges dont ils sont seuls responsables et qui détruisent la compétitivité des entreprises et donc leur capacité à exporter. Indépendamment de ce fait, c'est le lieu de rappeler que le commerce
extérieur, avec une sorte de sacralisation, est l'un des carrefours où se
croisent bien des idées fausses. C'est sans doute le même état d'esprit qui inspire l'étrange assemblage formé par le pouvoir chinois communiste avec la découverte des bienfaits du capitalisme. En laissant sa monnaie se sous-évaluer, il crée et entretient des fonds souverains d'une ampleur fabuleuse qui deviennent une force de frappe économique, voire demain militaire. Dans l'opinion publique en France, circule l'idée que l'euro serait responsable du déséquilibre de la balance commerciale. Étant dans son historique et encore actuellement un reflet du mark, il freinerait par un cours trop élevé nos exportations. Il en résulte deux idées concomitantes. D'abord le rêve d'une politique économique européenne commune qui réaliserait la quadrature du cercle, c'est-à-dire la gestion d'une monnaie commune à des pays forts différents. Ce projet enchante tous les gouvernements, toujours avides d'accroître sans cesse leurs pouvoirs. Or un accroissement de la politique économique européenne serait contraire à l'augmentation de la richesse des nations correspondantes : toute extension du pouvoir économique des États détruit cette richesse. Une autre idée fleurit ici ou là : sortir de l'euro. L'euro a été certes
une catastrophe à commencer par les coûts de sa création, dont l'importance
fut masquée adroitement par les pouvoirs de l'époque : cet argent détruit ne
se retrouvera jamais, ni non plus les intérêts qu'il aurait générés. Un
autre effet de ruine provient de l'acharnement des divers pays à « sauver »
l'euro en subventionnant les pays « vicieux », quitte à ruiner les pays
encore, bien que modérément, vertueux. Sortir de l'euro ne semble guère praticable dans l'état actuel des
choses. En revanche sortir de l'Europe serait parfaitement possible avec
tous aménagements nécessaires. La sacralisation de la balance commerciale conduit à plusieurs autres conséquences négatives. D'abord la résurgence du protectionnisme, même si cela ne mène pas forcément jusqu'à des droits de douane réels ou sournois. Nous lisons couramment que si la balance n'est pas bonne, c'est la faute aux PME. De ce fait, le gouvernement imagine une jungle nouvelle de dispositifs pour encourager ces PME à exporter, même si elles n'y ont pas intérêt. Le résultat est une couche supplémentaire d'impôts et de réglementations amplifiant l'usine à gaz universelle au détriment justement de la compétitivité. Inévitablement on retrouve le souci de favoriser la négociation de grands contrats. Quand il y a un succès ou, comme souvent, une simple apparence de succès, les signataires du plus haut niveau se parent des plumes du paon, ce qui explique leur volonté de s'en mêler. Malheureusement c'est souvent une victoire à la Pyrrhus. Les paiements sont échelonnés sur des années et chaque tranche peut être l'objet d'un chantage allant jusqu'à mettre en jeu les affaires étrangères du pays. La compromission avec d'horribles tyrans dans toute la planète s'explique souvent de la sorte. Pour terminer il faut rappeler que cette sacralisation a pour effet une
hypertrophie supplémentaire de l'appareil d'État, déjà gonflé jusqu'à
l'éclatement. Nous avons un secrétaire d'État auprès de la ministre de
l’économie, des finances et de l’industrie, chargé du commerce extérieur, du
nom de Pierre Lellouche. Mais partout, dans tous les ministères et échelons
jusque très bas dans l'appareil d'État, le commerce extérieur justifie des
boursouflures étatiques, avec toutes les conséquences négatives habituelles.
En Suisse, le franc, monnaie nationale, est pour des raisons diverses considéré comme une monnaie refuge, ce qui le propulse régulièrement vers le haut. La richesse des Suisses en tire un double avantage. Les entreprises sont sans cesse poussées à améliorer leurs processus : c'est pourquoi plusieurs leaders mondiaux sont nés dans ce petit pays. Les Suisses épargnent beaucoup, ce qui est facteur et signe de richesse : la population et les entreprises disposent d'une monnaie leur permettant d'acquérir des biens d'investissement d'une façon favorable. Michel de Poncins
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