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5/1/11 | Michel de Poncins |
Le délire fiscal continue ! Voici donc le budget 2011 : rien de neuf sinon la poursuite des impôts, des déficits et des mensonges. Selon certains calculs, les ménages et entreprises paieraient 13 milliards d'euros de plus. C'est très inférieur à la réalité, laquelle échappe à tout calcul sérieux, vu l'ouragan des nouveaux impôts et leur formidable complexité. Voici un énoncé partiel : hausse de la TVA sur l'accès Internet, taxation des plus-values immobilières, suppression des allégements de charges pour les entreprises, pour les emplois à domicile suppression de l'abattement de 15 points sur les cotisations patronales pour les ménages déclarant leur employé au salaire réel, suppression des déclarations de revenus multiples l'année du mariage qui permettait dans certains cas de réduire les impôts, relèvement de la tranche la plus élevée d'impôt sur le revenu de 40 % à 41 %, coup de rabot de 10 % sur 22 prétendues niches, augmentation de l'ISF dans certains cas, variation de nature fiscale du prix de l'électricité, etc. Il est nécessaire aussi de citer les médicaments remboursés à 35 % qui ne le seront plus qu'à 30 %. Certes, il pourrait être objecté qu'il s'agit de la sécurité sociale et non du budget général. Nous savons tous que dans le système quasi collectiviste que nous connaissons tous les comptes sont connectés entre eux et que tout est bon pour remplir les caisses de cet État perpétuellement impécunieux par nature. Les prétextes Nous arrêtons cette énumération scandaleuse, et il est important maintenant d'énoncer les prétextes et de débusquer les mensonges. Il est question de crise : c'est une manœuvre habile pour faire croire aux gens, tam-tam médiatique aidant, qu'il leur faut se serrer la ceinture devant une nécessité échappant au pouvoir. Or, en fait, c'est bien à cause de l'action meurtrière des politiques de tous bords, y compris depuis 2007, que la France connaît des difficultés : ces politiques écrabouillent l'économie par leur activisme forcené et leurs folles dépenses personnelles et publiques. La réduction des déficits est aussi invoquée. C'est un mensonge, puisqu'après trente ans de déficit l'on prévoit encore un déficit de 3% du PIB, et pas avant 2013, ce qui est un objectif vraiment nul. Le seul objectif raisonnable serait de viser, comme certains pays le font avec succès, un surplus budgétaire, ce qu’il était possible de réaliser très vite en 2007. Tout déficit public même réduit aggrave l'endettement phénoménal que la France traîne comme un boulet et qui dépasse largement les 1 570 milliards annoncés officiellement. Parmi les prétextes en forme de contre vérités, il y a le jeu des fausses équations. Voici l'une d'entre elles : réduire les déficits permettrait de relancer la croissance, laquelle ensuite par ses effets bénéfiques permettrait de rembourser l'endettement, accru précisément par la réduction des déficits : bonjour les calendes grecques ! Si le pouvoir actuel reste dans l'histoire, ce sera comme un champion de la fiscalité galopante et délirante. Le retour de la corvée Entre autres innovations il a inventé le retour de la corvée, ce que peut-être nous sommes les seuls à souligner. Il s'agit de la taxe sur les imprimés papiers qui est payée par les entreprises. Passons sur le nuage de complications inhérentes à une telle prétention. L'impôt peut être payé en nature, ce qui est bien l'équivalent de la corvée. Si les entreprises veulent y échapper, elles doivent allouer des espaces publicitaires dans des panneaux ou dans des journaux en vue de promouvoir des messages environnementaux : inutile de dire qu'aucun juriste sensé ne peut savoir ce qu'est un « message environnemental ». Indépendamment de ce point, l'inventivité fiscale est délirante et les mensonges omniprésents. Un exemple est celui des niches fiscales que l'on présente comme des abus, alors qu'il s'agit d'exonérations fiscales tout à fait normales, correspondant à une volonté politique de l'époque où elles ont été crées, et que le gouvernement Sarkozy-Fillon en a lui-même institué plusieurs : le coup de rabot est donc bien un impôt. A relever la valse hésitation dans ce domaine : on en parle depuis des mois, de sorte que des conseillers financiers se sont activés avant le budget pour préconiser des politiques d'investissement sur de simples « probabilités » de rabot. Que valent des investissements fondés sur de telles hypothèses ? Le bouclier fiscal est un autre exemple de l'inventivité permanente, puisqu'il se trouve écorné avec des calculs complexes, cela pour masquer en fait une simple ruse visant à aggraver la fiscalité. Chemin faisant, est transmis une nouvelle fois le message suivant, qui est d'une extrême gravité : personne dans ce système en déroute ne peut jamais faire confiance à une promesse publique. Certains commentateurs s'étonnent de cet ouragan fiscal, et les prétendus opposants politiques font chorus, alors qu'ils ont fait de même et le feraient encore s'ils obtenaient le pouvoir. C'est une erreur de s'étonner : les prédateurs publics dans leur ensemble, agissant pour prélever un minimum de 56% de la richesse nationale, à la fois pour leur richesse propre et pour leurs politiques abusives, n'ont pas d'autre choix que d'entretenir et de rafistoler une usine à gaz invivable pour les contribuables, avec pour conséquence logique la paupérisation générale. Créer un surplus budgétaire Il existe certes heureusement un chemin de salut bien balisé, non pour s'attacher à la réduction des déficits publics, mais pour obtenir enfin un surplus budgétaire : suppression rapide et massif des privilèges financiers des politiques et de leurs accompagnateurs multiples, suppression complète d'une immense quantité de subventions, suppression totale d'une foule d'administrations inutiles, libération fiscale et sociale des forces productives privées, cela avec bien d'autres actions. L'analyse objective conduit à constater que personne dans la classe politique visible n'est désireux ni capable de réaliser un tel programme. Pour y parvenir, il faudra un changement majeur de personnel politique, avec un véritable gouvernement de salut public. Hélas, le système est terriblement verrouillé au sommet sur fond d'élections trafiquées. Il est à craindre que si une force « libératrice » arrive enfin, ce ne soit que dans un très grand fracas. Michel de Poncins
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