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    7/4/11 | Michel de Poncins | 
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	Les écolos nous pompent l’air ! Il faut dire et répéter, pour ceux qui ne le savent pas, que si le 
	socialisme détruit toutes les industries ou les chasse ailleurs, il existe 
	une fabrication qu'il n'arrête pas, c'est celle des phrases idiotes : nous 
	avons à ce sujet des listes mémorables. Avec l'éco-folie que nous 
	connaissons, il se produit un autre phénomène : c'est la généralisation de 
	véritables fables conduisant à la perversion du langage. Si l'on a échappé à l'illettrisme organisé officiellement par la prétendue éducation nationale, il est facile de savoir que l'adjectif « durable » désigne quelque chose qui est « de nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance ». Tel est l'usage commun du vocable. Cette conviction des honnêtes gens est tout à fait balayée par la logomachie officielle actuelle. Le terme « durable » s'attache désormais à ce que la secte des écolos accepte par ses décrets de désigner comme tel. Le décret est sans appel dès lors que des grands prêtres de la nouvelle religion ont rendu leur verdict. Parmi eux se trouvent Jean-Louis Borloo et Nicolas Hulot. Les décrets sont parfois surprenants et contradictoires. C'est ainsi que l'électricité est devenue une ennemie publique pour des raisons tout à fait incompréhensibles : la « fée électricité », qui avait aidé les hommes à vivre en mettant de la clarté dans l'obscurité sans se confier au hasard des chandelles, se trouve bannie et condamnée. La fable se reflète au niveau des gouvernements. Nous avons une dame, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui est ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement et se désigne fièrement comme l'organisatrice de la fameuse semaine. La perversion du langage a fait son œuvre. Un des prédécesseurs de cette dame avait dit que son premier travail serait de savoir ce qu'est un « développement durable ». La dame en poste aujourd'hui ne semble plus avoir d'incertitudes, la coalition des intérêts et la naïveté générale étant passées par là. Il existe dans beaucoup d'autres pays des ministères semblables, car serait trop triste de camper seul dans la fable. Remarquons d'ailleurs en passant que le terme même de développement a une signification tout à fait incertaine, au plan économique, dans la langue française telle qu'on la connaît. L'ajout de l'adjectif « durable » ne fait qu'augmenter l'intensité de la fable et la perversion du langage. Le business se baigne dans ces eaux troubles tout simplement parce que le public est tellement conditionné par la presse et les médias aux ordres que n'importe quel produit se vend mieux s'il est qualifié de « durable ». Si les gouvernements ont des ministres du développement durable, les grandes firmes s'engagent dans la même direction avec très souvent un directeur du développement durable (DDD pour les intimes) qui appartient au comité de direction. Les écoles s'y mettent et une école de commerce a ouvert une filière « gestion et développement durable », justement pour offrir une chance de décrocher un job dans la filière des DDD. La firme Renault, pour vanter une nouvelle gamme de voitures, indique 
	dans un grand journal : « Le développement durable n'est pas une simple 
	posture, c'est une nécessité pour préserver l'avenir de notre planète ». 
	Nous pensions humblement qu'une voiture était un objet destiné à vous porter 
	sans trop de danger en temps et en heure d'un lieu à un autre : la voilà 
	chargée d'assurer l'avenir de la planète ! Le mot « environnement » est aussi l'un des nouveaux vocables. La Constitution comporte une charte de l'environnement qui s'efforce d'une façon pathétique de définir l'indéfinissable. Telle qu’elle est, cette charte est surtout un moyen offert aux écolos d'étendre leur influence au nom du monopole de l'amour de la nature qu'ils se sont attribué. Nous lisons : « Les grands groupes s'éloignent parfois de leur métier pour promouvoir l'environnement ». Il est fort inquiétant pour les actionnaires, grands, moyens ou modestes, de voir les grands groupes s'engager ainsi dans une promotion pour une sorte de fantôme. Voici d'ailleurs que « la Bourse se veut aussi de plus en plus 
	éco-responsable », et il y a des fonds « socialement responsables ». Le 
	terme « socialement » s'ajoute à la panoplie. Dans la même ligne, nous 
	lisons que la finance investit « pour un monde meilleur ». Or vendre des 
	produits ou services convenant à la clientèle semble la seule action pour un 
	monde meilleur qu'un entrepreneur peut et doit engager, sans que les écolos 
	interviennent en quoi que ce soit. Le bonus-malus écologique est un autre 
	exemple célèbre de la perversion du langage. Qui peut vraiment prétendre que 
	tel ou tel modèle de voiture est bon ou mauvais pour l'environnement, sinon 
	ceux qui se saisissent du monopole abusif de la parole. Signalons le bilan 
	carbone, qui prétend mesurer les émissions de CO2 dont les personnes ou les 
	groupes sont responsables. Ce CO2 est devenu aussi de son côté un ennemi 
	public ! Terminons par le conte assez désopilant des taxis verts et des taxis bleus. Si vous commandez à Paris un taxi bleu, une voix suave vous dira que vous allez avoir un taxi vert, car les taxis bleus participent à la lutte pour l'environnement. Soit. Un peu perplexe vous attendez votre taxi vert et vous voyez arrivez une Mercédès toute noire. Dialogue avec le chauffeur : « Je m'attendais à une voiture de couleur verte » « Vous n'y êtes pas : le point important est que mon taxi respecte l'environnement » « Fort bien. Mais que viennent faire les taxis bleus ? » « Cher Monsieur, c'est la maison-mère des taxis verts et leurs propres taxis sont différents! » On ne peut que conclure que la flotte immense des taxis bleus ne respecterait pas l'environnement. Nous savions bien, de toute façon, que le verdissement du langage n'a aucune importance et que personne ne pourra jamais savoir ce qu'est l'environnement. ! Michel de Poncins 
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