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13/9/10 Michel de Poncins

Les politiciens dansent sur un parquet pourri !

Le trait marquant de cet été pluvieux aura été la vacance du pouvoir, lequel est aux abonnés absents sur fond de désastre permanent. En faisant publiquement l'annonce d'un prochain remaniement ministériel, M. Sarkozy a déclenché les plus puissants appétits, d'une part de ceux qui lorgnent les places des ministres partants, et d'autre part de ces futures « victimes » qui ne pensent qu'à réserver leurs arrières : ne jamais oublier que le droit à un reclassement fastueux sur fonds publics est une part inestimable de la richesse de ces gens. Le désordre s'installe donc dans les deux gouvernements, puisque depuis 2007 la France à deux gouvernements, l'un à l'Élysée et l'autre à Matignon. Il s'étend en cascades dans les effectifs des cabinets, effectifs pléthoriques malgré quelques coups de ciseau.

Quelle peut être l'autorité du malheureux Premier ministre quand il voit plusieurs de ses ministres se déclarer officiellement « premiers ministrables » ?

La farce de l’élection de 2012

S'ajoute l'incroyable farce de la prochaine élection présidentielle, en 2012. Les candidats potentiels ont pratiquement tous le même programme, à savoir continuer la ruine de la France sous des formes diverses, sans que personne n'abandonne rien du formidable statut des hommes politiques qui leur permet de mener la vie à grandes guides sur le dos des contribuables. Dans ce jeu pervers, la stratégie des divers candidats potentiels est très simple : malgré l'uniformité des programmes, il faut à tout prix se distinguer des autres candidats potentiels en prenant des postures différentes.

C'est particulièrement visible au parti socialiste où chacun essaie de se démarquer de ses concurrents en disant ou laissant dire le contraire de ce qu'ils disent, et c'est également évident dans le parti de la majorité. M. de Villepin lui-même rentre dans le jeu en affirmant, sans rire, que la politique du président concernant la sécurité est une honte pour la France (!) : or il n'y a pas de politique sécuritaire du président puisque l'insécurité a grandi d'une façon terrifiante depuis 2007, il y a seulement des gesticulations verbales et électoralistes.

Cette quasi-absence du gouvernement pourrait finalement réjouir les Français. Les économistes et bien d'autres savent en effet que l'activisme brouillon des 38 ministres ou ministricules, ainsi que des élus, est largement à l'origine des calamités désastreuses qui frappent les Français.

La déferlante des lois

Le déferlement indéfini des lois est comparable aux mines antipersonnel qui éclatent sous les pas du promeneur dans certaines régions du globe. En France, il est impossible d'exercer quelque activité que ce soit sans courir le risque d'être englouti par ce véritable tsunami législatif. La déferlante n'est pas du tout due au hasard ou à la nécessité, mais simplement à la volonté ardente des politiques.

L'esclavagisme par la loi est tellement ancré dans les esprits que les journalistes n'hésitent pas à parler de « vide juridique » quand une nouvelle activité n'est pas « encadrée ». Il y a au moins 61 codes, avec 10 millions de mots. En plus des lois, il y a les décrets d'application, les circulaires et les interprétations jurisprudentielles. Le désordre est si total que personne ne sait où se trouve la loi. L’incertitude juridique, avec ses innombrables et puissants recours, est totale et peut se prolonger sur des années.

Il y a peu, le Premier ministre lui-même avait inventé un système invraisemblable de notation des ministres. Sur quoi les notait-il ? Sur leur aptitude à fabriquer de nouvelles lois. Ce trait de génie s'est éteint comme la fusée retombante d'un mauvais feu d'artifice.

Malgré cette absence du gouvernement, la déferlante des lois continue en sourdine. C'est ainsi que nous avons, pour le malheur de cette activité, un secrétaire d'État au logement, M. Benoist Apparu. Il réfléchit publiquement à une modification du dispositif Scellier. Rappelons que le logement voit se succéder depuis des années une foule de dispositifs qui, par nature, ne peuvent jamais marcher. Il en était ainsi du dispositif Robien, et maintenant nous avons le dispositif Scellier, qui va précisément être aménagé. Quand ces gens comprendront-ils qu'il faut libérer le logement et non pas l'asservir à des « dispositifs », annonciateurs épouvantables de galaxies d'usines à gaz administratives ?

La prétendue réforme des retraites

Une autre activité remplit l'espace public, à savoir la prétendue réforme des retraites. Nous disons bien que c'est une prétendue réforme, puisque que la seule réforme valable, à savoir l'introduction de la retraite par capitalisation, est formellement exclue par le pouvoir aux ordres des syndicats qui n'en veulent absolument pas et le font savoir.
Dans cette tragi-comédie ridicule, telle que les politiques en raffolent, le gouvernement soutient mordicus son anodin projet afin de pouvoir clamer le moment venu qu'il aura réformé les retraites. Or s'il arrive à faire voter le recul de l'âge légal à 62 ans en
2018 (!), cela n'aura qu'un effet minime sur l'écroulement annoncé et progressif des retraites du privé.

Pour les contreparties qu'il concèdera, il n'y a pas lieu d'être optimiste. Rappelons-nous la soi-disant victoire pour les régimes spéciaux. Cette réforme n'avait aucun intérêt : malgré le scandale de ces régimes, la réforme ne rapportera aucune somme d'argent au régime général, les maigres ressources éventuellement ramassées devant se perdre dans les méandres du désordre étatique. Le pouvoir a annoncé qu'il avait réformé ces régimes. Or, il a été démontré que les syndicats avaient obtenu des avantages considérables et immédiats contre une simple promesse d'alignement en 2016. A ce titre l'exemple d’EDF est très parlant.

C'est pour cette raison qu'il faudra que les associations spécialisées détricotent attentivement, pour l'information de tous, les avantages que les syndicats vont arracher dans les négociations en cours que le pouvoir a la faiblesse de mener sous la pression de la rue.
 

En attendant, tout le monde suppose que le ministre en charge, après avoir obtenu une victoire à la Pyrrhus, fera valoir son droit acquis au reclassement, lequel devra être à la hauteur de la montagne de secrets qu'il est le seul à vraiment bien connaître.

La danse devant le buffet

Tout rentrera alors dans l'ordre. Les multiples acteurs poursuivront jusqu'en 2012 leur danse devant les buffets biens garnis de la « République Fromagère » (R.F.), ceci grâce aux ressources sans limites des inépuisables déficits publics. Le parquet où glissent les danseurs repose sur un vrai château de cartes, car les financiers savent que n'importe quoi peut le faire s’effondrer : hausse des taux d'intérêts, dégradation de la note de la France, scandale politico-financier de grandeur insupportable. Quand cela se produira-t-il ? Dieu seul le sait.

Michel de Poncins




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