Les politiciens dansent sur un parquet
pourri !
Le trait marquant de cet été pluvieux aura été la vacance du pouvoir,
lequel est aux abonnés absents sur fond de désastre permanent. En faisant
publiquement l'annonce d'un prochain remaniement ministériel, M. Sarkozy a
déclenché les plus puissants appétits, d'une part de ceux qui lorgnent les
places des ministres partants, et d'autre part de ces futures « victimes »
qui ne pensent qu'à réserver leurs arrières : ne jamais oublier que le droit
à un reclassement fastueux sur fonds publics est une part inestimable de la
richesse de ces gens. Le désordre s'installe donc dans les deux
gouvernements, puisque depuis 2007 la France à deux gouvernements, l'un à
l'Élysée et l'autre à Matignon. Il s'étend en cascades dans les effectifs
des cabinets, effectifs pléthoriques malgré quelques coups de ciseau.
Quelle peut être l'autorité du malheureux Premier ministre quand il voit
plusieurs de ses ministres se déclarer officiellement « premiers
ministrables » ?
La farce de l’élection de 2012
S'ajoute l'incroyable farce de la prochaine élection présidentielle, en
2012. Les candidats potentiels ont pratiquement tous le même programme, à
savoir continuer la ruine de la France sous des formes diverses, sans que
personne n'abandonne rien du formidable statut des hommes politiques qui
leur permet de mener la vie à grandes guides sur le dos des contribuables.
Dans ce jeu pervers, la stratégie des divers candidats potentiels est très
simple : malgré l'uniformité des programmes, il faut à tout prix se
distinguer des autres candidats potentiels en prenant des postures
différentes.
C'est particulièrement visible au parti socialiste où chacun essaie de se
démarquer de ses concurrents en disant ou laissant dire le contraire de ce
qu'ils disent, et c'est également évident dans le parti de la majorité. M.
de Villepin lui-même rentre dans le jeu en affirmant, sans rire, que la
politique du président concernant la sécurité est une honte pour la France
(!) : or il n'y a pas de politique sécuritaire du président puisque
l'insécurité a grandi d'une façon terrifiante depuis 2007, il y a seulement
des gesticulations verbales et électoralistes.
Cette quasi-absence du gouvernement pourrait finalement réjouir les
Français. Les économistes et bien d'autres savent en effet que l'activisme
brouillon des 38 ministres ou ministricules, ainsi que des élus, est
largement à l'origine des calamités désastreuses qui frappent les Français.
La déferlante des lois
Le déferlement indéfini des lois est comparable aux mines antipersonnel qui
éclatent sous les pas du promeneur dans certaines régions du globe. En
France, il est impossible d'exercer quelque activité que ce soit sans courir
le risque d'être englouti par ce véritable tsunami législatif. La déferlante
n'est pas du tout due au hasard ou à la nécessité, mais simplement à la
volonté ardente des politiques.
L'esclavagisme par la loi est tellement ancré dans les esprits que les
journalistes n'hésitent pas à parler de « vide juridique » quand une
nouvelle activité n'est pas « encadrée ». Il y a au moins 61 codes, avec 10
millions de mots. En plus des lois, il y a les décrets d'application, les
circulaires et les interprétations jurisprudentielles. Le désordre est si
total que personne ne sait où se trouve la loi. L’incertitude juridique,
avec ses innombrables et puissants recours, est totale et peut se prolonger
sur des années.
Il y a peu, le Premier ministre lui-même avait inventé un système
invraisemblable de notation des ministres. Sur quoi les notait-il ? Sur leur
aptitude à fabriquer de nouvelles lois. Ce trait de génie s'est éteint comme
la fusée retombante d'un mauvais feu d'artifice.
Malgré cette absence du gouvernement, la déferlante des lois continue en
sourdine. C'est ainsi que nous avons, pour le malheur de cette activité, un
secrétaire d'État au logement, M. Benoist Apparu. Il réfléchit publiquement
à une modification du dispositif Scellier. Rappelons que le logement voit se
succéder depuis des années une foule de dispositifs qui, par nature, ne
peuvent jamais marcher. Il en était ainsi du dispositif Robien, et
maintenant nous avons le dispositif Scellier, qui va précisément être
aménagé. Quand ces gens comprendront-ils qu'il faut libérer le logement et
non pas l'asservir à des « dispositifs », annonciateurs épouvantables de
galaxies d'usines à gaz administratives ?
La prétendue réforme des retraites
Une autre activité remplit l'espace public, à savoir la prétendue réforme
des retraites. Nous disons bien que c'est une prétendue réforme, puisque que
la seule réforme valable, à savoir l'introduction de la retraite par
capitalisation, est formellement exclue par le pouvoir aux ordres des
syndicats qui n'en veulent absolument pas et le font savoir.
Dans cette tragi-comédie ridicule, telle que les politiques en raffolent, le
gouvernement soutient mordicus son anodin projet afin de pouvoir clamer le
moment venu qu'il aura réformé les retraites. Or s'il arrive à faire voter
le recul de l'âge légal à 62 ans en
2018 (!), cela n'aura qu'un effet minime sur l'écroulement annoncé et
progressif des retraites du privé.
Pour les contreparties qu'il concèdera, il n'y a pas lieu d'être optimiste.
Rappelons-nous la soi-disant victoire pour les régimes spéciaux. Cette
réforme n'avait aucun intérêt : malgré le scandale de ces régimes, la
réforme ne rapportera aucune somme d'argent au régime général, les maigres
ressources éventuellement ramassées devant se perdre dans les méandres du
désordre étatique. Le pouvoir a annoncé qu'il avait réformé ces régimes. Or,
il a été démontré que les syndicats avaient obtenu des avantages
considérables et immédiats contre une simple promesse d'alignement en 2016.
A ce titre l'exemple d’EDF est très parlant.
C'est pour cette raison qu'il faudra que les associations spécialisées
détricotent attentivement, pour l'information de tous, les avantages que les
syndicats vont arracher dans les négociations en cours que le pouvoir a la
faiblesse de mener sous la pression de la rue.
En attendant, tout le monde suppose que le ministre en charge, après
avoir obtenu une victoire à la Pyrrhus, fera valoir son droit acquis au
reclassement, lequel devra être à la hauteur de la montagne de secrets qu'il
est le seul à vraiment bien connaître.
La danse devant le buffet
Tout rentrera alors dans l'ordre. Les multiples acteurs poursuivront
jusqu'en 2012 leur danse devant les buffets biens garnis de la « République
Fromagère » (R.F.), ceci grâce aux ressources sans limites des inépuisables
déficits publics. Le parquet où glissent les danseurs repose sur un vrai
château de cartes, car les financiers savent que n'importe quoi peut le
faire s’effondrer : hausse des taux d'intérêts, dégradation de la note de la
France, scandale politico-financier de grandeur insupportable. Quand cela se
produira-t-il ? Dieu seul le sait.
Michel de Poncins
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