Les accidents de passages à niveau sont
dus à la déroute financière de la SNCF !
De nouveau un terrible accident de passage à niveau. Le 14 décembre 2010
au passage de Jonches dans l'Yonne, un bus scolaire a été percuté par un
TER. Plusieurs enfants ont été blessés. Ce passage à niveau était classé
comme préoccupant parce qu'il y avait 15 000 passages de véhicules par jour.
La SNCF est coutumière de ce type d'accidents. Il existe 15 100 carrefours
où quotidiennement le trafic routier rencontre le trafic ferroviaire et en
2007 ils ont été l'occasion de 115 collisions avec 38 tués.
La SNCF prétend nous consoler en remarquant que le nombre de collisions
diminue grâce à ses efforts. En 1997 nous en étions à 184 accidents.
Également le nombre de personnes tuées est en diminution puisqu'alors, nous
en avions 51 par an !
En 2008 après un épouvantable accident, François Fillon déclara « qu'il va
falloir accélérer la suppression des passages à niveau qui sont encore trop
nombreux en France ». Après les larmes et résolutions d'usage, les jeux
politiciens ont repris de plus belle.
Si la SNCF était une entreprise indépendante et rentable, comme elle devrait
l’être, il y a très longtemps qu'elle aurait dégagé les moyens humains et
financiers nécessaires pour résoudre rapidement ce problème, ne serait-ce
que pour faire face aux risques juridiques qui pourraient inquiéter ses
dirigeants.
Mais c'est une entreprise publique et en ruine comme tous les dinosaures
publics. On est donc bien obligé de lier dans les faits l’état calamiteux
des passages à niveau avec la déroute financière de la SNCF.
Simultanément un autre fait intervient ; au même moment se déroule le procès
de l'assassinat dans un RER de la merveilleuse Anne-Lorraine Schmitt et
d'étranges liens apparaissent. En effet, à l'occasion du procès, il se
révèle que ce RER est très souvent vide et les jeunes femmes tremblent de
peur en l'empruntant, certaines d'entre elles ayant fait des rencontres
terrifiantes. La SNCF, entreprise publique, fait donc rouler des RER vides
sans se soucier du reste. Voici parmi de multiples autres causes une des
raisons de la ruine de la SNCF.
SNCF ET RFF
En évoquant cette ruine, il faut évidemment englober Réseau Ferré de France
(RFF) tant les comptes sont imbriqués et obéissent au bon plaisir changeant
des politiques. La Cour des Comptes a démontré que la séparation entre SNCF
et RFF s’est effectuée dans le plus complet désordre. Si les immobilisations
ont bien été transférées à RFF, les dettes sont restées pour des raisons
obscures dans le bilan de la SNCF avec en contrepartie une créance sur RFF :
la clarté n’était pas au rendez-vous. Chacun pouvait espérer que les flux
financiers seraient transparents entre les deux entités désormais séparées,
or il n’en n’est rien.
RFF reçoit la contribution que l'État versait auparavant déjà à la SNCF pour
les charges d’infrastructure et l’on se demande devant cette information à
quoi répondait en fait la création de la nouvelle entité ! Elle reçoit aussi
de la SNCF le produit des péages pour l’usage des réseaux.
Mais la SNCF a gardé « l’entretien du réseau dont elle n’est plus
propriétaire et le fonctionnement des installations techniques et de
sécurité.» Elle verse donc une rémunération à RFF à ce sujet ; la Cour, avec
son langage feutré habituel, remarque que ces échanges d’argent présentent «
quelques lacunes », ce qui en bonne comptabilité signifie que personne ne
s’y retrouve. En fait, c’est l’illustration de la politique du « bon plaisir
», qui aboutit à prendre des décisions un peu au hasard selon les intérêts
très provisoires des politiques et pas du tout dans un vrai cadre
contractuel : « La convention de gestion est imprécise et elle est
imparfaitement appliquée. » Quant au tarif des péages versés à RFF, il est
tout simplement fixé « selon la capacité contributive de la SNCF » : en
d’autres termes, « Vous me devez de l’argent mais ce sera selon ce que vous
pourrez payer ! »
La conséquence sur le résultat net apparent de l’entreprise ferroviaire a,
certes, été immédiate : dès 1997, le résultat est devenu positif, les pertes
financières ayant été mises de côté comme elles le sont souvent dans une
faillite. En 2008, tout continuait et la presse a prétendu que la SNCF
gagnait de l’argent ! Les connaisseurs estiment que les recettes de la SNCF
ne couvrent que la moitié de ses dépenses, le solde venant, par divers
canaux, de subventions, qui se répercutent sur tous les comptes publics.
Les TGV
Venons-en aux TGV. Il n'est certes pas question de dénigrer le plaisir que
l'on goûte à emprunter ces magnifiques jouets et à contempler la beauté des
paysages défilant à toute allure, à condition évidemment que le bijou ne
vous abandonne pas en rase campagne sans vous informer de quoi que ce soit,
ce qui arrive encore trop souvent !
La Cour des comptes, encore elle, nous a décrit la vérité comptable. Dans un
des chapitres de ses rapports, la facture des TGV est visée très
expressément comme étant à l'origine de la déroute financière : « Le lourd
endettement de la SNCF induit principalement par les investissements
considérables effectués pour construire et équiper les lignes nouvelles à
grande vitesse. » Tout est dit dans cette simple phrase.
Ces investissements ont-ils été rentables ? Le rapport en fait ne s’en
occupe pas alors que c’est la vraie question ; s’ils avaient été rentables
l’énormité de l’investissement aurait dû conduire à des bénéfices
considérables et à un redressement spectaculaire de l’exploitation
ferroviaire en France. Les chiffres que le rapport donne montrent bien que
l’endettement de l’ensemble SNCF plus Réseau Ferré de France (RFF) est sans
limite et continue à être un vrai boulet financier pour l'entreprise
ferroviaire et pour la nation entière par ricochet. Il en résulte donc bien
que l’opération TGV, dont les comptes ne seront jamais officiellement et
réellement faits, est un désastre.
Mais, pire encore, dans cette fuite en avant si l'on ose dire, les nouveaux
projets de TGV vont plomber l'endettement encore plus. La seule explication
de cette fuite en avant est le caprice et les intérêts des hommes de l'État,
dont principalement les bien trop nombreux élus locaux qui tirent gloire et
richesse des chimères qu’ils réalisent avec l’argent des autres. Partout,
l’idéologie égalitaire aidant, les populations réclament « leur » TGV :
Turin-Lyon, tunnel à travers les Pyrénées, TGV de l’Est et Marseille-Nice
sont à l'ordre du jour, cela sur fond d'endettement public en folie.
En plus, la même SNCF maîtrise l'information par la manne publicitaire
qu'elle déverse sur les médias. Ceux-ci prétendent que les TGV sont la vache
à lait de l'entreprise. Ayant mis le passif de côté, elle garde le lait !
La ruine ailleurs
Le même rapport signale d'autres aspects de la ruine « La SNCF souffre de
faiblesses structurelles qui, aujourd’hui encore, affectent sa rentabilité.
» On s’en doute à lire ailleurs les incroyables privilèges du personnel,
avec les multiples primes, les retraites fastueuses et les horaires
élastiques avec grèves en permanence. Parmi ce personnel, les employés du
TGV sont particulièrement gâtés !
Nous nous trouvons donc au final devant une chaine d'évènements dramatiques
avec des tués dans les passages à niveau, la terreur dans des trains
fantômes, mais aussi en arrière fond la ruine d'un dinosaure public, comme
il en existe tant dans le paysage économique français.
La conséquence est la paupérisation du pays que le pouvoir masque
adroitement par de fausses statistiques. La réalité pourtant est là :
chômage persistant, prospérité insolente des restos du cœur, quasi blocage
des salaires même de beaucoup de cadres méritants ! Tout se tient ainsi dans
ce désastre national, pendant que la classe politique solidaire toutes
tendances confondues se contente de promettre de raser gratis en 2012.
L’issue existe
Rappelons, pour terminer et grâce à l'Ifrap, le chiffre du nombre de
voyageurs transportés par agent dans diverses compagnies de chemin de fer :
SNCF 4 847, Danemark 9231 et Japon 50 872 !
La SNCF est un des plus redoutables mammouths dont les Français sont obligés
par la force publique de nourrir la voracité incroyable. Si un pouvoir «
libérateur » arrivait il y aurait néanmoins des issues dont au moins deux.
Il faudrait supprimer une partie généralement peu évoquée du monopole de la
SNCF. C'est elle en effet qui détient légalement le droit d'autoriser ou non
le transport régulier de voyageurs par la route. L'effet de paupérisation
est immense car de ce fait une quantité de personnes sont privées de
transport à faible coût comme il en existe dans d'autres pays ;
simultanément l'entreprise ferroviaire est encouragée à l'immobilisme ayant
le droit légal de tuer la concurrence.
Il faudrait nécessairement briser les syndicats comme Margaret Thatcher l'a
fait avec des syndicats bien plus puissants que ceux que nous subissons
abusivement ici. Rappelons en passant qu'un quarteron de chefs
syndicalistes, avec grèves à répétition des trains de banlieue, mettent 10
millions de Français dans l'incertitude absolue de savoir s'ils trouveront
un train ou pas et à quelle heure : on imagine le désastre psychologique
pour des personnes qui ont des activités à assurer.
Un champ d'action immense est ouvert et c'est pourquoi l'on peut parler de
la nécessité d'une vraie « libération ».
Michel de Poncins
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