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9/9/10 Ivan Rioufol
         Retraites : la capitalisation va s’imposer !

Les défilés de mardi, qui ont compté dans toute la France un peu plus d'un million de personnes selon l'Intérieur, donnent des ailes aux syndicats qui assurent avoir dénombré plus de deux millions et demi de manifestants. Pour une démonstration de force rassemblant très majoritairement des salariés de la fonction publique et toute la gauche antisarkozyste, unis pour l'occasion dans un même refus obstiné du réel, je ne trouve pas ce résultat si impressionnant. Je doute qu'il inquiète vraiment Nicolas Sarkozy, qui passe à bon compte pour le réformateur audacieux qu'il n'est pas.

Même si la pilule sur les retraites est amère pour tout le monde, la majorité des Français a compris qu'il était devenu nécessaire de travailler et de cotiser plus longtemps. De ce point de vue, François Bayrou confirme son peu de courage politique quand il explique, ce mercredi, que l'ampleur des mobilisations a «changé l'ambiance» et oblige à «des corrections fortes» du projet gouvernemental, notamment concernant le report à 67 ans de la retraite à taux plein.

À dire vrai, le manque de courage est, sur ce dossier, le lot de tous les hommes politiques. Aucun d'entre eux n'ose avouer, en effet, que le système par répartition, créé par Vichy en 1941 dans une France homogène, n'est plus viable à terme, ne serait-ce qu'à cause de l'écart croissant entre les cotisants, de moins en moins nombreux, et les pensionnés. La véritable injustice de cette réforme, qui veut perpétuer un système à la Madoff, est de faire peser sur les jeunes générations le poids de cotisations toujours plus lourdes dont rien ne dit qu'elles en toucheront tous les fruits. D'ailleurs, quand le PS propose d'en appeler aussi à la fiscalité sur le capital, il reconnaît implicitement l'incapacité des actifs à perpétuer, entre eux seuls, leur propre solidarité. Pourquoi dés lors défendre un système périmé ?

À l'évidence, la solution de la capitalisation va devoir s'imposer, en complément de la répartition voire en remplacement. Je note d'ailleurs que l'Assemblée nationale a adopté, mardi en commission, plusieurs amendements UMP visant à favoriser ce type de retraites, déjà choisies par d'autres pays d'Europe. Mais la pesanteur idéologique est telle, en France, que la capitalisation reste un mot défendu. Je rappelle pourtant qu'en mars dernier, L'Humanité a publié un sondage montrant que 53% des jeunes de moins de trente ans souhaitaient une retraite par capitalisation. Plutôt que de chercher à faire revivre un vieux système coûteux et inefficace dont, malgré les réformes, tout le monde sait qu'il n'ira pas au-delà de 2018, ne serait-il pas temps de réformer en profondeur l'État providence et ses avatars, semblablement surendettés ?

Ivan Rioufol

 

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