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23/6/10 | Ivan Rioufol |
Les politiques entendent-ils la colère
gronder ? Un vent mauvais se lève, un peu partout, contre les hommes politiques et les partis, tenus pour responsables des désastres et des défaites qui s'additionnent. Le phénomène s'observe aux Etats-Unis (là travers les populistes tea parties) comme en Europe. En Espagne, un récent sondage du Centre de recherches sociologiques révèle que l'incompétence supposée des hommes politiques inquiète davantage que le terrorisme de l'Eta, pourtant responsable de la mort de 800 personnes (Le Figaro, 18 juin). En France, deux tiers des sondés disent n'avoir confiance ni en la droite
ni en la gauche. Le gouffre séparant les élites du peuple n'a jamais été
aussi profond. Ce constat est connu de tous, d'autant que le Net, et
notamment les blogs, sont devenu les puissants porte-parole de l'irritation
de l'opinion. Or, en France, trop de dirigeants se comportent comme s'ils
n'avaient rien compris de cette colère qui gronde. Le conflit d'intérêt tardivement soulevé par la gauche, qui vient d'obtenir la démission de Florence Woerth, est révélateur d'une incompréhensible légèreté des mœurs politiques, qui a aussi poussé Fadela Amara à mettre son logement de fonction à la disposition de sa famille ou Christine Boutin à monnayer chèrement un rapport. Le couple Woerth est certainement irréprochable, mais la femme du ministre du Budget aurait dû se tenir à l'écart des fortunes privées, d'autant que celle-ci dissimulait des comptes en Suisse. Cela dit, les médias vertueux pourraient s'interroger sur ces autres conflits d'intérêt qui naissent des nombreuses liaisons entre journalistes et politiques... Ivan Rioufol
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