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21/3/11 Ivan Rioufol
           Le soudain réveil de la fierté française !

L'exaspération. Ce sentiment collectif explique la montée prévisible, hier, des abstentions (55%) et du FN (15%) à l'issue du premier tour des cantonales, qui a placé le PS en tête (25%, contre 17% à l'UMP).

Cela fait longtemps, en effet, que la crise de confiance s'est installée entre les électeurs et leurs représentants, vus de plus en plus comme des cancres dissimulant leurs incompétences derrière des discours automatiques. De ce point de vue, l'ambiguïté que maintient l'UMP dans ses consignes de vote au second tour révèle la confusion intellectuelle qui s'est installée au sein de la majorité.

Elle dit refuser de participer à un "front républicain" contre le parti de Marine Le Pen (c'est-à-dire d'appeler à voter PS en cas de duel avec lui), mais interdit en même temps de soutenir le FN... tout en regrettant la place prise par les absentions. Ce qui revient, si l'on suit le raisonnement chaotique, à conseiller mezza-voce de voter à gauche sans le dire. En fait, une faille est probablement en train d'apparaître dans l'unité de façade de l'UMP, qui risque d'éclater en cas d'échec au premier tour de 2012.

Reste que cette exaspération est devenue un élément politique. Sur ce registre, des actes sont attendus. Nicolas Sarkozy, judicieusement inspiré en l'occurrence par Bernard-Henri Lévy, a ainsi rehaussé d'un coup sa position et celle de la France en choisissant la force contre Mouammar Khadhafi, avec le soutien inespéré de l'ONU.

Ouvrant le feu, samedi à 17h45, contre des blindés de ce Caligula, la France a retrouvé un peu de son honneur et de ses idéaux, en frappant un tyran qui l'avait humiliée à plusieurs reprises, notamment en plantant sa tente à deux pas de l'Elysée. Je note que cette stratégie du poing dans la gueule, qui met un terme apparent à la politique vénusienne de l'apaisement et du soft power, suscite un étonnant consensus de la part de ceux qui n'ont pourtant eu de cesse de critiquer les néoconservateurs et leurs méthodes dans leur mobilisation pour la démocratie dans les pays arabes.

Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il est loisible de distinguer, dans ce soudain réveil de la fierté française, une réponse attendue à l'irritation des esprits et à leur démobilisation.

Ivan Rioufol





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