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1/3/11 Ivan Rioufol
            Internet fracasse les dictatures … et la
                                pensée unique !

L'avènement d'Alain Juppé, qui remplace Michèle Alliot-Marie au ministère des Affaires étrangères et est présenté comme un premier ministre-bis, est un choix contestable. En effet, je soutiens que Juppé, qui parle le politiquement correct à la perfection, est la caricature du bien pensisme, au même titre que Michèle Alliot-Marie était exemplaire de la langue de bois. Or, la place importante que va prendre cette personnalité conformiste me semble aller à rebours de ce que le peuple attend d'une politique moderne, c'est-à-dire d'être à l'écoute de la vie des gens. Un exemple récent: quand Juppé met en garde dernièrement contre "l'islamophobie", en avalisant un concept imposé par les mollahs iraniens pour interdire la critique de l'idéologie islamiste, il fait une concession dangereuse à un totalitarisme, au nom de bons sentiments qui me paraissent irréfléchis.

Le monde politique tarde à comprendre que le pouvoir a changé de mains, grâce à l'utilisation du Web. L'agora est sur les blogs, Facebook, Twitter, etc. Ces réseaux ont réveillé l'identité des peuples arabes, dont les jeunes leaders sont issus d'Internet. Une même effervescence se retrouve en France sur les sujets interdits par la pensée unique. Je suis heureux d'ailleurs de constater que des politologues prennent enfin en considération cette renaissance de la démocratie. Dans La Croix, vendredi, Dominique Reynié, directeur du think tank libéral Fondapol, constate, parlant du Web: "Je ne dis pas qu'il n'y a pas des dérives, des excès. Mais pour suivre de très près ce qui s'y passe, je constate aussi la richesse des débats, la qualité et la diversité des échanges. Les politiques doivent très vite se mettre à l'heure de ce monde nouveau dans lequel les citoyens ont pris le pouvoir pour exprimer une opinion, donner un avis ou défendre un point de vue". Les habitués de mon blog ne peuvent que confirmer.

C'est en direction de ce nouveau monde, où les réalités sont abordées sans se cacher derrière son petit doigt, que les politiques doivent se tourner, en cessant de se réfugier derrière les dénis et les clichés. De ce point de vue, Brice Hortefeux, qui doit céder sa place à Claude Guéant au ministère de l'Intérieur dans le cadre du remaniement annoncé dimanche soir par Nicolas Sarkozy, a été mal récompensé de ses efforts, lui qui avait annoncé, en mai 2010 : "J'ai décidé de ne rien céder au politiquement correct". L'arrivée à la Défense de Gérard Longuet, esprit libre, ne suffira pas à équilibrer des choix qui apparaissent déconnectés des attentes.

Je rappelle cette confidence faite par Mikhaïl Gorbatchev au Figaro en 2006. Il reconnaissait que la catastrophe nucléaire de Tchernobyl avait "peut-être été la véritable raison de l'effondrement de l'Union soviétique" car elle avait "ouvert la porte à une liberté d'expression telle que le système ne pouvait plus perdurer".

C'est cette liberté d'expression, sorte de glasnost rendue possible par le Web, qui balaye les despotes arabes. En France, la libération de la parole rend incongrus les discours labellisés du politiquement correct et de la langue de bois. Juppé, droit dans ses bottes, saura-t-il changer?

Ivan Rioufol



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