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2/9/10 Ivan Rioufol

Les Irakiens ne regrettent pas leur tyrannie !
 

Le panurgisme médiatique n'a sans doute pas fini d'avaler ses chapeaux. Pour avoir fait de Barack H. Obama un intouchable messie inspiré, l'unanimisme de la pensée correcte doit répondre aujourd'hui des lacunes pourtant prévisibles de son idole, personnalité présomptueuse et indécise, qui poursuit sa chute dans l'opinion américaine et risque, en novembre, de faire perdre son camp démocrate aux élections de mi-mandat.

Mais à ce premier cauchemar pourrait bien s'ajouter la réhabilitation de la politique extérieure de George W. Bush, présenté sans nuance par ses adversaires comme le parangon de la sottise. En effet, à l'heure où les Etats-Unis quittent l'Irak comme prévu ("j'annonce que la mission de combat en Irak est terminée", a déclaré la nuit dernière le président Obama), le bilan de la guerre de 2003 n'est pas celui prédit par les "pacifistes". Adeptes du "soft power", c'est-à-dire de la tête dans le sable, ceux-là annonçaient l'embrasement du monde arabe, la guerre civile, la partition de l'Irak, la vietnamisation du conflit, la victoire d'al-Qaida, etc. En réalité, si le pays reste encore fragile, une démocratie a bel et bien pris la place d'une dictature sanglante. Je m'en réjouis.

L'instabilité gouvernementale et la reprise d'attentats ponctuels restent les points négatifs d'un conflit qui a également renforcé l'Iran et beaucoup coûté en vies humaines (4.500 soldats alliés tués, très majoritairement américains ; près de 100.000 civils victimes d'attentats). Pour autant, l'Irak bénéficie du pluralisme de la presse, les partis s'expriment sans entraves, les femmes s'y font entendre, les élections se déroulent librement.

Dans Le Figaro de mardi, Boris Boillon, ambassadeur de France à Bagdad, assure qu'al-Qaida est en recul et ne compte plus que 2000 hommes. Surtout, il estime : "Les Irakiens apprécient les fruits de la démocratisation (...) Il faut absolument, quand on parle de l'Irak, raisonner sans idéologie. L'Irak est le vrai laboratoire de la démocratie dans le monde arabe. C'est là que se joue l'avenir de la démocratie dans la région. Potentiellement, l'Irak peut devenir un modèle politique pour ses voisins".

Certes, l'histoire reste à écrire. Mais ces avancées n'auraient pas eu lieu sans Bush ni ses conseillers néoconservateurs. Fallait-il laisser les Irakiens sous leur tyrannie faussement laïque ? A eux de répondre, mais je doute qu'ils la regrettent...

Ivan Rioufol



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