Sarkomenech !
Quoi de commun entre Nicolas Sarkozy et Raymond Domenech ? L’incompétence.
Et ce n’est pas un hasard si l’un et l’autre sont arrivés au sommet.
Depuis que la technocratie a pris le pouvoir en France, elle traque toute
manifestation d’indépendance et jette aux oubliettes ceux qui sont dotés de
talent et de personnalité. La presse, jamais en manque de docilité, obéit à
ces injonctions du pouvoir sans même qu’elles lui soient signifiées. On
appelle cela de l’autocensure. Ne peuvent donc émerger que les médiocres et
les incompétents, et c’est vrai dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la
politique ou de toute organisation comportant des éléments de pouvoir.
Le football permet à ceux qui le dirigent d’occuper des positions
importantes dans la société. Les places y sont presque aussi chères qu’en
politique, et on s’y incruste tout autant. Domenech a été choisi par les
dirigeants de la Fédération française de football parce qu’il ne faisait
d’ombre à personne, n’ayant accompli qu’une carrière modeste et conquis
aucun titre glorieux. Même ses résultats désastreux à la Coupe d’Europe de
2008 n’ont pas entraîné son éviction, preuve éclatante de ce que les
dirigeants de la Fédération font passer ce qu’ils croient être leur intérêt
avant ceux du football français, même s’ils multiplient les proclamations de
dévouement et de patriotisme.
Le cas de Sarkozy est à peine différent. Il n’a pu s’imposer que grâce à
la fermeture du terrain politique aux meilleurs éléments de la société
civile. La compétition pour la fonction suprême n’opposait plus que des
politiciens chenus, si édentés qu’ils ne risquaient plus de mordre, et de
jeunes loups déjà vieillis et bedonnants. La rapacité de Sarkozy n’en fit
qu’une bouchée. N’ayant aucun point de comparaison ni de concurrence, le
peuple lui attribua des vertus qu’il n’avait pas et l’installa au château.
Les malheurs du football et de la France se confondent. Un groupe mal
dirigé est un groupe voué à la défaite. C’est la raison pour laquelle la
pantalonnade des Bleus au Mondial émeut à ce point le peuple, qui y voit la
représentation fidèle de son propre destin. Le football, pourtant, s’en
sortira plus facilement que la nation. Un entraîneur compétent, au passé
prestigieux, va remplacer Domenech. Sa mission ne réussira que s’il fait
table rase et chasse ceux qui ont provoqué le désastre. S’il n’y est pas
décidé, il ferait mieux de renoncer.
En politique, les choses seront beaucoup plus compliquées. Le salut ne
peut venir que du renvoi de la classe politique actuelle. Mais cette
opération ne peut se faire par la voie purement électorale. Celle-ci est
obstruée par tous les barrages destinés à empêcher l’entrée en lice de la
société civile. Il faudra donc qu’une crise, comparable à celle du Mondial
pour le football français, éclate et ouvre les brèches qui feront
s’effondrer le mur.
Qu’on se rassure (si l’on ose dire) : la crise est d’ores et déjà
programmée. Elle verra les gouvernants et leur opposition institutionnelle
perdre pied face à la colère des Français, quand ceux-ci comprendront qu’on
leur a menti depuis très longtemps sur les enjeux et les dangers de la
politique menée et que ceux qui ont dirigé le pays en leur nom sont tout
aussi impuissants à réparer les conséquences de leurs criminelles erreurs
que les compagnies pétrolières face à l’explosion d’une plateforme de forage
profond en haute mer.
Quand les fausses valeurs s’effondrent et que les réalités s’imposent à
tous, cela s’appelle une révolution. Elle est en cours en France. Il serait
grand temps que les patriotes sincères s’en aperçoivent et ne croient pas
avoir fait tout leur devoir en renvoyant Domenech et ses minables Bleus. Car
son alter ego politique, et les minables politiciens de la majorité et de
l’opposition qui font cercle autour de lui, sont toujours là, accrochés au
rocher comme des arapèdes. Il va falloir tirer bien fort pour les en
arracher !
Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.
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