Immigration : l'aveuglement des "élites" !

Immigration : l’aveuglement des élites !

J’écoutais lundi soir une émission passionnante sur Europe 1 au sujet de l’immigration et le risque d’un afflux massif à la suite des événements du Maghreb. Les animateurs et la demi douzaine d’invités, du monde intellectuel, associatif, politique étaient unanimes à saluer doctement les « bienfaits évidents » de l’immigration sur tous les plans, économiques, culturels, sociétaux, l’absence de risque d’un mouvement de population massif, et le scandale odieux que représentait pour eux le seul fait d’évoquer le risque migratoire, comme une ombre dans le contexte jubilatoire de la chute des dictatures au Sud de la Méditerranée. Bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles et il fallait avoir peur, non du risque de flux migratoire massif, mais de « l’exploitation de cette peur à des fins politiques » (sic)…

Impossible de revenir en quelques lignes sur les arguments savants qui ont été, non pas échangés, mais professés, assenés comme autant de leçons magistrales. Ainsi, selon les experts et philosophes qui se sont exprimés, l’exemple de la chute des régimes communistes au début des années 1990, n’ayant pas entraîné de flux massif, démontrerait l’absence de risque migratoire lié aux événements du Maghreb. C’est oublier que l’Allemagne a alors accueilli des centaines de milliers de ressortissants d’Europe de l’Est, et deux millions de Bosniaques à la suite de la guerre de l’ex-Yougoslavie.

Certes, quand la démocratisation s’effectue dans la stabilité, comme ce fut le cas dans la plupart des pays d’Europe de l’Est, les flux de départs sont limités. Mais face à des situations de crise, de désordre, de violences, de guerre civile, les départs massifs sont inévitables. Il suffit de se souvenir de l’ex Yougoslavie, de l’Afrique des grands lacs, de l’Irak, de l’Afghanistan…

Or les événements du Maghreb, en Libye mais aussi en Tunisie, voire en Egypte montrent bien que la chute des dictatures ne se produit pas dans l’harmonie mais dans la douleur, le chaos, les affrontements susceptibles d’entraîner un véritable exode. Comment peut-on s’aveugler à ce point ? Les arrivées sont déjà en cours, sur l’île de Malte, à Lampedusa où des milliers de personnes ont débarqué ces jours derniers.

Les invités ont ensuite longuement entonné le refrain de l’immigration bienfaitrice, illustrée par les exemples de personnalités du monde du cinéma, de la culture, du sport, d’origine étrangère. Imposture ou inconscience ? Comment peut-on faire, en toute bonne foi, l’amalgame entre des parcours individuels brillants, poussés le plus souvent par un environnement familial stable et ultra exigeant, et le débarquement sauvage en Europe de centaines de milliers de personnes totalement déboussolées, à la dérive, dépourvues de point d’accueil, d’emploi, de logement, du moindre pécule et de formation…

Ce qui me choque, une fois de plus, ce n’est pas qu’il existe une interprétation angélique de ces faits, mais c’est l’absence de débat, le caractère monolithique, univoque, totalisant du discours public sur le sujet, le dogme, la dictature des fausses certitudes, l’absence de toute contradiction comme si l’objectif était de marteler une vérité révélée ne souffrant pas la contestation.

Il est un autre mystère auquel je ne parviendrai jamais à m’habituer : celui de ces belles intelligences complètement aveugles et obtuses. Elles nous disent : « Vous attisez les peurs, vous jouez sur les fantasmes ». Mais enfin, ce n’est pas avoir peur ni fantasmer que d’ouvrir les yeux et de regarder la réalité en face. La lâcheté consiste, bien au contraire, à s’emmurer dans les dogmes et les certitudes béates!

Tout en écoutant Europe 1, je reçois sur mon téléphone portable un sondage Harris Le Parisien : 69% des Français ressentent de l’inquiétude en face des révolutions dans le monde arabe. Seuls, 10% pensent qu’il faut accueillir les populations en cas d’afflux massif, 35% sont favorables à des expulsions et 50% à une maîtrise de l’immigration négociée. Sagesse populaire contre aveuglement de l’intelligentsia.

Maxime Tandonnet