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25/3/11 Maxime Tandonnet
      L’aveuglement suicidaire face à l’islamisme !

L’Europe compte environ seize millions de musulmans dont la plupart vivent en France (quatre à six millions), en Allemagne (quatre millions), en Grande Bretagne (deux millions)

La majorité silencieuse ne fait guère parler d’elle. Elle n’est pas pratiquante (seuls 10% des musulmans de France vont à la mosquée). Nous avons tous des proches, de religion ou de tradition musulmane, qui ne demandent qu’à vivre en paix et en sécurité, élever leurs enfants, travailler; ils aiment la France , la reconnaissent comme leur patrie, veulent avoir le droit de croire ou de ne pas croire, sont les premiers à admettre que la France a l’essentiel de ses racines dans les traditions grecque, latine et judéo-chrétienne.

De nombreux musulmans prennent leur distance avec la lettre du Coran, dans leur vie de tous les jours. Ils sont ouverts à la liberté individuelle, au principe de tolérance, aux Lumières et à la modernité, comme peuvent l’illustrer le livre Les Sept piliers de la Sagesse, le chef d’œuvre de Lawrence d’Arabie, dont je recommande vivement la lecture, l’œuvre de Mustapha Kemal ou du commandant Massoud, qui luttait contre la barbarie, l’obscurantisme, et voyait en de Gaulle son personnage historique de référence …

Sous les deux guerres mondiales et pendant la guerre d’Algérie, des dizaine de milliers de nos compatriotes musulmans sont morts pour la France. Abdelwahab Meddeb, philosophe musulman, l’un des plus fins connaisseurs du Coran et de ses interprétations, incarne, parmi de nombreux intellectuels, cet islam ouvert, éclairé, désireux de s’adapter à son époque : « Il convient de situer la prescription du voile dans une société phallocratique, misogyne, construite sur la séparation des sexes, sur une hiérarchie des genres, considérant que les femmes excitent plus le désir que les hommes. Il faut donc constater au commencement que la prescription qui impose le voile aux femmes émane de la société en laquelle est né l’islam il y a quinze siècles, une société patriarcale et endogame – qui encourage le mariage de proximité, entre cousins – où prévaut en outre l’obsession de la généalogie, où la sexualité est indissociable de la filiation. » (Le Monde, 11 octobre 2009).

Depuis une trentaine d’année, cet islam modéré est en recul, il est même menacé dans de nombreuses régions du monde. Jusqu’aux années quatre-vingts, l’islam en Turquie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Sénégal, se passait aisément du voile islamique. Dans ces pays, les religions ont longtemps vécu en harmonie. On voit bien que les tensions montent, les populations non musulmanes, en particulier chrétiennes, sont de plus en plus souvent victimes d’exactions et de massacres épouvantables. Le drame de l’islam contemporain vient de sa confiscation par des groupes, encore marginaux en Europe, de sa subversion en idéologie antioccidentale, archaïque, et intolérante, héritière à cet égard des idéologies totalitaires du XXème siècle. La religion est utilisée par quelques-uns comme une idéologie, c’est-à-dire un instrument de conquête du pouvoir, une arme de revanche.

La radicalisation d’une partie de l’islam européen se manifeste par des provocations, à l’image du port de la burqa ou de toute autre attitude prosélyte, qui expriment le rejet des valeurs occidentales, notamment du principe d’égalité entre les hommes et les femmes. On observe à l’évidence un durcissement des prédications et une montée du discours islamiste. Le mouvement prêche un islam rigoriste, attire un nombre croissant de fidèles et prend le contrôle de certaines salles de prière. Cette petite minorité est évidemment la plus apparente, celle qui s’exprime publiquement, d’où le risque de généralisation. Plus que le nombre, c’est le progrès de cette tendance dans une partie des jeunes générations issues de l’islam, et la montée aux extrêmes qui constituent une menace pour la stabilité des sociétés européennes, même si elle reste minoritaire.

Les prêches, dans un petit nombre de mosquées, se focalisent sur un discours de révolte et d’appel au djihad. L’Occident y apparaît comme l’ennemi suprême, les juifs sont vilipendés tout comme les chrétiens ou les « croisés ». Les femmes y sont, honteusement, traitées comme des êtres inférieurs aux hommes, on y prêche la supériorité du Coran sur la Constitution française et sur les lois de la République. Les signes de prosélytisme se multiplient, à l’image du port du voile ou de la burqa, ou à travers des revendications identitaires ou communautaristes concernant le rejet de la mixité à l’hôpital, à l’école, dans les piscines…

Chaque recul, chaque concession est une défaite de la République, une petite débâcle qui pourrait se transformer en grande catastrophe… Si nous cédons, les premières victimes seront d’ailleurs les musulmans de la majorité silencieuse, notamment les femmes. C’est pourquoi il est tellement fondamental de réaffirmer le principe de laïcité, qui s’impose dans tous les aspects de la vie sociale, par delà les polémiques, comme une condition de survie pour la communauté nationale. Les partisans de solutions communautaristes, ou de « l’accommodement raisonnable », comme disent les Canadiens, qui permettent l’application de la loi islamique dans certains litiges privés, font preuve d’une sorte d’aveuglement suicidaire.

Les textes sacrés donnent toujours lieu à des interprétations plus ou moins archaïques ou modernistes, à un suivi plus ou moins proche de la lettre. Ce qui compte avant tout, c’est la réalité des hommes, avec leurs passions, leurs folies, leurs ambitions et la manière dont ils font usage de ces textes, consciemment ou inconsciemment, à des fins de pouvoir. La religion musulmane est ainsi exploitée par des idéologues dans un but de domination, de manipulation, comme l’ont été par le passé nombre de croyances et de belles idées généreuses. Derrière tout fanatisme se cache une volonté de puissance. Voilà ce qu’il faut combattre, sans se tromper de cible. L’essentiel aujourd’hui serait que nos amis musulmans modérés prennent la parole, comme ils commencent d’ailleurs à le faire à travers certains mouvements associatifs, et qu’ils rejettent clairement la tentation du fondamentalisme.

Enfin, comme me l’a fait justement remarquer l’une de mes lectrices, le fanatisme, l’intolérance, l’esprit d’inquisition ne sont pas le propre de la religion. Il suffit de voir, en ce moment, comment la chasse aux sorcières politico-médiatique se déchaîne pour toute parole publique s’éloignant un tant soit peu du politiquement correct, comment les bûchers se rallument, pour comprendre que nous sommes en pleine phase de banalisation de l’intolérance, du fanatisme et de la soif de lynchage.

Maxime Tandonnet


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