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22/3/11 Maxime Tandonnet
             « La France doit rester la France ! »

L’éditorialiste du Journal du Dimanche prend part au concert d’indignation en vilipendant le ministre de l’Intérieur pour avoir récemment déclaré : « Les Français veulent que la France reste la France ».

L’auteur de cet éditorial s’interroge : « De quelle France parle-t-on, et de quels Français? France paysanne, prolétaire, d’avant l’exode rural ou les délocs? Qui fumait des gauloises? Quand les rugbymen avaient du bide mais aussi des couilles? Quand Bataves et Britanniques ne rachetaient pas le Sud-Ouest ? D’avant le jazz ? Sans grands ensembles ? Sans Europe ? Sans mondialisation ? D’avant l’orgie télévisuelle et le rire qui cautionne les petites saloperies de la peur ? »

Passent encore la caricature, le mépris facile envers le peuple paysan et prolétaire assimilé à une France passéiste, la désinvolture ironique envers des phénomènes qui sont pour des millions de gens une source de souffrance et de désespoir comme les délocalisations.

Nous commençons à y être habitués.

Les articles de presse violemment polémistes n’ont rien de bien nouveau et une telle presse abondait sous la Troisième République (L’Intransigeant, la Libre parole, la Lanterne…) Cependant, les journalistes de l’époque qui s’adonnaient à l’exercice de la polémique avaient souvent du talent et toujours le respect de l’écriture, de la forme, de la langue française.

Le ministre de l’Intérieur parlait peut-être d’une France où les journalistes professionnels, contrairement à quelques-uns de leurs collègues contemporains, faisaient leur métier en écrivant correctement le français et en évitant de truffer leurs articles de clichés débiles et de propos salaces ou vulgaires.

Parce que j’en ai souvent parlé avec lui, je sais, moi, à quelle France M. Claude Guéant pensait en disant que « la France doit rester la France » : il pensait à la France des grands principes républicains, l’égalité des droits, en particulier entre les hommes et les femmes, la souveraineté nationale, la France de l’école laïque et obligatoire, de la liberté d’expression, une France de paix et de tranquillité dans ses quartiers, de respect envers les personnes âgées, les handicapés, les enfants, la vie et la propriété d’autrui, une France attachée au mérite, indifférente à la couleur de peau ou aux origines, une France solidaire, communauté nationale soudée et unie (le contraire du communautarisme), travailleuse, une France patriote qui a déplacé tant de montagnes et en déplacera bien d’autres, la France de Jeanne d’Arc, de Montaigne, de Racine et Molière, de Chateaubriand, de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas, de Péguy, de Jaurès et de Blum, de René Cassin, de Jean Moulin et d’Estienne d’Orves, de Camus, de Charles de Gaulle et de Pompidou, de tous ces héros du quotidien dont personne ne parle. Mais arrêtons-nous là.

Voilà qui va bien faire rire notre éditorialiste du JDD s’il vient à tomber sur mon texte par hasard…

Maxime Tandonnet



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