Tout bloquer pour que ça pète !

C’est le chiffre qui dit tout : sur l’état de l’opinion, sur l’avenir du pays. 68 % des Français de 25 à 34 ans sont favorables « à une grève générale comme en 1995 », selon un sondage BVA publié le 14 octobre. En termes simples, cela signifie que plus des deux tiers des jeunes actifs ne veulent plus de la « solidarité entre les générations » organisée par le système de retraite par répartition. Et ils ont raison !

Pour fonctionner, un tel système doit avoir au moins quatre cotisants pour un retraité. C’était le cas en 1960. Aujourd’hui, on en est à 1,4 cotisant par retraité et dans les prochaines années il n’y aura plus qu’un seul cotisant par retraité. Autant dire que le système est d’ores et déjà mort. Plutôt que d’en faire le constat et d’en tirer les conséquences, M. Sarkozy tente un vague et précaire raccommodage qu’il espère faire tenir jusqu’en 2012, date à laquelle il compte se faire réélire.

Il n’y a plus, en France, la moindre solidarité entre les générations, sauf bien sûr au plan privé où parents et grands parents font ce qu’ils peuvent pour leurs enfants. L’Etat, quant à lui, a organisé la spoliation systématique de la jeunesse pour maintenir un système inique qui voit celle-ci saignée à blanc et sans le moindre espoir de retour afin d’assurer pour quelques temps encore le service des pensions des plus de soixante ans. Qui plus est, les prélèvements ainsi effectués sur la substance vive du pays condamnent celui-ci à la stagnation économique et à l’extension du chômage de masse.

Cette dérive date de plus de trente ans, quand on a commencé à emprunter pour conserver un système social que notre niveau d’activité ne permettait plus de maintenir. La crise mondiale est venue rapprocher l’heure de vérité, mais elle n’est pas responsable de la catastrophe. Giscard, Mitterrand, Chirac et Sarkozy en auront été les fourriers, par leur incapacité à prendre la mesure du problème et par leur criminelle incurie.

Aujourd’hui – et demain ! – les Français vont payer au prix fort les fautes de leurs dirigeants et aussi leur propre lâcheté. Car enfin, qu’est-ce qui empêchait nos compatriotes de regarder les réalités en face, d’en prendre la mesure, et de remplacer leurs mauvais gouvernants, sinon ce sentiment que De Gaulle fustigeait si bien en son temps en parlant d’un peuple qui « s’abandonne » ?

Nous nous sommes abandonnés dans les années trente et nous avons eu la guerre, la débâcle, l’occupation, des millions de morts. Nous nous sommes abandonnés dans le dernier quart du 20e siècle, et nous avons l’effondrement économique, le chômage, le malheur de la jeunesse, le naufrage des retraites, l’insécurité, une guerre civile qui ne dit pas son nom mais dont chacun peut constater l’aggravation quotidienne.

Alors que faire ? La réponse des 25-34 ans est claire : tout bloquer pour que ça pète et qu’on soit débarrassé de ce système maudit qui nous empêche de vivre !

C’est ce qui va arriver. Les politiciens du système vont être chassés, qu’ils appartiennent à la majorité ou à l’opposition, puisqu’ils sont tous favorables au maintien de l’organisation sociale qui est la cause de la catastrophe. Mais cela ne nous renseigne pas sur leurs successeurs. Ceux-ci seront nécessairement des inconnus, comme cela se produit dans toutes les périodes révolutionnaires. Mais s’il y a des anonymes qui gagnent à être connus, il en est d’autres qu’il vaudrait mieux ne jamais connaître. Et qui une fois connus ne se laissent pas aisément chasser. Alors autant faire tout de suite un choix judicieux.

Seuls les médias, qu’ils soient grand public ou libres de leurs mouvements comme sur Internet, peuvent y aider. Il est vital que s’ouvre enfin un grand débat national sur l’avenir de la France. Et que sur les antennes du pays les sinistres « amuseurs » et les politiciens dépravés qui y règnent en maîtres soient remplacés par des gens sérieux. Car on ne va plus rire très longtemps !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.