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24/4/11 Claude Reichman
      Il faut tuer la CSG avant qu’elle ne nous tue !

Il n’existe pas d’exemple d’une arme que l’humanité possède et dont elle ne se soit pas servie. Cette vérité vaut pour tous les domaines, et notamment celui de la fiscalité.

La France dispose depuis 1990 d’un étrange impôt, qui est en réalité une cotisation sociale, et dont la dangerosité est telle qu’il peut rapidement devenir mortel pour la société. Il s’agit de la contribution sociale généralisée, plus connue sous l’appellation abrégée de CSG.

Ce monstre a été créé par Michel Rocard, alors Premier ministre, dans le but de sauver la Sécurité sociale d’une faillite certaine en lui apportant des ressources nouvelles. La CSG est ainsi passée d’un taux de 1,1 % à sa création à celui de 7,5 % aujourd’hui. Elle frappe tous les revenus et rapporte 90 milliards d’euros, soit près de deux fois le produit de l’impôt sur le revenu.

Conçue comme un impôt, la CSG est, à la suite de nos actions, qualifiée de cotisation sociale par la jurisprudence européenne, tout simplement parce qu’elle finance non pas l’Etat mais la Sécurité sociale. C’est d’ailleurs ce qui, à terme, la condamne à mort. On peut en effet d’ores et déjà y faire échapper les revenus d’activité et de remplacement en souscrivant une assurance maladie européenne, en vertu de l’abrogation du monopole de la sécurité sociale.

Le Parti socialiste a inscrit dans son programme pour l’élection présidentielle la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. La droite ne manquera pas de le suivre sur ce terrain, les technocrates étant tous fascinés par la formidable machine à cash qui serait ainsi créée. En effet la CSG est un impôt - employons le terme par commodité - proportionnel. Il est appliqué au même taux quel que soit le montant du revenu. La fusion avec l’impôt sur le revenu a pour objectif de le rendre progressif.

L’économiste Thomas Piketty, inspirateur du Parti socialiste en la matière, a indiqué, dans une interview au Monde du 23 avril dernier, les taux qu’il préconise : il suggère de les faire passer du taux actuel de 7,5 % à celui de 10 % pour un revenu de 2200 euros,13 % pour 5000 euros, 25 % pour 10 000 euros, et jusqu’à 60 % pour 100 000 euros.

Bien entendu ce qui intéresse ce fabricant d’armes de destruction massive, ce n’est pas le taux le plus élevé, qui rapporte peu étant donné le petit nombre de bénéficiaires de très hauts revenus et qui ne plaît à la gauche que par son caractère punitif, mais les taux sur les revenus de la classe moyenne, la plus nombreuse du pays, cœur de cible de toute réforme destinée à la faire cracher au bassinet, à raison d’une bonne dizaine de milliards d’euros au moins par point de CSG supplémentaire.

Certains avaient vanté la CSG à sa création parce qu’elle répondait aux critères d’un bon impôt : base large, taux faible et proportionnel. La dérive française habituelle vise à conserver la base large et à l’affecter d’un taux élevé et progressif.

La nouvelle CSG va ressembler à un rêve de technocrate : faire pleuvoir les milliards par un simple jeu d’écritures. Il suffira d’un vote de pure forme par des parlementaires dociles pour que les taux augmentent et que les régimes sociaux puissent continuer leur folle distribution jusqu’à ce que mort s’ensuive pour la classe moyenne. Et après ? Après, on trouvera autre chose se disent les technocrates, dont l’optimisme en matière de recettes fiscales a un caractère messianique.

La seule façon pour les Français d’échapper à la mort économique et sociale ne consiste pas à fomenter on ne sait quel songe politique : quels que soient les vainqueurs des prochaines élections présidentielle et législatives, ils utiliseront l’arme de la CSG parce qu’ils veulent tous maintenir le système social actuel, alors même que celui-ci ruine le pays. Ce qu’il faut au contraire c’est voter avec son portefeuille en s’assurant pour la maladie ailleurs qu’à la Sécurité sociale et en bénéficiant ainsi de l’exonération de CSG.

Cette arme de libération massive aura très vite raison des projets fous et pourtant d’ores et déjà certains des technocrates qui nous gouvernent. Si les Français ne s’en servent pas, il ne leur restera plus qu’à prier pour qu’une intervention divine les préserve de ce terrible malheur. La méthode a marché avec Sainte-Geneviève au temps des Huns. Mais ceux-ci n’étaient que de doux enfants comparés aux Barbares de Bercy !

Claude Reichman



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