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18/7/08 | Alain Lambert |
Monsieur Sarkozy, je ne comprends plus
rien à votre action ! Je lis dans Le Figaro que vous redoutez que les collectivités locales soient la cause du retard pris par la France dans sa modernisation et le redressement de ses comptes publics. Respectueusement, je voudrais vous mettre en garde sur ce qui constitue,
selon moi, une vraie erreur de diagnostic. Sans doute, un entourage toujours
plus technocratique vous en a-t-il convaincu. Au surplus, votre expérience
d'élu d'Ile de France ne vous a pas aidé à mieux connaître la pratique de la
gestion locale provinciale. Les rapports dénonçant cette situation s'empilent et ne connaissent jamais la moindre suite. Le dernier que vous m'aviez commandé n'est sans doute jamais parvenu jusqu'à vous. Il est loin le temps où je pouvais vous parler des choses simples de la vie de la France et des Français. Désormais, il faut, pour ceux qui en acceptent l'humiliation, se prosterner d'abord devant une Cour infranchissable. Peu importe. L'essentiel est que vous reteniez de cette respectueuse adresse qu'il faut vite et bien ordonner le ménage complet dans votre maison : l'Etat ! C'est urgentissime. Lorsque le nécessaire aura été fait (mais il y a un immense travail), vous verrez immédiatement la croissance éclore sous vos yeux, sans dépenses fiscales inutiles. Tout simplement, les Français auront retrouvé leur liberté et leur envie d'entreprendre. Ils reprendront confiance enfin dans leur pays. S'agissant des collectivités locales, laissez-leur six mois pour organiser, elles-mêmes et librement entre elles la réorganisation de leur paysage, la suppression de leurs doublons, le désenchevêtrement de leurs compétences, leurs éventuelles fusions et la mutualisation systématique de leurs services. Le succès est certain. Je m'en porte garant ! Mais, de grâce, que le gouvernement ne s'en mêle pas. L'Elysée pas davantage ! Hélas, cette supplique ne vous parviendra sans doute jamais et la France continuera de boiter, claudiquant au milieu de tous les handicaps inutiles qu'elle se dresse à elle même, quelle que soit l'énergie que vous y consacrez et les instructions incessantes que vous donnez. Ne trouvez dans ces modestes propos aucune malveillance, ni nostalgie ou
frustration, mais le dernier souffle d'un ami sincère et désintéressé qui,
parfois bien seul, vous a soutenu, au début de votre carrière et au moment
où l'on vous voulait tant de mal. Simplement, je ne comprends plus rien à
l'action de l'homme que j'ai connu, aimé, soutenu, recommandé et dont je
souffrirais profondément qu'il échouât car ce serait un péril pour la
France.
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