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2/1/08 | Paul Pelletier |
Andrinople ou le début de la fin « L’histoire est un vaste système d’alerte préventive » disait Norman Cousins. Mais comme l’histoire n’est plus enseignée correctement dans les écoles, nous sommes exposés à une calamité que très peu d’Européens soupçonnent à ce jour. Dans une province reculée de l’empire d’Orient se déroula, le 9 août 378, la bataille d’Andrinople qui opposa les légions romaines, conduites en personne par l’empereur Valens, aux Wisigoths. Par orgueil, Valens ne voulut pas attendre l’arrivée de renforts que son neveu Valentinien, l’empereur d’Occident, lui avait promis. Il décida donc d’attaquer seul les Wisigoths. Au soir de la bataille, les légions semblaient l’emporter quand soudain, dévala la cavalerie des Ostrogoths dans la cuvette d’Andrinople. L’infanterie romaine céda et ce fut un sauve-qui-peut généralisé. Dans le massacre qui s’ensuivit, quarante mille légionnaires furent exterminés ! On décompta parmi les victimes trente-cinq généraux et l’empereur Valens. Cette défaite retentissante avertissait l’empire romain de sa décadence imminente. Cette défaite était la conséquence malheureuse de l’aide humanitaire prodiguée en l’an 376. Cette année là, des milliers de Goths, Wisigoths et Ostrogoths, implorèrent les Romains de les laisser entrer dans l’empire. Ils étaient terrorisés par les Huns qui brûlaient tout sur leur passage. Ces populations déshéritées campaient sur les berges du Danube dans des conditions d’hygiène déplorables. Des émissaires vinrent plaider leur cause auprès de Lupicinus qui commandait la Thrace. L’empereur Valens combattait en Syrie. En attendant son retour, Lupicinus, pris de compassion, distribua des vivres à ces malheureux. Mais par un effet de pompe aspirante bien connu, des milliers de barbares qui apprirent par le bouche à oreille que les Romains distribuaient de la nourriture se ruèrent à leur tour sur la rive gauche du Danube. La situation empira car la logistique des Romains n’était pas inépuisable (une vérité universelle que les Américains apprennent à leurs dépens en Iraq). Revenu d’Antioche, l’empereur Valens, mal conseillé, autorisa l’installation des Goths dans des camps humanitaires sur la rive droite du Danube. Puis, comme les Romains furent rapidement dépassés par l’ampleur des flux migratoires, les réfugiés sortirent des camps et commencèrent à se répandre en Thrace. Ils se déplaçaient en bandes et volaient pour se sustenter ; une activité naturelle pour ces nomades. Les hauts fonctionnaires avaient plaidé auprès de Valens que ces immigrés pouvaient devenir de bons citoyens romains. Tout le monde serait gagnant dans l’intégration : le trésor public par les recettes anticipées de ces nouveaux travailleurs, l’armée romaine par ces fraîches recrues qui montaient très bien à cheval et enfin les immigrés eux-mêmes. La défaite d’Andrinople aurait pu servir d’avertissement mais les Romains n’en tinrent pas compte. Ils se berçaient de l'illusion que leur civilisation était éternelle. Même s’ils ne faisaient pas trop confiance à leurs empereurs (Caligula et autres démons), ils se rassuraient en se disant que leurs institutions, leur système juridique, leur monnaie et leurs valeurs culturelles étaient supérieures à celles de ces peuples primitifs. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que ces immigrés finissent par se fondre dans le moule romain qui avait fonctionné si bien jusque là. Pour occuper le trône vacant à Constantinople, Rome envoya Théodose qui était un Espagnol. Théodose s’empressa de conclure un arrangement avec les Wisigoths. Il ne les chasserait pas de l’empire s’ils acceptaient d’être incorporés dans l’armée. L’empereur faisait le calcul que ces recrues feraient d’excellents soldats. Il avait l’intention de les envoyer combattre les Perses qui s’agitaient. Comme l’empereur d’Occident, Théodose commit, à son tour l’erreur de confier le commandement de légions à ces chefs barbares dont la valeur guerrière n’était pas à démontrer. C’était une expérience dangereuse. Quand d’autres tribus franchirent le Rhin au début du V siècle, des légions entières passèrent à l’ennemi. Puis la suite est connue avec le sac de Rome par les Vandales en l’an 455. L’Europe de 2008 est dans une situation comparable à celle de l’empire romain en l’an 378. Le sentimentalisme, la compassion des gauches européennes envers les immigrés clandestins qu’il faudrait toujours régulariser, la décadence des mœurs, le désir de jouissance poussé au paroxysme et incarné par le chef de la république française, la renonciation à nos valeurs pour ne pas offenser les nouveaux arrivants, la contrition permanente pour l’esclavage et un passé colonial révolu, l’arrivée de conseillers du prince et de ministres issus de l’immigration, la naïveté de croire à la supériorité du droit par rapport à la force, tout cela constitue le ferment d’une défaite assurée. Villiers-le-Bel en France, Ravenne en Italie, Utrecht aux Pays-Bas, les attentats de Londres et de Madrid sont autant de signes funestes et annonciateurs de la chute inéluctable de l’Europe. Du chaos qui en résultera, nul ne peut prédire qui sortira vainqueur. « Les places les plus chaudes en enfer sont réservées à ceux qui sont neutres lors d’une grave crise morale » disait Dante Alighieri. Paul Pelletier
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