www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

7/10/09 Jean-Michel Aphatie

Ils sont fous ces Anglais, ils veulent couper dans les dépenses publiques !

On lit de ces choses dans les journaux.

Le Figaro-économie, page 20. Un papier raconte le congrès du parti conservateur britannique. Dirigé par David Cameron, un jeune loup caricatural mais pas dénué de talent, ce parti est dans l’opposition depuis douze ans. Il se dit certain de remporter les élections générales qui se dérouleront chez nos voisins d’Outre-Manche, ce qui est mieux que d’outre-tombe, au plus tard en mai 2010. D’où tire-t-il cette certitude, l’effronté parti qui n’attend même pas que les urnes s’ouvrent ? D’un climat général qui fait dire aux travaillistes de Gordon Brown qu’ils vont se faire laminer, ce qui suggère effectivement que leurs adversaires conservateurs vont en profiter.

Pourquoi citer ce matin, ici et maintenant, ce salmigondis britannique ? Parce que, nous dit Le Figaro-économie page 20, les conservateurs britanniques qui sont certains de remporter les élections préviennent leurs électeurs que ça va chauffer. Vu le niveau des déficits, préviennent-ils, on va serrer la vis, couper dans les dépenses, tailler dans le vif. En bons français, on se dit in petto - c’est du latin - qu’un tel discours fera fuir les électeurs. Et on se trompe.

Car voyez-vous, nos voisins Grands-Bretons, qui nous ont quand même pas mal énervés durant les siècles précédents et qui continuent à nous enquiquiner sévère dès qu’ils en ont l’occasion, n’auront pas vraiment le choix vu que les travaillistes eux aussi concèdent que la dette est un problème et les déficits une calamité et que si jamais par extraordinaire et par bonheur les électeurs leur renouvelaient le bail, ils couperaient eux aussi dans les dépenses et tailleraient, eux aussi dans le vif, essentiellement pour préserver l’avenir et parce que ça ne sert à rien de fuir les problèmes. Au passage et par parenthèse, vous avez vu la phrase comme elle est longue ? Même Marcel les faisait plus courtes. Et encore, je me surveille...

Evidemment, vu de France, le débat travailliste-conservateur british, c’est de la daube. Et d’une, ce n’est pas chez nous que les déficits inquiéteraient qui que ce soit. A part Marianne, l’hebdomadaire que la Suisse nous envie, vous en connaissez vous des gens qui parlent des déficits, 140 milliards d’euros, et si on nous embête, on pourrait bien en faire un peu plus ? Et de deux, vous voyez des candidats à une élection importante sinon majeure se présenter devant les Français et leur dire que demain le nouveau pouvoir ne rasera pas gratis, qu’il ne changera pas la vie, qu’il ne résoudra pas la fracture sociale, qu’il ne travaillera pas plus pour gagner plus ? Mais peuchère et billevesées, un candidat comme ça chez nous, qui ne promettra pas de mettre la lune à la portée de toutes les bourses - je vais la faire breveter celle là - il est battu d’office ce candidat, même pas la peine qu’il fasse un tour de piste.

Quand on nous aura tout enlevé, il nous restera au moins cette satisfaction : celle que procure l’évidente supériorité du peuple français sur le peuple grand-breton dont sans doute la situation îlienne explique la dégénérescence. Comme disait je ne sais plus qui, vive la République, vive la France !

Jean-Michel Aphatie

 

Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme