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4/6/09 Jean-Michel Aphatie
Européennes : plusieurs grands candidats éliminés !

Ce soir, à 20h35, France 2 consacre son émission politique mensuelle, « A vous de juger », animée par Arlette Chabot, aux élections des députés européens. A trois jours du scrutin, ceci paraît légitime et normal.

Qui sera présent sur le plateau, pour débattre et informer les téléspectateurs des enjeux européens ? Des candidats, évidemment, répondrez-vous, parce que c’est l’évidence, et la normalité. Dans un débat électoral, ce sont les candidats qui débattent. Qui d’autre ? Ne négligez pas que nous sommes en France, pays du double discours politique, où rien n’est simple, et où tout est plus compliqué que vous le pensez.

Sur le plateau de France 2 ce soir, pour débattre des élections européennes, il y aura effectivement des candidats. En voici la liste : Olivier Besancenot (NPA) côtoiera Marine Le Pen (FN), Philippe de Villiers (Libertas), Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Daniel Cohn-Bendit (Europe écologie). Et c’est tout.

Car il se produit cette chose inouïe, extraordinaire, inimaginable, que les trois grands partis, c’est-à-dire ceux dont les représentants sont arrivés aux trois premières places lors de la dernière élection présidentielle en 2007, ces trois partis-là, UMP, PS, Modem, n’ont envoyé aucun candidat sur le plateau d’ « A vous de juger ». Ces trois partis-là seront représentés, bien sûr, mais pas par des candidats. Inouï et incompréhensible.

En effet, l’UMP, le PS et le Modem seront respectivement représentés dans ce débat par Xavier Bertrand, Martine Aubry et François Bayrou, tous trois non candidats à l’élection européenne. Ces trois-là sont chefs de partis, donc concernés par l’élection. Mais ils n’y sont pas eux même candidats. Leur légitimité, sur le plateau, sera donc pour le moins fragile, contestable, et sans doute sera-t-elle contestée par les autres participants.

Quelqu’un peut-il citer en exemple un précédent de cet ordre ? Pendant les campagnes législatives, régionales, municipales, pour ne rien dire de l’élection présidentielle, ce sont bien entendu les candidats qui sont invités à s’exprimer, car ce sont eux qui sollicitent les suffrages des citoyens, et eux qui les représenteront dans leurs fonctions électives. Pourquoi donc cette règle ne trouve-t-elle pas son application lors des élections européennes?

Davantage que tous les discours, cette situation ne dit-elle pas l’artifice que représente l’élection européenne pour les grands partis français ? On nous dit, la main sur le coeur, que rien n’est plus important que l’Europe, mais ceux qui viennent en parler n’y sont pas candidats. Et d’ailleurs, pourquoi les candidats eux mêmes acceptent-ils cette situation qui les rabaisse et les humilie ? La question vaut pour tous, à commencer pour les plus important: Michel Barnier (UMP), Harlem Désir ou Vincent Peillon (PS), Marielle de Sarnez (Modem). Je pense aussi à Jean-François Kahn, rebelle toute sa vie, entré en politique depuis peu pour le compte du Modem qu’il représente dans le Grand Est. Accepte-t-il cet artifice de la politique ? Ne trouve-t-il rien à y redire? Est-il déjà, et à ce point, entré dans le moule ?

Quand la politique n’est pas sincère, cela se voit. Et on le verra, ce soir, sur le plateau de France 2, à 20h35, dans le cadre de l’émission « A vous de juger ».

Jean-Michel Aphatie

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