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2/3/09 Jean-Michel Aphatie
    Rien ne semble pouvoir enrayer la descente
                             aux enfers

Voilà des mois que nous n’avons pas eu de bonnes nouvelles sur le front de la crise. Et celles qui nous parviennent ce matin sont toutes, hélas, mauvaises.

Sonné par les mauvais chiffres du chômage de janvier, le président de l’Unedic annonce qu’il va revoir à la hausse sa prévision pour 2009. On sentait même, en l’écoutant dimanche sur France Info, quelque chose qui ressemblait à de la déstabilisation dans sa voix. Incapable de cacher sa surprise devant la violence de la crise, il semblait surtout dire son incapacité à faire désormais une prévision sérieuse en la matière. Pas rassurant.

Au chapitre des révisions déchirantes, on trouve aussi le gouvernement. Le journal Les Echos annonce à la une qu’un collectif budgétaire sera présenté au conseil des ministres, mercredi. Repli du PIB de 1 % à 1,5 %, dit le journal, déficit public attendu 5,5 %. Ce n’est pas le pessimisme qui construit la pensée, mais vu la vitesse de la dégradation de l’activité économique, même ce chiffre de repli de 1,5 % ne paraît pas pertinent. Le choc semble infiniment plus rude que ne le dit cette prévision de baisse. La destruction d’emplois en est évidemment le signe le plus évident, le plus tangible, et le plus cruel.

Avez-vous noté, ces derniers jours, dans le journal Le Monde, cette comparaison entre les cotes de popularité de Nicolas Sarkozy en France et d’Angela Merkel en Allemagne ? A cause de la crise, le premier est impopulaire. Malgré la crise, la seconde demeure populaire. On pourra fourbir mille causes pour expliquer la différence. Ici, une seule.
S’il est difficile de saisir exactement la tonalité du débat politique d’un pays dans lequel on n’habite pas, et dont on ne partage pas la culture, il a pu apparaître toutefois, à la lecture des articles ou des reportages proposés au public français, que depuis le début de la crise, c’est-à-dire depuis la rentrée de septembre, les autorités politiques allemandes ont tenu un discours volontairement réaliste à leurs concitoyens. Depuis l’automne, le ministre des finances et la chancelière expliquent que la récession économique sera sévère tout au long de 2009, un propos assez éloigné de celui que tiennent les autorités françaises qui n’ont convenu d’une possible rétraction du PIB que depuis le début de l’année, et qui semblent toujours en retard d’une mauvaise nouvelle dans la description des difficultés que nous traversons.

Serait-il possible d’imaginer qu’un discours plus sincère ait construit là-bas une confiance que nous ne savons pas, ici, à force de volontarisme, fabriquer ? Il y a longtemps déjà que ce point m’obsède. Pourquoi, partout ailleurs en Europe, assistons-nous à la réélection des responsables politiques, ce qui ne s’est pas produit chez nous depuis 1978 ? D’où vient la crise de confiance permanente du système politique français ? Les courbes divergentes de popularité entre la chancelière allemande et le président français ne sont qu’une nouvelle illustration de ce phénomène ancien.

Poursuivons, hélas, dans les mauvaises nouvelles. Le sommet extraordinaire qui s’est réuni hier à Bruxelles a mis en lumière, d’une manière partiellement involontaire, la fragilité des économies des pays de l’Est. A plusieurs points de ce territoire, c’est la banqueroute qui menace. Il s’écrit, ici et là, que les banques italiennes, autrichiennes et allemandes sont substantiellement engagées dans ces pays là. Risque-t-on, par un effet de domino, de voir des établissements bancaires de la zone euro défaillir sous le coup d’une faillite des Etats? 

A cela, il faut ajouter les craintes que suscitent, à l’intérieur de l’Europe monétaire, les situations constatées en Irlande et en Grèce d’abord, en Espagne et en Italie ensuite, et même si nous n’en sommes qu’au début, en France. En clair, tout converge pour dessiner en Europe au sens large et dans l’Euroland au sens réduit, une crise monétaire qu’il n’est pas nécessaire de qualifier tant cet événement, quand il survient, est un cataclysme. Saurons-nous l’éviter? Espérons-le. Mais rien, pour l’instant, dans les informations qui nous parviennent, ne nous montre que l’action des gouvernants, l’attitude des grands acteurs de l’économie, soient susceptibles d’enrayer la descente aux enfers que nous vivons depuis quelques mois.

Jean-Michel Aphatie

 

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