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9/6/09 Jean-Michel Aphatie
  L'élection est passée, le reste est à venir, les beaux                          jours sont devant nous

L’élection européenne est derrière nous. Il faut attendre maintenant que les acteurs en tirent les conséquences.

La rumeur rapporte que Nicolas Sarkozy devrait le faire dans quelques jours. « Il prépare un gros coup », rapportent même certains articles du jour, citant des conseillers anonymes qui, si ça trouve, racontent n’importe quoi sous la commode couverture de l’anonymat. Un gros coup ? Quel gros coup ? Débauchage ? Embauchage ? Sans doute très insuffisant pour modifier en profondeur une situation économique, sociale, budgétaire, qui requiert des traitements de fond autrement plus complexes à élaborer et à appliquer que ne le sont quelques recettes de communication.

Le président de la République devra aussi trancher un autre problème, en apparence mineur, mais qui devrait renseigner sur la franchise avec laquelle les dirigeants politiques battent la campagne. Pas plus tard que tout à l’heure, c’est-à-dire il n’y a pas longtemps, José-Luis Barroso, président sortant de la Commission européenne sortante, c’est-à-dire l’exécutif de l’Union européenne, excusez du peu, José-Luis Barroso, donc, a dit officiellement qu’il repartirait bien pour un second mandat. Jusqu’ici, Nicolas Sarkozy a peu caché l’agacement que lui procurait le personnage, pas assez réactif à son goût, et trop libéral selon son jugement. Seulement, le jeu des diplomaties fait que le président français comme les autres dirigeant européens, devrait s’accorder sur le nom de José-Luis Barroso pour ce second mandat. Et alors les députés européens de l’UMP devraient dire si oui ou non ils donneront leurs voix, le moment venu, pour son renouvellement, question qu’ils ont tous soigneusement fuie durant tout la campagne.

De l’art d’obtenir un mandat aux contours flous, sans trop se mouiller, sinon en promesses vagues et générales, ce qui n’est pas fait pour réconcilier les citoyens avec l’action politique.

Des leçons, on en attend aussi à gauche. Avec la mesure que ce peuple et ses journalistes portent à la chose politique, Daniel Cohn-Bendit est devenu dans les journaux de ce matin un être supérieurement intelligent qui avait tout prévu et autour duquel désormais tout va s’organiser. Puisque des journaux le disent, c’est sans doute vrai. Très vite, donc, Europe Ecologie va clarifier sa ligne politique, adapter son discours européen généreux – « il faut créer 10 millions d’emplois verts en Europe », ben voyons, et pourquoi pas onze ? - aux réalités françaises, répondre aux multiples questions qui se posent à l’intérieur de nos frontières, sécurité, immigration, fiscalité, coût du travail, financement de la sécurité sociale, dégradation constante du commerce extérieur, et on en passe, inventer des structures partisanes capables de réguler la créativités des Verts, des pacifistes, d’Eva Joly, des altermondialistes, des végétariens et des autres, désigner une direction, et un chef, et le tout, pourquoi pas, avant le 14 juillet puisque après ce sont les vacances et qu’il faudra être en forme à la rentrée.

Parfois, la politique, c’est plus simple que simple. Nous aurons sans doute l’occasion d’en reparler dans quelques semaines.

En revanche, les socialistes, eux, ne se font pas d’illusions. Ils savent que leur chemin sera encore long. Ils sont lucides. Leur longue marche a commencé en 2002. Depuis, ils ont beaucoup cherché, beaucoup essayé, et au final, ils n’ont rien trouvé. Les dirigeants de ce parti qui fut grand se réunissent ce soir, à Paris, dans une formation qui leur est propre, appelée Conseil national. Qu’attendent-ils exactement de cette réunion, et plus spécifiquement de Martine Aubry, leur première secrétaire, qui demeurera en poste vu que personne ne veut la remplacer ? « Des propositions audacieuses », lit-on, « de l’audace », précise-t-on ailleurs, « de l’innovation », ajoute-t-on encore. Bien sûr c’est évident, il faut innover, inventer, bousculer, surprendre. Autrement dit, débrouille-toi Martine, et encore, je suis poli. C’est vous dire où en est rendu le parti socialiste.

Ses dirigeants ne savent plus quoi dire, et d’abord sur le fond. Faut-il que ce parti jadis de gouvernement rejoigne dans sa tonalité les Besancenot, Mélenchon, communistes, altermondialistes, José Bové, tiens, comme on les retrouve, tous prêts à acheter aux capitalistes la corde avec laquelle ils les pendront ? Ou bien les socialistes d’aujourd’hui doivent-ils se tourner vers le sauveur de Washington, incarnation de ce qu’ils n’aiment pas au fond d’eux-mêmes, mais en période de déboussolement total, Washington ou la planète Mars, tout est utile quand on se noie.
 

L'élection est passée. Le reste est à venir. Les beaux jours sont devant nous.

Jean-Michel Aphatie


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