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10/10/08 | Jean-Michel Aphatie |
L’Etat français ? Fauché, plumé, endetté, délabré ! Bon, ça ne s’arrange pas. New-York, Tokyo, et Paris qui devrait suivre: les Bourses poursuivent leur interminable descente. La crise financière, à la fois expression et préfiguration de la crise économique, prend les allures d’une catastrophe. Rien, pour l’instant, ne paraît être en mesure d’inverser la tendance. Jusqu’à présent, nous avons tout eu. Les appels au calme de Jean-Claude Trichet avant-hier, de Valéry Giscard d’Estaing, ce matin dans La Tribune, qui s’ajoutent à d’autres voix autorisées partout dans le monde, ne paraissent avoir aucun effet, ne rencontrer aucun écho. Les milliards d’euros, de livres ou de dollars mis sur les marchés, investis dans les banques, brandis comme des boucliers protecteurs des épargnants, n’impressionnent pas davantage les opérateurs de la finance. C’est à désespérer de trouver la solution. Heureusement, il y a Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale que le monde entier nous envie. Oui, je sais, telle qu’elle est écrite, la phrase ne dit pas précisément ce que le monde entier nous envie, le président ou l’Assemblée, mais c’est fait exprès. Que propose donc Bernard Accoyer ? D’abord, un grand emprunt national, un emprunt patriotique, susceptible de nous ressouder la France dans l’effort, de constituer un front face à l’épreuve. Personnellement, je me marre. L’Etat français est endetté au delà de l’imaginable. J’ai souvent lu, ici, ailleurs, que ceux qui s’alarmaient, s’inquiétaient, de l’endettement de l’Etat, était des thatchéro-blairiste, comme il y eu naguère des hitléro-trotskistes, mais en plus cons. Comprennent rien obtus, bornés, idéologues. Un Etat, c’est pas comme un ménage, et patati, et patata... Seulement, les dirigeants français comprennent bien que face à la crise, la big crise, il faudra mobiliser des milliards d’euros. Des secteurs entiers de l’économie vont se retrouver dans une situation très difficile. L’un des principaux opérateurs du bâtiment prévoit 180.000 pertes d’emplois l’année prochaine. Les régimes sociaux qui étaient déjà au rouge vont virer au rouge vif. Et l’on pourrait continuer la longue liste des problèmes qui nous attendent. Un Etat, c’est utile, indispensable quand vient la crise. Malheureusement, l’Etat français n’a pas de moyens, n’a plus de moyens, fauché, plumé. Trente ans de gestion scandaleuse l’ont ruiné, endetté, délabré. Cette réalité là, personne n’a voulu l’admettre. La course à l’endettement fut une folie. Nous la paierons très cher. C’est bien pour cela que Bernard Accoyer lance l’idée du grand emprunt patriotique. Le fonctionnement normal de la machine n’est plus envisageable. Creuser les déficits ? Mais ils sont déjà abyssaux. Les prêteurs, un jour, nous diront niet. Alors, le pouvoir convoite désormais le bas de laine. S’il pouvait, il le réquisitionnerait. Mais l’époque ne permet pas ce genre d’amusement. Alors, il va nous demander gentiment notre argent, contre une rémunération sans doute attractive, dont il devra emprunter le montant s’il veut la verser. Il y a des fois où on a vraiment envie de s’énerver. Comme il avait l’esprit malicieux, Bernard Accoyer, il a assorti son idée d’emprunt national en la complétant par une proposition d’amnistie fiscale. Voici ce qu’il dit, ce matin, au journal Les Echos : « Pourquoi ne pas réfléchir aussi à une amnistie fiscale pour nos compatriotes qui accepteraient de rapatrier leurs capitaux, sous condition bien sûr de souscrire à cet emprunt d’Etat ». Ecrire que l’on est choqué en lisant cela n’exprime que faiblement les sentiments que l’on ressent. J’ai toujours été partisan, moi, de déchoir de sa nationalité tout Français exilé ou évadé fiscal. Celui qui ne paye pas les impôts dans la communauté ne doit plus participer à ses choix. Alors le coup d’éponge s’il revient pour la bonne cause, non, non et non. Pour autant, l’épisode doit nous amener à réfléchir à notre système fiscal. Si des gens s’expatrient, c’est que ce système est mal vécu. A partir de là, deux choix politiques s’offrent à nous. Soit on interdit la constitution de patrimoines importants dans la société. Pour parler plus clairement, on interdit les riches. Un plafond est défini au delà duquel on prend tout. Soit on considère que des riches dans une société, il en faut, c’est utile, notamment pour prélever des impôts, et alors on adapte le système fiscal. C’est pour cette raison, je sais que j’aggrave mon cas, que j’ai toujours défendu l’idée du bouclier fiscal. Qu’un Etat dise enfin qu’il ne prendra pas plus d’un euro sur deux aux contribuables, c’est bien, c’est juste. Que l’Etat limite sa propre voracité, c’est plus que nécessaire. C’est en ce sens que le bouclier fiscal est une notion positive. j’aurais bien voulu, ce matin, que Martin Hirsch, invité de RTL, à 7h 50, le dise. Mais il a tourné autour du pot. Ce qui n’enlève rien à la qualité de cet homme, si différent dans l’esprit et la mentalité des responsables politiques traditionnels. Je stoppe là ma logorrhée. Je vous rappelle que l’émission « Les Infiltrés » est toujours programmée sur le service public de l’audiovisuel le mercredi 22 octobre, à 22h35. Je me souviens de la phrase qui me reste toujours en travers de la gorge du directeur de France Inter, la radio qui édite les livres des responsables politiques : « Les chaînes privées sont prêtes à faire n’importe quoi pour faire de l’audience. » Même si le bateau coule, nous n’aurons quand même pas perdu une occasion de nous marrer. Jean-Michel Aphatie
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