Deux journalistes du Figaro ont-ils fumé des pétards ?

Ce matin, le temps suspend son vol et l’Histoire retient son souffle. Pas mal comme attaque, non ? Manière de dire que je ne sais pas quoi vous raconter ce matin. Le monde entier, en station au bord du gouffre, attend que les parlementaires américains adoptent l’ignoble plan Paulson d’engraissement de Wall Street. Alors, nous attendons. Et en attendant, le président de la France, grand et beau pays, reçoit et consulte.

On apprend, par exemple, à la lecture du Figaro, page 2, que le président de Renault, Carlos Ghosn, se trouvait hier dans le bureau de Nicolas Sarkozy. Pour la suite, je cite le quotidien. Le pdg de Renault assure au président de la République « qu’il n’est pas question de fermer les sites français de Renault. Nicolas Sarkozy lui rappelle que le gouvernement envisage des exonérations de TVA et des aides pour les entreprises qui choisissent de ne pas délocaliser. »

Comment faut-il lire ces lignes? Les rédacteurs, ils sont deux, Charles Jaigu et Bruno Jeudy. Je connais le second et je me suis fait à l’idée depuis longtemps que tous les deux étaient de bons journalistes, donc soit les deux rédacteurs ont fumé des pétards avant d’écrire leur papier. Auquel cas, c’est n’importe quoi. Soit le gouvernement a vraiment les projets qu’ils décrivent et alors, nous sommes dans le magique, le merveilleux, l’extraordinaire.

Ainsi, l’Etat français dont « les caisses sont vides » pourrait s’amputer de recettes de TVA. Voilà qui ne va pas arranger notre déficit. Mieux même. Il pourrait distribuer des primes aux chefs d’entreprises qui décideraient de rester en France. Comment faut-il comprendre cela ? L’expression d’une menace, « retenez-moi ou je m’en vais », suffira-t-elle à déclencher une prime ? On aimerait en savoir plus, les garçons...

Au passage, tiens, hier le gouvernement a annoncé qu’il renflouerait la banque Dexia. Un milliard mis par l’Etat pour garder l’établissement à flots. Il sort d’où ce milliard ? Personne n’est capable, au gouvernement, de le dire avec précision. Pourquoi ? Parce que personne n’en sait rien. A part la politique, vous en connaissez, vous, des activités humaines aussi imprécises, floues, opaques ? Il doit en exister une ou deux, que nous ne nommerons pas ici.

Nous attendons donc les Américains, et pendant ce temps, la France, grand et beau pays, va se donner un nouveau président du Sénat. L’ancien président devrait, lui, conserver son logement de fonction, quelques mètres carrés dans Paris, jusqu’en 2014. C’est aux Amériques, pays sans culture, que l’on chasse les gens de leur domicile. En France, on les garde bien au chaud. De la différence entre la civilisation et la brutalité.
Peu de choses dans la presse sur le basculement du monde, évidemment consécutif à la crise financière. L’Histoire, qui retient son souffle, pourrait aussi nous le couper bientôt.

Jean-Michel Aphatie