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12/3/09 Jean-Michel Aphatie
   Otan, Total, Colonna : la France tourneboulée

D’abord l’OTAN. Lionel Jospin, ancien premier ministre, était l’invité de RTL, à 7h50, pour évoquer ce dossier. Il a dit son opposition à la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer le commandement de l’organisation militaire. Perte d’originalité sur la scène internationale, perte d’une forme de liberté dans le rapport avec nos alliés. A ces arguments, que Lionel Jospin a détaillés avec précision ce matin, Nicolas Sarkozy a opposé une forme d’évidence, hier, lors d’une allocution prononcée à l’Ecole militaire. « La France doit codiriger plutôt que subir », a-t-il dit. Il ajoute aussi que l’époque a changé, que la décision du général de Gaulle de quitter l’OTAN correspondait à une situation qui a disparu.

On peut débattre à perte de vue de ce sujet. Chaque argument vaut d’être entendu. Lequel retenir ? C’est affaire de sensibilité, de rapport à l’histoire, de conception du monde. A chacun son opinion. Ajoutons deux choses. D’abord, contrairement à l’apparence, il ne s’agit pas d’un débat mais d’une décision présidentielle. La France réintégrera, au mois d’avril, le commandement intégré de l’OTAN. Ensuite, il m’a paru cocasse, à quarante ans de distance, de rappeler à Lionel Jospin qu’en 1966 François Mitterrand et les socialistes étaient farouchement hostiles à la décision du général de Gaulle de quitter l’OTAN.

Maintenant, Total. Quelle émotion, hier. Un secrétaire d’Etat combatif, certes, mais bien esseulé dans le camp gouvernemental. Que pensent Christine Lagarde, François Fillon, Nicolas Sarkozy, de la décision du groupe pétrolier ? Et cette pensée, comment l’exprimeraient-ils ? En termes aussi vif que Laurent Wauquiez ? Et si l’indignation est telle, ne faut-il pas modifier les règles, les lois ? Pour l’instant, il faut bien le dire, Laurent Wauquiez apparaît un peu solitaire dans sa croisade. Autre motif d’étonnement ce matin : la presse écrite a totalement abandonné le sujet. Comment qualifier un scandale scandaleux qui n’a pas vingt-quatre heures de durée de vie ? Si vous savez la réponse, allez-y.

Personnellement, la fermeture de l’usine Continental à Clairvoix me paraît plus significative de nos problèmes et de certaines pratiques managériales. Les salariés vivent la fermeture comme une trahison, eux qui ont accepté des contraintes salariales depuis deux ans précisément pour sauver le site. Et puis il y avait les propos, diffusés hier dans les journaux télévisés, d’un responsable allemand de l’entreprise qui s’exprimait en anglais. Son propos était simple. Nous voulons rester compétitifs, assurait-il, donc nous fermons l’usine dont le coût de production est le plus élevé. S’il ment, c’est terrible. S’il dit vrai, c’est horrible.

Procès Colonna. L’accusé a quitté son procès. A tort, je crois. Il a dit sa conviction que quoi qu’il se passe à l’audience, la cour l’a déjà condamné. Je crois, hélas, qu’il a raison. La fameuse cour d’assises spéciale a refusé à Yvan Colonna une reconstitution de la scène du meurtre. Déjà, il est inouï de penser qu’aucune reconstitution sérieuse du crime n’a eu lieu. Drôle, drôle, de justice.

Cette reconstitution a été refusée par la cour pour une raison simple : elle aurait démontré qu’après des années d’enquête, la police est incapable de dire précisément comment le meurtre s’est produit. En clair, la reconstitution aurait fait exploser le dossier d’accusation car elle aurait pris en compte toutes les faiblesses de l’enquête manifestées durant l’audience. Donc, la cour ne prend pas de risques et semble manifester ainsi, hélas pour l’idée que l’on peut se faire de la justice en France, son désir de condamner malgré tout, en dépit de tout, fût-ce sans preuves et sans certitudes, Yvan Colonna à la prison à perpétuité pour un crime dont elle est incapable, au vu de l’audience, répétons-le, d’affirmer qui l’a commis.

Jamais il ne sera écrit ici qu’Yvan Colonna est innocent. Mais il sera dit et redit que si la justice de la République française condamne un être humain à passer le reste de ses jours en prison sans être certaine qu’il est coupable de l’acte qui lui est reproché, alors nous serons face à un scandale qu’il faudra bien dénoncer.

Verdict dans environ quinze jours.

Jean-Michel Aphatie


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