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3/4/09 | Jean-Michel Aphatie |
La réussite du G20 s’alimente au plus
noir des pessimismes. Première idée. Bravo le G20, merci Barack, merci Nicolas, merci Angela, merci Hu, merci à tous les autres, vous avez été super, le sommet de Londres fut un succès. Quel succès ? Par exemple, les mesures de régulation financière. Elles témoignent de la prise de conscience des excès du libéralisme, de la mort d’une certaine conception du libéralisme, donc de la capacité au moins théorique du libéralisme à se réformer, pour la réalité, il faudra juger sur pièce, et constater que le fait que les 20 plus grands pays de la planète s’accordent sur le diagnostic et les remèdes n’est pas une petite chose. C’en est même une grande et après tout, pour une fois, l’adjectif « historique » n’est pas forcément employé à mauvais escient. Cependant, deuxième idée, il faut en convenir, si un autre mode de fonctionnement du capitalisme peut servir à éviter la répétition des crises, du moins sous des formes identiques, il ne sert à rien pour régler la crise actuelle. Le G20 triomphateur a fait état de l’injection, d’ici à 2010, de 5000 milliards de dollars dans l’économie mondiale. Bravo. Mais ce chiffre magique n’est que le produit de la compilation des plans de relance et de soutien des économies déjà annoncés depuis l’automne dernier dans les 20 pays concernés. Autrement dit, la politique a cédé à son penchant, l’effet d’annonce. La seule vraie nouveauté du G20, ce sont les ces 1000 milliards d’euros qui seront mis à la disposition des institutions financières, principalement le Fonds monétaire international (FMI), dont le directeur général est un Français, Dominique cocorico Strauss-Kahn. Au passage, combien de milliers de milliards de dollars, euros, yuan, livres et j’en passe, ont-ils été débloqués depuis le début de cette crise ? Ou bien, pour poser la question autrement, avec quelle violence la crise oblige-t-elle les Etats à désorganiser toutes les règles financières, à creuser des déficits monstrueux et à constituer des montagnes de dettes vertigineuses ? Voilà deux ans que le monde s’enfonce dans la frénésie du crédit dont il ne sortira, au fond, que par la débâcle financière, sauf à penser que toutes les dettes seront un jour remboursées, ce qui serait une première dans l’histoire de l’humanité. Revenons donc au FMI. Voilà bien la vraie nouveauté du G20, la mesure la plus opérationnelle. Peut-on ranger l’augmentation de ses moyens au rang des bonnes nouvelles ? Franchement, ce serait paradoxal. Le FMI n’intervient que lorsqu’un Etat se trouve au bord de la cessation de paiement. Si l’on augmente ses moyens, ce qui est une bonne chose, c’est que l’on prévoit la multiplication des problèmes, et donc l’aggravation de la crise. Il faut, certes, saluer la capacité d’anticipation des 20 pays les plus riches de la planète. Cela ne doit pas conduire à évacuer le constat des difficultés à venir. En ce sens, ce G20, spectaculaire à beaucoup d’égards que nous percevons encore faiblement, l’installation tranquille de la puissance chinoise notamment, n’apporte aucune solution aux difficultés présentes, seulement des rustines. Il faut dès lors tempérer l’optimisme qui salue ce sommet réussi car sa réussite, justement, s’alimente au plus noir des pessimismes. Jean-Michel Aphatie |