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22/9/08 Jean-Michel Aphatie
                     Impuissance et impudence

La « Une » des Echos, ce matin. Le titre est éloquent: « Le déficit du budget de l’Etat va fortement se creuser cette année ». L’année dernière, il s’élevait à 38,4 milliards. A la fin de 2008, il devrait s’établir à 47 ou 48 milliards d’euros. La crise, responsable de moindres rentrées fiscales, peut expliquer, bien sûr, ce terrible constat. Mais ceci ne doit pas occulter l’incapacité de l’Etat aujourd’hui, donc du gouvernement, de maîtriser les dépenses publiques, et donc le niveau des déficits.

C’est bien là le principal problème. La puissance publique n’arrive pas à réguler son activité. En période de croissance comme en période de crise, elle s’est habituée à dépenser davantage d’argent qu’elle n’en a gagné. Cette facilité là, ou plutôt l’absence totale de courage des dirigeants depuis plus de trente ans, exactement depuis les premiers chocs pétroliers, aboutit à la constitution d’une dette très lourde, et donc à l’établissement d’une fiscalité pénalisante pour la compétitivité des entreprises, donc pour la production de richesse nationale.

Ce cercle vicieux nous étouffe, et l’impuissance du pouvoir pour le briser apparaît chaque jour plus évidente. Bientôt, nous devrons avouer à nos partenaires de l’euro que nos finances publiques ne seront pas équilibrées à l’horizon de 2012, manquant ainsi pour la troisième fois à nos engagements.

La fiabilité d’une monnaie repose pour beaucoup sur la confiance qu’elle suscite. Le risque est immense de voir, dans un terme qui peut-être court, le partenaire allemand et les opérateurs internationaux s’inquiéter pour la solidité de l’euro quand l’une des économies principales que cette monnaie est censée exprimer dérive ainsi, hors du contrôle du pouvoir politique.

Le Sénat est désormais renouvelé. Cette chambre demeure dominée par la droite alors même qu’elle est censée exprimer la réalité politique des communes et des départements français, lesquels sont largement contrôlés par la gauche. Parfois, il ne faut pas se fatiguer à expliquer l’inexplicable.

Christian Poncelet, président du Sénat, laisse la place. Son successeur sera désigné dans les prochains jours. Pour services rendus au Sénat davantage qu’à la patrie, Christian Poncelet va aménager dans un appartement de 200 m2 que la deuxième chambre a acheté tout exprès pour lui dans le 6° arrondissement de Paris. Selon les informations disponibles, l’ancien président du Sénat pourra occuper cet appartement « à vie », expression dont on aurait pu penser qu’elle n’avait pas cours dans la République française.

Que ceci soit répugnant et scandaleux peut apparaître comme une évidence. Le dénoncer ici est sans doute inutile. Il faut cependant le faire, et le faire avec l’espoir fou que le nouveau président du Sénat, revenu à la raison, demandera à son prédécesseur de renoncer à ce privilège que rien ne justifie.

Jean-Michel Aphatie
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