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14/10/08 Jean-Michel Aphatie
         Le plus dur est devant nous !

Ce matin encore les marchés financiers européens ouvrent à la hausse. Le plan européen de sauvegarde du secteur bancaire semble atteindre son but. Il s’agissait de recréer un minimum de confiance pour que le marché du crédit se débloque. Sans cela, les économies européennes courraient à leur perte.

On peut donc prendre une seconde pour pousser un soupir de soulagement. Mais une seconde seulement, car le plus dur est devant nous. L’économie vraie est entrée dans une phase de freinage intensif. En France et ailleurs en Europe, aux Etats-Unis, c’est une récession sévère qui s’annonce.

Pour l’affronter, les pays occidentaux n’ont, au fond, qu’une arme : celle de l’emprunt. Pour sa part, et pour ne pas parler des autres, le gouvernement français a déjà annoncé la couleur. Pas d’impôts supplémentaires, a-t-il dit, pour suppléer une baisse prévisible des recettes fiscales durant le second semestre 2008 et toute l’année 2009, pas question non plus de couper dans les dépenses publiques pour ne pas aggraver la récession. Il reste donc l’emprunt, pour financer la croissance des déficits.

Mieux même, le gouvernement envisage déjà d’autres dépenses publiques. Hier soir, sur le plateau de TF1, le premier ministre a évoqué de nouvelles mesures pour lutter contre la montée prévisible du chômage. Mesures coûteuses pour le budget de l’Etat, que seul l’emprunt pourra financer.

On connaît les effets de cette politique. La dette augmente, donc le service de la dette augmente. Le temps n’est plus très éloigné où les seuls intérêts des emprunts représenteront le premier poste budgétaire en France, 50 milliards d’euros uniquement destinés aux banquiers, un boulet, un gâchis.

En temps de crise, évidemment, cette politique a sa logique. Le malheur français est d’avoir emprunté en temps de croissance comme en temps de récession. La France vit à crédit depuis trente ans, ignorante des cycles économiques, follement dépensière parce que dénuée du moindre courage politique. Une attitude qui nous place dans une situation de fragilité extrême au milieu de la tempête.

Les objecteurs traditionnels écriront que la France ne fait pas pire que d’autres pays occidentaux dans ce domaine. Et c’est vrai. C’est bien cela qui signe d’ailleurs l’irrémédiable déclin du monde occidental dans le nouvel ordre planétaire que dessine déjà la crise actuelle.

Les dirigeants politiques évoquent avec pertinence une nécessaire recherche de coupables dans l’actuel fiasco financier. Mais qui donc, ici, a dilapidé les richesses de l’hexagone, appauvrit ces structures, mis en péril ses mécanismes de solidarité ?
Si nommer les coupables est possible dans le champ de la finance, faut-il aussi les nommer dans celui de la politique ? Est-ce utile ? Souhaitable ?

Les réponses importent peu. Nous savons tous que se poursuivra avec constance la course à l’abîme que nous avons entamée voilà trente ans, juste après le second choc pétrolier. Depuis cette période, nous surmontons nos douleurs et nos problèmes grâce à cette drogue que représente une vie à crédit. Combien de temps cela pourra-t-il durer encore ?

Jean-Michel Aphatie

 

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