Royal et Sarkozy font assaut de mauvaise foi !

Ah la mauvaise foi ! On sature ce matin.

Mieux valait être assis, hier soir, pour écouter Ségolène Royal sur TF1. Elle a expliqué que si le livre des deux journalistes, André et Rissouli, qui racontent les fraudes du parti socialiste lors du scrutin de désignation de la première secrétaire était vrai, c’était terrible, et s’il était faux, il faudrait porter plainte.

M’enfin ! Ségolène Royal n’a pas une opinion sur le vrai et le faux, le vraisemblable et le farfelu, au parti socialiste ? Qu’elle écoute donc ses propres amis, ou anciens amis, qui dès le soir de ce scrutin folklorique, le 21 novembre 2008, ont parlé de triche et de trucages. Qu’elle lise donc les écrits très détaillés à ce propos de son ami, un peu en voie d’éloignement lui aussi paraît-il - décidément quel vide - Jean-Pierre Mignard, avocat de métier, qui a recensé une multitude de cas de fraude lors de cette soirée. Qu’elle lise Malek Boutih, secrétaire national du PS, dans Le Parisien cette semaine, expliquant que la triche est dans la culture, sinon dans les gènes du parti socialiste d’aujourd’hui qui est l’héritier de la SFIO d’hier. La SFIO, les plus vieux s’en souviennent, que les spécialistes appelaient par dérision le parti des Bouches-du-Nord car les opérations de vote étaient toutes organisées, contrôlées et calibrées entre les différentes tendances par les fédérations lilloise et marseillaise !

Nous savons tous cela, même s’il y a tant de choses que nous savons pas, et Ségolène Royal ne peut pas l’ignorer. Alors l’entendre hier soir évoquer une éventuelle action en justice contre deux journalistes parce que leurs écrits évoquent une réalité, la triche au PS, qu’elle n’a jamais soupçonnée, ne pouvait que faire tomber à la renverse tout téléspectateur mal assis.

Et que dire de Nicolas Sarkozy ? Plusieurs témoins, tous députés UMP - dignes de foi ou pas ? - l’ont entendu dire que « tout le monde sait que les tests ADN ne servent à rien ». Extraordinaire ! Pourquoi avoir fait voter une loi ? Pourquoi avoir laissé le gouvernement en défendre la lettre, l’esprit et la réalité ? On reste sidéré de lire des choses pareilles. Et pas un député de l’UMP pour se révolter, pour dire sa colère, son dépit d’être ainsi ballotté au gré des humeurs et des courants opportunistes !

Une vie sans morale est une vie sans repères. Un discours public sans repères, avec des morceaux de mensonge dedans, de déni de la réalité, ne peut que fabriquer de la méfiance, de la distance et de la déception. Et une démocratie qui fabrique ce type de discours ne peut ni ne doit être donnée en exemple au monde entier.

Jean-Michel Aphatie